[FUCKING SERIES] : Black Mirror saison 7 : Retour gagnant ?
Se renouveler constamment dans le domaine de la télévision n’est plus une demande mais une exigence tant le paysage des séries continue d’exploser, notamment avec la place toujours plus grande prise par les plateformes au quotidien. Le traitement d’un programme comme Black Mirror s’avérerait alors intéressant à étudier plus longuement tant son aspect novateur par sa critique technologique a fini par conduire à une parodie d’elle-même, notamment dans ses dernières saisons inégales avec certains choix aussi surprenants que ratés, comme cette réorientation vers le fantastique qui a fait grincer des dents. L’attente pour cette nouvelle saison n’était donc pas optimale, bien que la curiosité des propositions parvienne à susciter un certain intérêt. Miracle : la saison 7 de Black Mirror n’est pas seulement correcte, elle est même très bonne.
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Le point fort de ces nouveaux épisodes est leur variété, aussi stylistique que thématique, tout en restant dans l’ADN de Black Mirror. Common People revient vers la cruauté sèche des épisodes originaux par ses dilemmes économiques quand un Plaything s’avère tout bonnement ludique en se raccrochant rapidement à un ancien épisode tout en trouvant sa personnalité dans son déroulé. Bête Noire joue brillamment d’une dépossession de capacités et de statut avec un ton acéré jusqu’à une conclusion surprenamment drôle là où un Hotel rêverie, une fois plongé entièrement dans son parti pris narratif, se révèle étonnamment touchant (bien porté par son duo d’actrices principales, notamment lors d’un long moment sans dialogues). Et si USS Callister : Into Infinity prolonge plus ou moins bien son prédécesseur avec un certain amusement, c’est bien Eulogy qui nous fait dire que l’on est face à une très grande saison, emporté par un Paul Giamatti bouleversant dans son questionnement d’un deuil par l’image et du rapport au souvenir, trouvant ici un cœur qui meurtrit tout bonnement par son aspect terre à terre et bouleversant.
On a essayé ici de couvrir de manière large ces six épisodes pour éviter de se faire taper sur d’éventuels spoilers mais on peut néanmoins affirmer que chacun réussit à retrouver cette variété visuelle et narrative qui faisait le sel des épisodes originaux, tout en interrogeant son côté technologique sans tomber dans le boomerisant (quelque chose qu’on pouvait finir par reprocher). Ici, l’idée de l’outil dans sa possibilité de destruction ou de reconstruction parvient à faire développer des réflexions intéressantes en esquivant le jugement simpliste, même dans sa satire toujours bien présente. Dans une période où l’on brûle des arbres pour faire des meme en version « Ghibli » et où certaines personnes préfèrent se reposer sur l’intelligence artificielle plutôt que de faire leurs propres recherches, la pertinence de pareille saison s’avère forte, tout en évitant des pièges rétrogrades dans ses pistes.
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Aussi riche que variée, cette nouvelle saison de Black Mirror est au niveau de ses débuts tonitruants, bien aidée par des épisodes intelligents, cruels, drôles et touchants. Si l’on sait que certains seront préférés à d’autres, retrouver un semblant d’homogénéité qualitative dans cette série fait beaucoup de bien au vu de ses écarts d’avant. Est-ce que ce sont les critiques faites sur ses dernières salves ou l’actualité technologique qui a redonné du poil de la bête aux showrunners ? On ne préférera pas spéculer mais cela procure un plaisir fou de retrouver une telle écriture sachant comment mettre en avant ses doutes, aussi bien mécaniques que profondément humains…
Liam Debruel
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