[CRITIQUE] : Ernest Cole, photographe
Réalisateur : Raoul Peck
Acteurs : Raoul Peck et LaKeith Stanfield.
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Ernest Cole, photographe sud-africain, a été le premier à exposer au monde entier les horreurs de l'apartheid. Son livre House of Bondage, publié en 1967 alors qu'il n'avait que 27 ans, l’a conduit à s'exiler à New York et en Europe pour le reste de sa vie, sans jamais retrouver ses repères. Raoul Peck raconte ses errances, ses tourments d’artiste et sa colère au quotidien, face au silence ou la complicité du monde occidental devant les horreurs du régime de l’Apartheid. Il raconte aussi comment, en 2017, 60 000 négatifs de son travail sont découverts dans le coffre d'une banque suédoise.
Critique :
" Recording the truth at whatever cost is one thing but finding one having to live a lifetime of being a chronicler of misery and injustice and callousness is another. "
Tout est là, niché dans cette phrase furieusement évocatrice du photographe et activiste Ernest Cole, qui définit à la fois autant toute la puissance de son travail, que son propre sacrifice pour pointer du bout de son objectif, toute l'atrocité d'une humanité qui, justement, en manque cruellement.
Né en 1940 à Eersterust, en Afrique du Sud, Cole, qui a tout d'abord travaillé pour le magazine Drum, avait été le premier a capturer la violence normalisée et l'inhumanité institutionnalisée de l'État d'apartheid, pour la plaquer à la face d'un monde qui en avait conscience (comme pour toutes les atrocités d'hier comme aujourd'hui), mais fermait consciemment et lâchement les yeux, à travers House of Servitude, recueils de photographies qui pointait la violence, la spoliation et l'esclavage de la communauté blanche et du gouvernement de Pretoria - interdit en Afrique du Sud, et qui l'obligea à s'exiler aux États-Unis.
Une arrivée en terres américaines qui renforcera l'importance de son travail (il continuera à documenter les maux sociaux de la population afro-américaine et de la ségrégation raciale ambiante, avant de se faire l'un des témoins des transformations vitales et nécessaires au crépuscule des années 60), renforcera sa volonté de fustiger les vérités d'un racisme institutionnel et consentie, au moins tout autant que sa douleur d'être exilé des siens, obligé de vivre le combat de son peuple que par procuration, par la " faute " de son propre métier, de son propre engagement mlllitant (une souffrance réelle, perceptible à travers certaines lettres retrouvées comme de nombreuses photos inédites, mysterieusement laissées dans le coffre-fort d'une banque suédoise, et lues par Raoul Peck lui-même et dont la voix accompagne avec force les images d'archives).
Disparu dans la misère et l'anonymat le plus cruel, le cinéaste le célèbre dans un portrait brisé et cinématographique proprement fascinant, un condensé analytique et biographique tourné comme un véritable film-enquête, qui capture la vérité d'un homme (de sa lutte de toute une vie comme de la douleur et de l'angoisse du déracinement) tout autant que celle d'un racisme systémique niché dans la fausse promesse d'un bon vivre ensemble.
Une œuvre aussi mélancolique qu'essentielle.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Raoul Peck et LaKeith Stanfield.
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min.
Synopsis :
Ernest Cole, photographe sud-africain, a été le premier à exposer au monde entier les horreurs de l'apartheid. Son livre House of Bondage, publié en 1967 alors qu'il n'avait que 27 ans, l’a conduit à s'exiler à New York et en Europe pour le reste de sa vie, sans jamais retrouver ses repères. Raoul Peck raconte ses errances, ses tourments d’artiste et sa colère au quotidien, face au silence ou la complicité du monde occidental devant les horreurs du régime de l’Apartheid. Il raconte aussi comment, en 2017, 60 000 négatifs de son travail sont découverts dans le coffre d'une banque suédoise.
Critique :
#ErnestColePhotographe où quand, disparu dans la misère et l'anonymat le plus cruel, Peck célèbre le photojournaliste dans un portrait fascinant, un condensé analytique et biographique qui capture la vérité d'un homme brisé tout autant que celle d'un racisme lâche et systémique. pic.twitter.com/FksNm4SMQz
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 25, 2024
" Recording the truth at whatever cost is one thing but finding one having to live a lifetime of being a chronicler of misery and injustice and callousness is another. "
Tout est là, niché dans cette phrase furieusement évocatrice du photographe et activiste Ernest Cole, qui définit à la fois autant toute la puissance de son travail, que son propre sacrifice pour pointer du bout de son objectif, toute l'atrocité d'une humanité qui, justement, en manque cruellement.
Né en 1940 à Eersterust, en Afrique du Sud, Cole, qui a tout d'abord travaillé pour le magazine Drum, avait été le premier a capturer la violence normalisée et l'inhumanité institutionnalisée de l'État d'apartheid, pour la plaquer à la face d'un monde qui en avait conscience (comme pour toutes les atrocités d'hier comme aujourd'hui), mais fermait consciemment et lâchement les yeux, à travers House of Servitude, recueils de photographies qui pointait la violence, la spoliation et l'esclavage de la communauté blanche et du gouvernement de Pretoria - interdit en Afrique du Sud, et qui l'obligea à s'exiler aux États-Unis.
Copyright Condor Distribution |
Une arrivée en terres américaines qui renforcera l'importance de son travail (il continuera à documenter les maux sociaux de la population afro-américaine et de la ségrégation raciale ambiante, avant de se faire l'un des témoins des transformations vitales et nécessaires au crépuscule des années 60), renforcera sa volonté de fustiger les vérités d'un racisme institutionnel et consentie, au moins tout autant que sa douleur d'être exilé des siens, obligé de vivre le combat de son peuple que par procuration, par la " faute " de son propre métier, de son propre engagement mlllitant (une souffrance réelle, perceptible à travers certaines lettres retrouvées comme de nombreuses photos inédites, mysterieusement laissées dans le coffre-fort d'une banque suédoise, et lues par Raoul Peck lui-même et dont la voix accompagne avec force les images d'archives).
Disparu dans la misère et l'anonymat le plus cruel, le cinéaste le célèbre dans un portrait brisé et cinématographique proprement fascinant, un condensé analytique et biographique tourné comme un véritable film-enquête, qui capture la vérité d'un homme (de sa lutte de toute une vie comme de la douleur et de l'angoisse du déracinement) tout autant que celle d'un racisme systémique niché dans la fausse promesse d'un bon vivre ensemble.
Une œuvre aussi mélancolique qu'essentielle.
Jonathan Chevrier