[CRITIQUE] : Blue Sun Palace
Réalisatrice : Constance Tsang
Actrice : Wu Ke-Xi, Lee Kang-sheng, Haipeng Xu, Min Han Hsieh,...
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min
Synopsis :
A New-York, un salon de massage chinois sert de refuge à Didi, Amy et leurs amies. Loin de leur pays d'origine, elles forment une vraie famille. Quand Didi disparaît, Cheung, son amant, tente de trouver avec Amy l'espoir d'une nouvelle vie...
Bien qu'il est difficile d'inscrire encore cela comme une mouvance au sein d'un cinéma ricain qui n'en lance plus tant sue cela, plusieurs œuvres contemporaines traitent avec pertinence des thématiques de la culture et de l'identité américano-asiatiques sous différents prismes, allant de la comédie familiale poignante (L'Adieu (The Farewell) de Lulu Wang) à la romance douloureuse (Past Lives - Nos vies d'avant de Lee Isaac Chung) et passant par le drame social sous fond d'intégration (Minari de Celine Song).
Et c'est sensiblement dans leurs jolies ombres que s'inscrit Blue Sun Palace, estampillé premier long-métrage de la wannabe cinéaste Constance Tsang - également derrière le scénario -, mélodrame bouleversant façon chronique socio-réaliste délicate et hypnotique, flanquée au cœur de la communauté chinoise du Queens et au plus près d'âmes en quête de liens humains, errant entre les flots contraires de l'amour, de la douleur du déracinement et de l'exil, mais aussi et surtout du deuil.
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Copyright Nour films |
Avançant avec une patience d'ange (une maniere de rappeler, et pas uniquement avec la présence à la distribution de Lee Kang-sheng, le cinéma de Tsai Ming-Liang), la narration s'attache à trois immigrants chinois et taïwanais qui travaillent et vivent à Flushing : d'un côté Didi et Amy, à l'amitié sororale, qui travaillent dans un salon de massage (un lieu à la fois communautaire et emprunt d'un isolement profond) et dont le quotidien consiste principalement à être sous-payées tout autant qu'à gérer des clients pervers; et de l'autre Cheung, un homme marié dont la femme est restée à Taïwan, et qui noue une délicate histoire d'amour avec Didi, avant que la grande faucheuse n'emporte cette dernière.
Une mort qui va réunir Amy et Cheung dans le chagrin, et l'affection grandissante qui les unit n'aura d'égale que la culpabilité que de tels sentiments engendre : si lui tente de trouver du réconfort et d'apaiser sa solitude en recréant littéralement la relation naissante qu'il entretenait avec Didi, elle perd pied et n'aspire qu'à s'émanciper en se lançant sur la voie cathartique de la rédemption et de l'estime d'elle-même.
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Copyright Nour films |
Avec sensibilité et grâce, Tsang invite le spectateur au plus près de leur monde brisé, illumine leur vie en marge à travers la photographie mélancolique de Norm Li, et laisse même sa caméra se balader nonchalamment et avec empathie (une nouvelle fois, ses plans-séquences comme sa manière de s'intéresser tout autant aux personnages qu'aux cadres qu'ils habitent, nous ramènent à l'œuvre de Ming-Liang).
En résulte une formidable tranche de vie sublimée par son trio d'interprétations justes et poignantes, une méditation émouvante et passionnée sur le deuil perçu comme une cicatrice qui n'est pas forcément faites pour guérir.
Jonathan Chevrier