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[CRITIQUE] : Bridget Jones : Folle de lui


Réalisateur : Michael Morris
Acteurs : Renee Zellweger, Chiwetel Ejiofor, Leo Woodall, Emma Thompson, Hugh Grant, Colin Firth,...
Distributeur : StudioCanal
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Britannique.
Durée : 2h04min

Synopsis :
Bridget Jones a cinquante-deux ans et deux enfants. Après le décès de Mark Darcy, avec qui elle a vécu dix ans de bonheur, elle est à nouveau en quête de l'homme idéal. Mais ce n'est pas si facile de se remettre sur le marché du célibat. Les mésaventures de Bridget n'ont rien perdu de leur piquant !




Critique :



Qu'on se le dise, Bridget Jones est de ses personnages attachiantes (pas de faute, tu as bien lu) et savamment contradictoires que l'on pourrait suivre quasiment n'importe où, même au coeur d'expériences cinématographiques profondément dispensables, ne serait-ce que par pur plaisir de la retrouver et ce, même si elle semble toujours autant enfermé sans sa " petite " crise paradoxalo-existentielle, le popotin coincé entre un idéalisme romantique rose bonbon (Orgueil et Préjugés oblige), et une conscience un peu trop crue de la dure réalité.

Une bonne copine en somme, candide, maladroite et adorablement absurde, jadis véritable symbole de la trentenaire célibataire de la culture " Cosmo " (à ceci près qu'elle fume comme une locomotive), dont l'attachement s'est encore plus renforcé lorsqu'elle a quitté son pendant littéraire, pour s'offrir une jolie existence sur grand écran, dans la peau de la - géniale même si pas très anglaise - Renee Zellweger.

Copyright StudioCanal

Enfin, par jolie, on entend évidemment sa brillante première aventure et sa sympathique suite, et non l'inutile déclinaison (non inspirée par les lignes d'Helen Fielding, ceci explique clairement une grosse partie du désastre) purement mercantile qu'incarne le troisième film, Bridget Jones's Baby, venue stupidement bousculer l'union Bridget/Darcy avec l'arrivée d'un Dr. Mamour sauvage et totalement indésiré, mais aussi et surtout d'une grossesse indésirée - la faute à des capotes écolos périmées.
Une trajectoire cinématographique tout en flamboyance et en trébuchements, à l'image même de l'inconstance sentimentale de son héroïne, et qui nous faisait redouter le pire quand à un hypothétique quatrième film, même si elle s'est toujours sorti de tout avec brio (même des pires humiliations professionnelles comme intimes).

Adaptation d'un troisième roman profondément décevant, Bridget Jones : Folle de lui catapulte notre héroïne incroyablement pleine d’espoir face au pire des drames : encaisser la mort de son mari, Mark Darcy (un Colin Firth toujours présent, et qui donne une touche d'émotion encore plus dévastatrice), disparu lors d'une mission humanitaire au Soudan, et assumer à la fois son rôle de mère de deux enfants comme son statut de célibataire, alors qu'elle est désormais fraîchement dans la cinquantaine.
Pas un petit programme donc, même si sa bande annonce laissait penser que notre chère Bridget ne se laissait pas tant aller que cela, en allant jouer les cougars auprès d'un petit jeune d'une vingtaine d'années.

Monumentale erreur car si le penchant comique de la franchise est toujours aussi affirmée, c'est bel et bien le versant dramatique qui emporte tout le film, faisant voguer Bridget dans les eaux agitées du veuvage et de la prise de conscience difficile de ses échecs comme de tout ce qu'elle a pu perdre - exactement tout ce qu'une comédie romantique fuit habituellement comme la peste.
Dans une mélancolie dechirante, tout n'est question ici pour elle que de renouer avec un équilibre que la vie lui a volé, ce qui implique d'aller de l'avant et donc de (re)trouver l'amour, dans une époque où elle maîtrise encore moins les codes qu'auparavant (évidemment le volet le plus conventionnel de ce quatrième opus, un énième retour à la case départ qui plus est parasité par quelques sous-intrigues dispensables).

Copyright StudioCanal

Mais elle n'a plus la même pression face aux conventions, face aux incessantes relances familiales : elle a connu l'amour de sa vie, elle sait qu'elle doit vivre sans lui mais elle sait avant tout et surtout ce qu'elle veut, et s'assume/s'accepte telle qu'elle est réellement.
Le « All by myself » n'a jamais paru aussi vrai et viscéral, mais il est embrassé cette fois avec ce qu'il faut de nostalgie plus où moins bien digérée (le retour de Hugh Grant est, en ce sens, aussi fugace que réussi), et de modernité subtilement assumée, pour faire de cette dernière (?) aventure un petit bonheur sur qui nous n'aurions pas forcément misé quelque chose en entrant en salles.

Alors tant pis si la mise en scène manque d'éclats où encore que l'écriture Curtisienne n'a de Richard Curtis que les intentions, cet au-revoir à une héroïne qui nous est chère, pleinement lancée sur la voie de la maturité (mais qui n'a rien perdu de sa maladresse légendaire), n'a pas besoin d'être parfait pour nous charmer : il avait juste besoin d'être sincère.


Jonathan Chevrier