[CRITIQUE] : Joy
Réalisateur : Ben Taylor
Acteurs : Thomasin McKenzie, James Norton, Bill Nighy, Charlie Murphy,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Historique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h55min
Synopsis :
Inspiré d’une extraordinaire histoire vraie, Joy s’attache aux circonstances révolutionnaires de la naissance, en 1978, de Louise Joy Brown - tout premier “bébé-éprouvette de l’histoire - et aux dix années de combat acharné pour y parvenir. Le film adopte le point de vue de Jean Purdy, jeune infirmière et embryologiste, qui s’associe au chercheur Robert Edwards et au chirurgien Patrick Steptoe pour résoudre le mystère de l’infertilité en développant la fécondation in vitro (FIV). Hommage à la force de la persévérance et aux miracles de la science, le film s’intéresse à un trio d’hommes et de femmes visionnaires et anticonformistes qui ont surmonté des obstacles inimaginables et vaincu les résistances à accomplir leur rêve - et permis ainsi à des millions de gens de rêver à leurs côtés.
Critique :
Dans un mois particulièrement éreintant pour ce qui est du genre ultra balisé et familier du biopic, décliné sous presque toutes les coutures possibles sur une poignée de jours (pas moins de quatre films en salles cette semaine, et pas forcément les plus fiers des représentants, on arrivait presque désabusé à la vision de Joy, estampillé premier long-métrage du bouffeur de séries Ben Taylor (Sex Education, Cuckoo, Divorce), malgré son sujet on ne peut plus important : la mise en images, bien qu'enjolivée sur quelques contours, de l'histoire incroyable derrière la naissance de Louise Joy Brown, tout premier " bébé-éprouvette " de l’histoire.
Le tout porté par une Thomasin McKenzie qui commence à sérieusement bien mener sa barque, dans la jungle du septième art contemporain - et un Bill Nighy dont on ne se lassera jamais de la présence merveilleuse à l'écran.
Bien mal nous en aura pris finalement puisque la péloche, à l'instar de The Piano Lesson de Malcolm Washington sorti dans sa foulée, est probablement ce que la firme au Toudoum a produit de meilleur de récente mémoire, petit bout de cinéma chaleureux et réconfortant qui a le cœur au bon endroit, et qui fleure bon la comédie dramatique cosy et décalée, fièrement anglaise jusqu'au bout de la pellicule (jusque dans sa bande originale pop).
On est donc tout du long au plus près des coulisses d'un véritable miracle de l'humanité, collé aux basques du combat acharné sur une décennie de trois chercheurs - le docteur Robert Edwards, le chirurgien Patrick Steptoe mais surtout la jeune infirmière et embryologiste, Jean Purdy, point d'ancrage de la narration et dont les luttes sont plus profondes et approfondies -, pour résoudre le mystère de l’infertilité en développant la fécondation in vitro (FIV), sans le soutien de la part du corps médical (qui trouve ridicule de pousser à la natalité, au cœur d'un monde " surpeuplé ", sans oublier le sexisme ambiant), de leur famille et encore moins l'approbation du public (pas convaincu par ce qu'ils pensent comme des héritiers de Victor Frankenstein).
Un combat de Taylor s'échine à ne jamais rendre nébuleux (on n'est pas surchargé par le discours et l'action scientifique), mais bien continuellement vissé sur l'humain, sur ses pionniers comme ses nombreuses femmes " cobayes " (chacune à un vrai temps de présence salutaire à l'écran), prêtes à subir des procédures invasives et douloureuses sans savoir si elles pourront tomber enceintes où même le rester, motivées qu'elles sont pas l'espoir de devenir mère au moins autant que de faire avancer les choses pour d'autres à l'avenir (leur implication à mené, depuis, à la naissance de plus de douze millions d'enfants).
Peut-être un poil trop prosaïque pour son bien dans sa forme (du téléfilm de luxe, pour être poli), voire même un poil trop austère dans sa facture vintage, mais intelligent dans sa manière de ne pas lourdement appuyer le fait que ses thèmes sont toujours cruellement d'actualité; Joy, pas révolutionnaire pour un sou, incarne tout du long du bon cinéma un poil doux-amer mais tendre et inspirant, tout simplement.
Jonathan Chevrier
Quand on constate l’évolution de l’humanité, il reste toujours aussi fascinant de voir à quel point nos avancées scientifiques ont connu d’énormes bonds de géant en si peu de temps. Cela nous permet de mesurer les étapes de notre histoire mais également de voir comment les regards ont pu changer par rapport à certaines découvertes désormais inscrites dans notre quotidien. L’intérêt de Joy se situe alors dans cette approche, permettant de rappeler que, si des femmes peuvent avoir désormais plus de possibilités de tomber enceinte grâce à la fécondation in vitro, cette innovation ne s’est pas faite sans heurts.
Le long-métrage de Ben Taylor suit ainsi les recherches et les obstacles avant l’aboutissement de cette technique avec un académisme qui constitue aussi bien une grande force qu’une certaine faiblesse. En effet, il y a une vraie solidité visuelle dans le film qui se permet même quelques écarts visuels bien à propos dans la narration, mais l’approche narrative en devient régulièrement froide alors même que ses enjeux émotionnels et politiques sont diablement intéressants. Le casting apporte en ce sens un peu plus de chaleur, à l’instar de Thomasin McKenzie qui a le parcours le plus intéressant évidemment par les tiraillements dans l’existence de son rôle, Jean Purdy.
Le rejet qu’elle connaît de la part de son église accentue la scission sociale devant la fécondation in vitro, rappelant la répétition de l’histoire devant certaines évolutions qui ne conviennent pas à des gens fermés d’esprit. La possibilité même de soutien s’avère alors indispensable, renvoyant Jean dans le besoin de conserver de l’humanité derrière la rigueur scientifique. Il en ressort un réconfort certain mais également la dureté de savoir que le rythme de découverte n’a pu aider plusieurs individus qui auraient pu être sauvés avec les techniques modernes, tel que rappelé dans un échange particulièrement fort.
Si son académisme l’empêche de respirer totalement, Joy rappelle la lutte constante pour l’évolution scientifique et des possibilités des individus en opposition à des carcans sociaux qui étouffent et divisent régulièrement. Il en ressort un titre intéressant qui donne envie de se plonger encore plus dans le rapport historique des événements tout en résonnant invariablement avec plusieurs luttes contemporaines subissant les affres du conservatisme ambiant. Cela s’avère en tout cas une découverte assez bonne pour donner envie d’y jeter un œil curieux sur Netflix.
Acteurs : Thomasin McKenzie, James Norton, Bill Nighy, Charlie Murphy,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Historique.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h55min
Synopsis :
Inspiré d’une extraordinaire histoire vraie, Joy s’attache aux circonstances révolutionnaires de la naissance, en 1978, de Louise Joy Brown - tout premier “bébé-éprouvette de l’histoire - et aux dix années de combat acharné pour y parvenir. Le film adopte le point de vue de Jean Purdy, jeune infirmière et embryologiste, qui s’associe au chercheur Robert Edwards et au chirurgien Patrick Steptoe pour résoudre le mystère de l’infertilité en développant la fécondation in vitro (FIV). Hommage à la force de la persévérance et aux miracles de la science, le film s’intéresse à un trio d’hommes et de femmes visionnaires et anticonformistes qui ont surmonté des obstacles inimaginables et vaincu les résistances à accomplir leur rêve - et permis ainsi à des millions de gens de rêver à leurs côtés.
Critique :
Peut-être un poil trop prosaïque pour son bien dans sa forme, #Joy, pas révolutionnaire pour un sou, incarne néanmoins une jolie comédie dramatique cosy et décalée narrant l'odyssée incroyable derrière la naissance de Louise Joy Brown, tout premier "bébé-éprouvette" de l’histoire pic.twitter.com/VuESXMtYpo
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 24, 2024
Dans un mois particulièrement éreintant pour ce qui est du genre ultra balisé et familier du biopic, décliné sous presque toutes les coutures possibles sur une poignée de jours (pas moins de quatre films en salles cette semaine, et pas forcément les plus fiers des représentants, on arrivait presque désabusé à la vision de Joy, estampillé premier long-métrage du bouffeur de séries Ben Taylor (Sex Education, Cuckoo, Divorce), malgré son sujet on ne peut plus important : la mise en images, bien qu'enjolivée sur quelques contours, de l'histoire incroyable derrière la naissance de Louise Joy Brown, tout premier " bébé-éprouvette " de l’histoire.
Copyright Kerry Brown/Netflix |
Le tout porté par une Thomasin McKenzie qui commence à sérieusement bien mener sa barque, dans la jungle du septième art contemporain - et un Bill Nighy dont on ne se lassera jamais de la présence merveilleuse à l'écran.
Bien mal nous en aura pris finalement puisque la péloche, à l'instar de The Piano Lesson de Malcolm Washington sorti dans sa foulée, est probablement ce que la firme au Toudoum a produit de meilleur de récente mémoire, petit bout de cinéma chaleureux et réconfortant qui a le cœur au bon endroit, et qui fleure bon la comédie dramatique cosy et décalée, fièrement anglaise jusqu'au bout de la pellicule (jusque dans sa bande originale pop).
On est donc tout du long au plus près des coulisses d'un véritable miracle de l'humanité, collé aux basques du combat acharné sur une décennie de trois chercheurs - le docteur Robert Edwards, le chirurgien Patrick Steptoe mais surtout la jeune infirmière et embryologiste, Jean Purdy, point d'ancrage de la narration et dont les luttes sont plus profondes et approfondies -, pour résoudre le mystère de l’infertilité en développant la fécondation in vitro (FIV), sans le soutien de la part du corps médical (qui trouve ridicule de pousser à la natalité, au cœur d'un monde " surpeuplé ", sans oublier le sexisme ambiant), de leur famille et encore moins l'approbation du public (pas convaincu par ce qu'ils pensent comme des héritiers de Victor Frankenstein).
Copyright Kerry Brown/Netflix |
Un combat de Taylor s'échine à ne jamais rendre nébuleux (on n'est pas surchargé par le discours et l'action scientifique), mais bien continuellement vissé sur l'humain, sur ses pionniers comme ses nombreuses femmes " cobayes " (chacune à un vrai temps de présence salutaire à l'écran), prêtes à subir des procédures invasives et douloureuses sans savoir si elles pourront tomber enceintes où même le rester, motivées qu'elles sont pas l'espoir de devenir mère au moins autant que de faire avancer les choses pour d'autres à l'avenir (leur implication à mené, depuis, à la naissance de plus de douze millions d'enfants).
Peut-être un poil trop prosaïque pour son bien dans sa forme (du téléfilm de luxe, pour être poli), voire même un poil trop austère dans sa facture vintage, mais intelligent dans sa manière de ne pas lourdement appuyer le fait que ses thèmes sont toujours cruellement d'actualité; Joy, pas révolutionnaire pour un sou, incarne tout du long du bon cinéma un poil doux-amer mais tendre et inspirant, tout simplement.
Jonathan Chevrier
Copyright Kerry Brown/Netflix |
Quand on constate l’évolution de l’humanité, il reste toujours aussi fascinant de voir à quel point nos avancées scientifiques ont connu d’énormes bonds de géant en si peu de temps. Cela nous permet de mesurer les étapes de notre histoire mais également de voir comment les regards ont pu changer par rapport à certaines découvertes désormais inscrites dans notre quotidien. L’intérêt de Joy se situe alors dans cette approche, permettant de rappeler que, si des femmes peuvent avoir désormais plus de possibilités de tomber enceinte grâce à la fécondation in vitro, cette innovation ne s’est pas faite sans heurts.
Copyright Kerry Brown/Netflix |
Le long-métrage de Ben Taylor suit ainsi les recherches et les obstacles avant l’aboutissement de cette technique avec un académisme qui constitue aussi bien une grande force qu’une certaine faiblesse. En effet, il y a une vraie solidité visuelle dans le film qui se permet même quelques écarts visuels bien à propos dans la narration, mais l’approche narrative en devient régulièrement froide alors même que ses enjeux émotionnels et politiques sont diablement intéressants. Le casting apporte en ce sens un peu plus de chaleur, à l’instar de Thomasin McKenzie qui a le parcours le plus intéressant évidemment par les tiraillements dans l’existence de son rôle, Jean Purdy.
Le rejet qu’elle connaît de la part de son église accentue la scission sociale devant la fécondation in vitro, rappelant la répétition de l’histoire devant certaines évolutions qui ne conviennent pas à des gens fermés d’esprit. La possibilité même de soutien s’avère alors indispensable, renvoyant Jean dans le besoin de conserver de l’humanité derrière la rigueur scientifique. Il en ressort un réconfort certain mais également la dureté de savoir que le rythme de découverte n’a pu aider plusieurs individus qui auraient pu être sauvés avec les techniques modernes, tel que rappelé dans un échange particulièrement fort.
Copyright Kerry Brown/Netflix |
Si son académisme l’empêche de respirer totalement, Joy rappelle la lutte constante pour l’évolution scientifique et des possibilités des individus en opposition à des carcans sociaux qui étouffent et divisent régulièrement. Il en ressort un titre intéressant qui donne envie de se plonger encore plus dans le rapport historique des événements tout en résonnant invariablement avec plusieurs luttes contemporaines subissant les affres du conservatisme ambiant. Cela s’avère en tout cas une découverte assez bonne pour donner envie d’y jeter un œil curieux sur Netflix.
Liam Debruel