[CRITIQUE] : Another End
Réalisateur : Piero Messina
Acteurs : Gael García Bernal, Renate Reinsve, Bérénice Bejo, Pal Aron, Olivia Williams,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Science-fiction.
Nationalité : Italien, Français, Britannique
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Après avoir survécu à l’accident qui a coûté la vie à l’amour de sa vie, Sal ne parvient pas à faire son deuil et ne vit plus que dans ses souvenirs. Sa soeur, Ebe, lui suggère de se tourner vers Another End, une nouvelle technologie qui promet d’atténuer la douleur de la séparation en ramenant brièvement à la vie la conscience de ceux qui sont morts. Sal retrouve ainsi l’âme de Zoé au travers d’une autre femme. Ce qui était brisé semble alors se reconstituer.
Neuf années (tout une vie, à une époque du septième art contemporain où pas une semaine ne se passe sans que plusieurs dizaines/vingtaines de films débarquent en salles et sur les plateformes VOD) après son premier effort, L'attente, Piero Messina se décide enfin à passer la seconde avec une nouvelle réalisation qui, sur le papier, pourrait presque se résumer (vulgairement, certes) à un remake inversé et funeste du monument Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, où la technologie - via l'intelligence artificielle - n'est pas usée ici pour détricoter les souvenirs d'une relation amoureuse mais bien pour reconnecter les fils de la mémoire d'une âme endeuillée, incapable de se remettre de la disparition de sa bien-aimée au point de ne pas avoir peur de commettre l'irréparable pour essayer la rejoindre.
Le tout avec quelques échos à quelques références dystopico-familières et une distribution aux petits oignons : Gael García Bernal, Renate Reinsve, Bérénice Bejo où encore Pal Aron et Olivia Williams.
Fable sentimentalo-mélancolique et science-fictionnelle où la narration est censée reconstruire l'état psychologique et émotionnelle totalement détruit de son personnage titre (un homme qui a survécu à l'accident auquel l'amour de sa vie n'a pas survécu, et qui vit dans le souvenir d'elle jusqu'à ce que sa sœur lui suggère de se tourner vers une nouvelle technologie qui promet d’atténuer la douleur de la séparation en ramenant brièvement à la vie la conscience de ceux qui sont morts... dans le corps d'une autre personne), Another End, qui joue pour le coup d'une manière assez troublante et inédite avec le concept de doppelgänger - ici mémoriel -, distille les effluves d'un imaginaire des plus convaincants (où le naturel de l'humanité et l'aspect tragique des relations, se voient supplanter par la perfection de l'artificiel et d'un substitut spirituel) avant de lentement mais sûrement perdre le fil comme la cohérence (notamment dans son expression du décalage identitaire entre le corps et l'esprit) d'une narration trop prompt aux digressions dans son exploration du deuil, au travers d'une figure qui refuse de manière presque irrationnelle, l'inéluctabilité de la mort, et confronté à ses propres limites éthiques et existentielles par le cadeau inespéré de sa sœur (qui ne sera que prolonger artificiellement sa souffrance).
S'il se perd un peu trop dans ses élans lacrymaux et verbeux jusqu'à un final prévisible et Shyamalan-esque du pauvre, voire qu'il laisse de côté quelques soudures pourtant fascinantes (le conflit de classe qui se niche derrière ceux qui peuvent se permettre d'user de la technologie pour s'offrir de nouveaux adieux, et ceux qui cèdent littéralement leur corps pour rendre cette douteuse expérience possible), Messina se fait cela dit bien plus inspiré autant dans sa mise en scène que dans sa direction d'acteurs, poussant sa jolie distribution à donner le meilleur d'elle-même - Bernal et Bejo en tête.
Maladroit donc, mais loin d'être inintéressant.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Gael García Bernal, Renate Reinsve, Bérénice Bejo, Pal Aron, Olivia Williams,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Science-fiction.
Nationalité : Italien, Français, Britannique
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Après avoir survécu à l’accident qui a coûté la vie à l’amour de sa vie, Sal ne parvient pas à faire son deuil et ne vit plus que dans ses souvenirs. Sa soeur, Ebe, lui suggère de se tourner vers Another End, une nouvelle technologie qui promet d’atténuer la douleur de la séparation en ramenant brièvement à la vie la conscience de ceux qui sont morts. Sal retrouve ainsi l’âme de Zoé au travers d’une autre femme. Ce qui était brisé semble alors se reconstituer.
Neuf années (tout une vie, à une époque du septième art contemporain où pas une semaine ne se passe sans que plusieurs dizaines/vingtaines de films débarquent en salles et sur les plateformes VOD) après son premier effort, L'attente, Piero Messina se décide enfin à passer la seconde avec une nouvelle réalisation qui, sur le papier, pourrait presque se résumer (vulgairement, certes) à un remake inversé et funeste du monument Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry, où la technologie - via l'intelligence artificielle - n'est pas usée ici pour détricoter les souvenirs d'une relation amoureuse mais bien pour reconnecter les fils de la mémoire d'une âme endeuillée, incapable de se remettre de la disparition de sa bien-aimée au point de ne pas avoir peur de commettre l'irréparable pour essayer la rejoindre.
Le tout avec quelques échos à quelques références dystopico-familières et une distribution aux petits oignons : Gael García Bernal, Renate Reinsve, Bérénice Bejo où encore Pal Aron et Olivia Williams.
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Copyright Damned Distribution |
Fable sentimentalo-mélancolique et science-fictionnelle où la narration est censée reconstruire l'état psychologique et émotionnelle totalement détruit de son personnage titre (un homme qui a survécu à l'accident auquel l'amour de sa vie n'a pas survécu, et qui vit dans le souvenir d'elle jusqu'à ce que sa sœur lui suggère de se tourner vers une nouvelle technologie qui promet d’atténuer la douleur de la séparation en ramenant brièvement à la vie la conscience de ceux qui sont morts... dans le corps d'une autre personne), Another End, qui joue pour le coup d'une manière assez troublante et inédite avec le concept de doppelgänger - ici mémoriel -, distille les effluves d'un imaginaire des plus convaincants (où le naturel de l'humanité et l'aspect tragique des relations, se voient supplanter par la perfection de l'artificiel et d'un substitut spirituel) avant de lentement mais sûrement perdre le fil comme la cohérence (notamment dans son expression du décalage identitaire entre le corps et l'esprit) d'une narration trop prompt aux digressions dans son exploration du deuil, au travers d'une figure qui refuse de manière presque irrationnelle, l'inéluctabilité de la mort, et confronté à ses propres limites éthiques et existentielles par le cadeau inespéré de sa sœur (qui ne sera que prolonger artificiellement sa souffrance).
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Copyright Damned Distribution |
S'il se perd un peu trop dans ses élans lacrymaux et verbeux jusqu'à un final prévisible et Shyamalan-esque du pauvre, voire qu'il laisse de côté quelques soudures pourtant fascinantes (le conflit de classe qui se niche derrière ceux qui peuvent se permettre d'user de la technologie pour s'offrir de nouveaux adieux, et ceux qui cèdent littéralement leur corps pour rendre cette douteuse expérience possible), Messina se fait cela dit bien plus inspiré autant dans sa mise en scène que dans sa direction d'acteurs, poussant sa jolie distribution à donner le meilleur d'elle-même - Bernal et Bejo en tête.
Maladroit donc, mais loin d'être inintéressant.
Jonathan Chevrier