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[CRITIQUE] : The Assessment


Réalisatrice : Fleur Fortuné
Acteurs : Elizabeth Olsen, Alicia Vikander, Himesh Patel, Nicholas Pinnock,...
Budget : -
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h54min

Synopsis :
Dans un futur proche où la parentalité est strictement contrôlée, l'évaluation de sept jours qu’un couple doit passer pour obtenir le droit d'avoir un enfant se transforme en cauchemar psychologique, les poussant à remettre en question les fondements mêmes de leur société et ce que signifie vraiment être humain.




Il y a quelque chose d'ironique, où de tragique c'est selon, dans l'idée que les meilleurs films originaux du catalogue Prime Vidéo (qui se comptent sur les doigts d'une main méchamment amputée, on est d'accord) mériteraient justement de ne pas y figurer et d'atterrir dans nos salles obscures - comme outre-Atlantique, finalement.
Et dans cette rachitique liste, de laquelle on pouvait déjà ressortir le récent - Nickel Boys de RaMell Ross, on peut désormais y ajouter The Assessment (L'évaluation par chez nous), estampillé premier - et ambitieux - long-métrage de Fleur Fortuné, sorte de cousin pas si éloigné de The Pod Generation qui aurait laissé de côté toute idée de comédie romantique au placard, pour mieux emprunter un radicalisme inquiétant et glacial cher au cinéma d'Ulrich Seidl.

Comme le film de Sophie Barthes, il est une nouvelle fois question d'un futur dystopique (où l'on reste constamment enfermé dans une partie préservée des ravages d'hier et isolée du reste du monde) dans lequel un couple titre peine à avoir un enfant, à une époque où toute création d’une nouvelle vie est soumise à la surveillance et au contrôle de la technologie.
Mais ici, le contrôle sur le planning familial et la détermination de savoir si oui où non, l'on est prêt à devenir un père et une mère, se fait cela dit sensiblement plus sournois et dérangeant - et encore plus dans ses contours absurdes -, fruit d'un gouvernement autoritaire qui, faute de ressources suffisantes, soumet les futurs parents à une évaluation de leur relation comme de leur aptitude à élever une hypothétique progéniture.


Magnus Jønck / Photo courtesy of Magnolia Pictures


C'est là que réside toute l'inventivité comme la malice perverse au cœur de la vision de Fortuné : la dite « évaluation » de sept jours, subie par un couple de scientifique/biologiste et opérée par une mystérieuse et troublante jeune femme qui s'immisce littéralement dans leur existence, les observe continuellement tout en les poussant au maximum dans leur retranchement, tout en se faisant tout autant erratique et puérile qu'infantile et impénétrable...
Un pur cauchemar angoissé et angoissant où l'on doute continuellement des intentions derrière cette évaluation hors du commun (Une étude honnête où le but est justement, d'accepter d'évaluer leur compétences comme leur relation ? Un abus de pouvoir pervers visant à détruire purement et simplement leur relation ?),  tout autant que de la volonté même de vouloir élever une vie dans un monde psychologiquement glacial et désespéré.

Si l'on pourra un brin tiquer sur son dernier acte beaucoup trop explicatif pour son bien, difficile de ne pas se laisser séduire par ce cocktail de tension et d'humour gentiment tordu, d'où émerge un fantastique face-à-face Elizabeth Olsen/Alicia Vikander (dans la droite lignée de sa puissante partition pour Ex_Machina), qui reproduisent une sorte de relation mère-fille savoureusement déglinguée et nuancée.
L'une des séances les plus audacieuses du moment.


Jonathan Chevrier