[CRITIQUE] : La Chute du Ciel

Réalisatrice•eur : Eryk Rocha et Gabriela Carneiro Da Cunha
Acteurs : -
Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
Genre : Documentaire.
Nationalité : Brésilien, Italien, Français.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Les Yanomami, tribu indigène de l'Amazonie brésilienne, mènent une lutte acharnée pour préserver leur territoire et leur mode de vie ancestral face à la menace du "peuple de la marchandise". À travers le discours puissant de Davi Kopenawa, chaman et porte-parole de sa communauté, le film offre une immersion profonde dans leur cosmologie et se fait l’écho d’un appel urgent à la sauvegarde de la forêt et à la redéfinition de notre rapport à la nature.

Critique :

Immersion vivante au sein de la communauté des Yanomami façon cri de ralliement sincère qui laisse entrevoir l'idée d'un équilibre que l'humanité ne veut pas voir,#LaChuteDuCiel se fait une belle œuvre militante qui exige avec force que le spectateur incarne enfin un acteur actif pic.twitter.com/BecnfryFn1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 7, 2025

On ne compte plus les documentaires - voire même, moins frontalement, les œuvres de fiction - à désespérément tenter d'alerter autant qu'à dénoncer la déforestation croissante de la forêt amazonienne, considérée comme les poumons d'une planète Terre qui, justement, ne respire plus et à dépasser le stade de l'agonie, frappée aveuglément par les intérêts miniers, agricoles et économiques d'une humanité qui n'écoute qu'au pied du mur.

Pas les premiers et, on l'espère, pas les derniers non plus, les cinéastes Eryk Rocha et Gabriela Carneiro Da Cunha abordent le sujet d'une manière un poil plus originale que la moyenne, en s'attachant au peuple indigène des Yanomami, qui tente de survivre face aux pillages, aux épidémies et même à la folie destructrice de l'homme, comme de conserver une majeure partie de sa culture traditionnelle, face à une présence extérieure de plus en plus menaçante et envahissante.

Pas totalement - mais quand-même - dans une optique anthropologique, les deux cinéastes évitent savamment les écueils faciles (celui, évident, de la fable où pamphlet écologico-politique) en croquant autant une immersion vivante au cœur de la communauté, de son quotidien comme de ses rituels (avec une mise en images du reahu, un rituel visant à honorer le décès d'un chaman et où toute trace du défunt doit être incinérée), qu'une œuvre à l'écoute et urgente sensibilisant le message viscéralement humain d'une culture dont le sort est intimement lié à la santé de l'Amazonie - leur monde est en ruine, et qu'ils sont sans défense pour inverser cette tendance

Observation réfléchie, sensible et minimaliste, véritable cri de ralliement qui laisse entrevoir l'idée d'un équilibre que la quasi-intégralité de l'humanité a décidé de ne pas voir (où abandonné), La Chute du ciel se fait une belle œuvre militante qui exige avec force que le spectateur devienne enfin un allié actif et non passif d'une lutte qui, chaque jour, devient de plus en plus insurmontable.

Jonathan Chevrier