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[CRITIQUE] : Captain America : Brave New World


Réalisateur : Julius Onah
Acteurs : Anthony Mackie, Harrison Ford, Danny Ramirez, Tim Blake Nelson, Shira Haas, Giancarlo Esposito,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Peu après avoir fait la connaissance du nouveau président des Etats-Unis Thaddeus Ross, Sam Wilson se retrouve plongé au coeur d'un gigantesque incident international. Dans une lutte acharnée contre la montre, il se retrouve contraint de découvrir la raison de cet infâme complot avant que le véritable cerveau de l’opération ne mette bientôt le monde entier à feu et à sang...




Critique :



La question est à la fois candide et pourtant pleine de sens, encore plus à une époque de " grand remplacement " où tout est rushé pour mener au diptyque Avengers : Doomsday/Secret Wars, attendu comme le messie qui réconciliera tout le monde (comprendre : qui stoppera  l'hémorragie passé une pluie de fours au box-office) : que fallait-il attendre d'un film du MCU, et qui plus est une catastrophe annoncée telle que Captain America : Brave New World, dans un univers partagé où le personnage de Sam Wilson n'a jamais véritablement su trouver sa place, même avec une mise en avant aussi exagérée que profondément désespérée ?

Ne jouant pas la carte de la mauvaise foi, rien n'est pas totalement une réponse sincère - même si elle se rapproche le plus d'un semblant d'honnêteté et de décence que le blockbuster moyen américain, ne cherche même plus à atteindre.

Copyright 2024 MARVEL.

Fruit d'une production bordélique as hell, remonté comme ce n'est pas permis, au point d'avoir fait grimper la facture à un chiffre sensiblement astronomique, même pour un studio aux grandes oreilles au chéquier facile (on parle, au minimum, de 350 millions de dollars, sans compter sa campagne promotionnelle maousse costaud), chapeauté par un cinéaste/yes man au CV cataclysmique (The Cloverfield Paradox, les vrais savent), le premier véritable film du MCU depuis l'échec au box-office de The Marvels, qui fait suite à la série buddy moviesque The Falcon and The Winter Soldier, dont on ne retient que quelques pistes trop peu brossées (notamment la question raciale au cœur d'une Amérique - et un monde - peinant à se remettre du " snap " de Thanos, mais aussi de l'impérialisme du pays de l'oncle Sam); Brave New World avait pour but de jouer les opus funambules a plus d'un niveau.

Corriger tout d'abord quelques plot holes du passé (coucou les mal-aimés L'incroyable Hulk et Les Éternels), tout en s'inscrivant dans la continuité du show cité plus haut (peut-être le plus désordonné, mais aussi le plus ambitieux scénaristiquement, de tout le MCU) avant d'aussi et surtout baliser, un poil, le terrain pour le grand feu d'artifices final de la Phase 6; le tout dans un contexte de conflit géopolitique encore plus affirmé (et la question de l’adamantium au cœur des débats), avec le retour du Leader, du Celestial que personne ne semblait avoir vu depuis toujours, et l'arrivée tonitruante d'un Red Hulk qui a porté toute la promo du film.

Et comme souvent avec les productions estampillées Marvel Studios qui tentent de courir plusieurs lièvres à la fois, le film trébuche plus que de raison dans sa volonté de s'inscrire dans l'ombre tutélaire du solide Captain America et le soldat de l'hiver, lui qui survole la moindre de ses pistes censées faire vivre son propos socio-géo-politique pour errer dans une sorte de non-zone de conflits apolitique où tout n'est que façade (comme ce Celeste, simple élément de décor pour une séquence d'action...), superficialité et frustration - un thriller politique terre-à-terre sur un super-héros instrumentalisé, qui n'a strictement rien d'un thriller politique.
Et il en va de même pour ses personnages, d'une Ruth Bat-Seraph réduite à peau de chagrin en passant par un Sam Wilson dont l'évolution post-Endgame se résume encore et toujours à une éternelle comparaison écrasante avec Steve Rogers - ne parlons même pas du Leader, dont l'apparence est des plus risibles.

Copyright 2024 MARVEL.

Même l'action en elle-même, certes définitivement plus enlevée que pour les précédents films de la firme (on reste quand-même loin, très loin de la fluidité et de l'inventivité d'un Shang-Chi), ne vole jamais plus haut que le territoire du strict minimum (l'affrontement final avec Red Hulk, pourtant sensiblement teasé, est tout aussi oubliable que les autres), symptomatique d'un film qui ne veut absolument pas passer la seconde, se contente de faire du surplace en tentant de renflouer les caisses sur le dos de spectateurs qui commencent à un peu trop connaître cette petite chanson puante.

Ce serait exagéré de dire que Brave New World n'a rien à raconter (quoique), mais c'est définitivement le manque d'audace de toute une firme, littéralement aux abois créativement parlant (d'où son immense rétro-pédalage avec les Russo, RDJ,...), qui éclabousse à nouveau à l'écran.
S'il ne fallait pas demander grand chose à un film secondaire à la production compliquée, tout reste encore à reconstruire pour Marvel et ce n'est pas la prévisibilité de sa révélation finale (s'appuyer sur les Avengers pour mieux repartir), qui se fera un message des plus rassurant pour lui.


Jonathan Chevrier