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[CRITIQUE] : My Sunshine


Réalisateur Hiroshi Okuyama
Acteurs : Sosuke Ikematsu, Keitatsu KoshiyamaKiara Nakanishi,...
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Japonais.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Sur l’île d’Hokkaido, l’hiver est la saison du hockey pour les garçons. Takuya, lui, est davantage subjugué par Sakura, tout juste arrivée de Tokyo, qui répète des enchaînements de patinage artistique. Il tente maladroitement de l’imiter si bien que le coach de Sakura, touché par ses efforts, décide de les entrainer en duo en vue d’une compétition prochaine… À mesure que l’hiver avance, une harmonie s’installe entre eux malgré leurs différences. Mais les premières neiges fondent et le printemps arrive, inéluctable.



Critique :



Qu'on se le dise, elles sont rares, les évasions cinématographiques capables de vous bousculer à une heure où, crépuscule de l'année oblige, vous pensiez que les belles découvertes seraient à réserver pour une période beaucoup plus propice au refuge dans les salles obscures.
Mais, à l'instar des cinquante semaines précédentes, et quand bien même l'attention est totalement focalisée où presque sur les grosses productions venues de l'autre côté de l'Atlantique, les belles découvertes sont toujours présentes pour celles et ceux qui se donnent la peine de vouloir les voir.

Et il y a des détails qui ne trompent pas, My Sunshine, estampillé second long-métrage du cinéaste nippon Hiroshi Okuyama (également derrière la photographie et le montage) s'annonçait déjà aussi doux qu'un flocon de neige et ce dès sa bande annonce, enveloppée dans la délicatesse des notes de piano du Clair de Lune de Debussy.

Copyright 2024「BOKU NO OHISAMA」Production Committee & COMME DES CINEMAS

A sa vision, l'impression n'en est que conforté (bien aidé par un format 4:3 cotonneux), modeste petite bulle de douceur concise et croqué avec une chaleur inattendue, qui tourne autour des atermoiements, sur l'île d’Hokkaido, de trois âmes : Takuya, un ado bègue et solitaire pas forcément passionné par un hockey sur glace auquel il est initié un peu par la force des choses, Sakura, la jolie patineuse qu'il ne peut s'empêcher d'admirer sans avoir le courage de l'aborder; et enfin Arakawa, le coach de celle-ci (dont elle est secrètement amoureuse), qui remarque Takuya (il se reconnaît même un peu en lui) et décide de l'entraîner pour qu'il soit le partenaire de Sakura, et qu’ils concourent en duo aux championnats nationaux de patinage artistique.

Faisant glisser les rouages sensibles de son histoire avec harmonie comme ses jeunes protagonistes virevoltent sur les fines couches de glace, Okuyama signe une œuvre follement mélancolique et empathique, épouse toutes les nuances de l'intériorité des personnages sans jamais complexifier plus que de raison la simplicité limpide de son histoire : exit les dialogues d'exposition ronflant, c'est par la mise en scène, humble et précise, par le respect de l'importance des regards (du sien sur ses personnages, comme ceux qu'ils se portent mutuellement), qu'il laisse fleurir les émotions brûlantes d'un premier amour à la fois merveilleusement naïf et maladroit, appelé comme la pureté de la neige, à ne pas être éternel.

Copyright 2024「BOKU NO OHISAMA」Production Committee & COMME DES CINEMAS

Pur coming-of-age movie façon ode bienveillante et nostalgique à la douceur de l'enfance (Okuyama convoque, moins frontalement que pour son premier effort, Jésus, la sienne), recèle en elle une gravité et une maturité toute aussi délicate (le film aborde, sans les excès putassiers du mélodrame, les thèmes de la frustration/résignation des rêves et des aspirations comme d'une homophobie ordinaire perpétrée par la rugosité des non-dits comme des préjugés cruels et absurdes); My Sunshine se fait une expérience magnifiquement dépouillée et sincère, qui épouse avec délicatesse les mouvements des corps et des sentiments comme celui du temps.
Et le passage de la douce froideur de l'hiver, à la luminosité pleine d'espoir du printemps, aura rarement été aussi mélancolique et douloureux qu'ici..


Jonathan Chevrier