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[CRITIQUE] : House of Spoils


Réalisatrices : Bridget Savage Cole et Danielle Krudy
Acteurs : Ariana DeBose, Barbie Ferreira, Arian Moayed, Marton Csokas,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France 
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min 

Synopsis :
Une chef ambitieuse ouvre un restaurant dans une propriété isolée où elle doit faire face au chaos de la cuisine, à des doutes écrasants sur elle-même... et à une présence obsédante qui menace de la saboter à chaque instant. 


Critique : 


Depuis quatre années d'un partenariat loin d'être mémorable (et initié avec feu l'anthologie " Welcome to the Blumhouse "), une vérité se dégage assez nettement : le tandem Amazon/Blumhouse, à l'image même d'un second qui se perd bien trop souvent dans des frissons amorphes et/où risibles, joue un peu trop la carte de la sécurité et de la facilité avec ses productions estampillées " originales ", presque toutes bridées qu'elles sont à l'idée de développer au-delà du minimum syndical, ses concepts au demeurant accrocheurs. 

Déprimant (spoilers : c'est à peine mieux avec Netflix), un peu comme une horreur contemporaine où la terreur contrôlée est reine.
House of Spoils du talentueux tandem Bridget Savage Cole/Danielle Krudy (l'excellent Blow the Man Down), en est un symbole plus ou moins criant quand bien même il est loin d'incarner le pire du pire de cet étrange alliance créative - loin de là même. 

Copyright Balazs Glodi/Prime

Sorte de cousin horrifique à la géniale The Bear, qui serait presque gêné par ce qui fait sa singularité - son pendant surnaturel -, à l'image d'un chef cuisto qui ne ferait absolument pas confiance à ses commis, l'histoire suit celle d'une chef ambitieuse qui se concentre sur la réalisation du rêve de sa vie : quitter son boulot de sous-chef pour devenir la cheffe de son propre restaurant.
Un rêve qui se matérialise alors qu'elle ouvre sa propre cantine de luxe dans un domaine isolé, où elle devra gérer le chaos de sa propre cuisine, le doute écrasant quant à sa propre créativité et une moisissure étrange et obsédante, qui commence gentiment mais sûrement à prendre possession des lieux. 

Passé quelques accents involontairement méta (une héroïne qui se fait détruire par une critique gastronomique qui trouve que sa popote manque de prises de risques et d'âme), laisse un vrai goût doux-amer sur le palais, tant il est à la fois délicieusement pertinent dans sa manière de pointer le sexisme ambiant dans le monde profondément masculin de la cuisine professionnelle (cycle reproduit par des femmes qui n'hésitent même pas à jeter dans le même feu qui les a brûlé/forgé, d'autres femmes, à travers une figure déterminée qui s'adapte/reproduit à la masculinité qu'elle a vue, pour survivre), voire même de rendre joliment sensoriel la créativité culinaire, mais s'avère en revanche cruellement pauvre dans son expression fantastique, d'autant que rien où presque ne justifie la nécessité de son basculement vers l'horreur, tant il avait déjà tout d'un solide portrait d'une cheffe ambitieuse, confrontée de plein fouet aux pressions de son rêve d'indépendance et de leadership. 

Copyright Balazs Glodi/Prime

Mais Blumhouse oblige, la narration se laisse aller à une imagerie surnaturelle un brin grossière, sous fond de sorcellerie et de sacrifice nécessaire pour maintenir le domaine dans un état qui ne ferait pas venir en trombe, les Cleaners de chez TFX.
C'est son indécision entre être un film de sorcière kitsch et un drame féministe et psychologique sur le milieu impitoyable de la restauration, autant que sur le vertige - à la lisière de la dépression - d'une cheffe dont l'état mental se désagrège comme un jardin bouffé par les mauvaises herbes, sous le poids de sa quête désespérée de la perfection; qui rend House of Spoils plus fragile que de raison, là où il aurait pu être un vrai régal. 

Dommage, tant Ariana DeBose y livre peut-être sa prestation la plus convaincante depuis son oscar...


Jonathan Chevrier






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