[CRITIQUE/RESSORTIE] : When we were Kings
Réalisateur : Leon Gast
Avec : Mohamed Ali, George Foreman, Don King, James Brown,…
Distributeur : Splendor Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h29min
Date de sortie : 23 avril 1997
Date de ressortie : 30 octobre 2024
Synopsis :
Kinshasa. 30 octobre 1974. Championnat du monde des poids lourds. Mohamed Ali, tenant du titre vieillissant mais toujours flamboyant, figure emblématique du combat pour les droits civiques, est opposé à George Foreman, présenté comme l'avenir de la boxe. Ce combat de légende, organisé par le promoteur Don King, s'accompagne d'un concert réunissant une trentaine d'artistes africains et afro-américains.
Critique :
Capturant l'électricité d'une nuit folle à Kinshasa, #WhenWeWereKings se fait vite un monument hypnotique à la gloire d'Ali, grave sur la pellicule le plus grand défi de sa carrière, donne du punch à une histoire dont on connaît l'issue, mais qui s'avère toujours aussi grandiose. pic.twitter.com/iNoJWIa4lk
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 4, 2024
Tous les gamins biberonnés aux vidéo-clubs n'ont peut-être pas tous vu When we were kings de Leon Gast, mais en ont au moins l'affiche furieusement ancré dans la mémoire, celle, inoubliable, d'un Muhammad Ali au visage en sueur et au regard perçant, déterminé à aller récupérer sa couronne de champion du monde des poids lourds au tenant du titre, George Foreman (alors réellement menaçant, bien loin de son image de gentil papy vendeur de grills), dans la chaleur écrasante d'une Kinshasa qui avait mis tous les petits plats dans les grands, pour accueillir ce qui est pour beaucoup, l'un des plus grands combats de boxe de tous les temps - « The Rumble in the Jungle ».
On connaît tous la chanson : il était annoncé perdant, il repartira avec la ceinture et un mythe encore plus imposant.
Exactement le type d'événements, sportifs comme culturel, économique et politique, qui justifie à lui seul sa sanctification dans le marbre de la pellicule éternelle, tant les coulisses comme le contexte même de celui-ci, s'avère peut-être tout aussi passionnant que la vérité du ring, en cette soirée du 30 octobre 1974.
À l'époque, Ali, 33 ans au compteur, était presque au creux de la vague, son statut d'objecteur de conscience et son refus d'aller combattre au Vietnam (ce qui, à l'époque, n'avait pas la même résonance courageuse qu'aujourd'hui), avaient méchamment écorné son aura, aussi bien public qu'au sein même d'un milieu du noble art qui ne l'avait jamais réellement adopté, et il était presque acquis pour tous - sauf pour lui - qu'il perde face à Foreman, qui venait justement de détruire George Frazier, qui avait infligé une défaite cuisante au " Greatest ".
Copyright DAS Films Ltd./David Sonenberg Production/Polygram Filmed Entertainment |
Combattre au Zaïre (et même constitué un Woodstock africain, avec les présences de James Brown, BB King,...) était presque un mouvement aussi improbable que sa potentielle victoire, l'ancien Congo belge, devenu un État policier paranoïaque sous Mobutu Sese Seko, avait besoin d'un coup de projecteur positif aux yeux du monde, et un Don King encore green dans le milieu, avait convaincu Mobutu de participer à l'événement, tout autant que de privilégier un Ali qui avait d'autant l'appui frénétique de la foule.
Véritable capsule temporelle dont les images d'époque n'attendaient qu'à exploser à l'écran (elles ont mis vingt ans à le faire, la faute à plusieurs difficultés juridiques mais aussi financières), le documentaire de Leon Gast capture l'électricité de cet évènement à part, les coulisses, de la personnalité publique à la détermination sans faille d'Ali (sa propension à être à la fois un activiste, un poète, un entertainer et un combattant hors pair), comme la vérité de ce combat fou où lui et sa célèbre défense « Rope-a-Dope », où il a encaissé une véritable punition sur sept rounds avant d'exploser un Foreman, alors épuisé, avec une série de droites qui le cloueront au tapis.
D'un immense évènement sportif capturé dans la fièvre de Kinshasa, sommet inégalé de l'âge d'or du noble art, When we were kings prend les contours d'un monument hypnotique à la gloire d'Ali, le roi des rois, grave sur la pellicule le plus grand défi de sa carrière, donne du punch et de la grandeur à une histoire dont on connaît les grandes lignes et l'issue, mais qui n'a pas perdu une once de sa puissance, même cinquante ans plus tard.
Jonathan Chevrier