[CRITIQUE] : Saturday Night


Réalisateur : Jason Reitman
Acteurs : Gabriel LaBelle, Rachel Sennott, Cooper Hoffman, Ella Hunt, Dylan O'Brien, Lamorne Morris, Kim Matula, Emily Fairn, Cory Michael Smith, Matt Wood, Nicholas Braun, Tommy Dewey,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min

Synopsis :
Les coulisses de la soirée d'ouverture de l'émission Saturday Night Live en 1975.




Le cinéma de Jason Reitman, plus encore que celui de feu son père Ivan, a toujours été emprunt d'une puissante et infaillible nostalgie, que ce soit celle du cinéaste lui-même qu'il grave dans le marbre de la pellicule, ou sa propension plutot à titiller celle de son auditoire.

Mais force est d'admettre que son cinéma n'a justement jamais été aussi profondément nostalgique qu'avec Saturday Night, regard à la fois sérieux, discret et mélancolique retraçant la naissance d'un monument cinquantenaire de la télévision US, tellement populaire qu'il squatte encore les écrans tous les samedis soirs - en live où à coups de rediffusions -, le Saturday Night Live aka SNL pour les intimes.

Copyright Sony Pictures

Une auscultation conçu moins dans un souci de s'inscrire dans son héritage (ce que son père a perpétré, plus ou moins directement, avec ses films peuples des figures phares du show), que de scruter les prémisses - quitte à frôler l'hagiographie facile - qui ont précédés son explosion (littéralement les quatre-vingt-dix minutes chaotiques précédant l'enregistrement de la première émission), entre doutes, audace et peur de l'épiphénomène éphémère, au plus près de ses héros comme de ses fantômes magnifiques (John Belushi, Ella Hunt,...).

L'appproche pourrait paraître futile sur le papier - et encore plus pour un public non-américain - voire gentiment manipulatrice (comme, en partie, sur sa résurrection de la saga S.O.S. Fantômes, nourrie par le fantôme de son propre père), mais il y a une sincérité criante qui se dégage de ce culte cinématographique qui fourmille de figures et de sous-intrigues qui bouillonnent dans le même mouvement; dans cet amour qu'à Reitman pour ses futures icônes et leur impact sur l'humour américain, qu'il mythifie sans réserve à travers une discussion ingénieuse et respectueuse - mettre en lumière l'ancienne génération en donnant la parole à la nouvelle.

Comédie dramatique dans l'ombre de Broadcast News où même du pape Aaron Sorkin (même si on est dans une version résolument moins austère de sa géniale Studio 60 at the Sunset Strip), à la fois drôle, sous tension et à fleur de peau, bâtie sur une narration foisonnante et en temps réel, Saturday Night nous donne un aperçu de l'instant T sans se perdre dans une fresque condensée et pompeuse de toute la mythologie SNL (quitte à ne pas approfondir toute sa belle galerie de personnages, excepté Lorne Michaels), profitant de la petite touche de folie apportée par chacun des interprètes (mention à Cory Michael Smith, qui donne du corps à l'arrogance irritante de Chevy Chase, où à Gabriel LaBelle donne autant d'ego que de bienveillance à son Lorne Michaels), pour embrasser les courbes d'un divertissement gentiment brut et décalé.

Copyright Sony Pictures

On lui pardonnerait presque ses quelques esquives/raccourcis dommageables où sa volonté d'arrondir les angles, comme sa manière d'inventer/arranger quelques faits (notamment taire les réels problèmes autour du traitement et de l'écriture pour Garrett Morris, seule personnalité afro-américaine du programme), où encore celle de totalement gommer Dick Ebersol de la création du show, puisque pensés pour offrir un regard optimiste et festive de cette nuit de folie.

L'ivresse n'est donc pas totale, mais on a un sacré sourire aux lèvres.


Jonathan Chevrier




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