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[CRITIQUE] : Wolfs


Réalisateur : Jon Watts
Acteurs : George Clooney, Brad Pitt, Austin Abrams, Amy Ryan,...
Distributeur : Apple TV
Budget : -
Genre : Action, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Un professionnel est chargé de nettoyer une scène de crime lorsqu’un second professionnel intervient sur les lieux. Les deux loups solitaires se trouvent contraints de faire équipe et embarquent pour une nuit infernale où rien ne se passe comme prévu.



Critique :



C'était l'histoire d'un divertissement presque cousu main tant il était bâti sur un terrain si familier, qu'il fallait franchement le vouloir pour foirer dans les grandes largeurs le délire : la réunion sur pellicule d'un tandem George Clooney et Brad Pitt en charentaises et à l'aura populaire sur le déclin (des choix artistiques pas toujours heureux pour le premier, les accusations de violences conjugales d'Angelina Jolie, avec le soutien sans réserve de ses enfants, pour le second) embaumé dans le charme intrinsèquement désuet du buddy movie, le tout chapeauté par un Apple Originals qui a vraisemblablement mis beaucoup trop de moyens sur la table, à la vue du projet.

Copyright Apple TV+

Mais Wolfs, au-delà d'un titre (volontairement) grammaticalement incorrect, avait une épine dans la bobine depuis le départ : Jon Watts (le drame pulp Cop Car est loin, très loin), honnête faiseur avant de s'être fait lessivé puis dévoré par une machine Hollywoodienne qui, malgré tout, en à fait un réalisateur bankable - plus de trois milliards de dollars de recettes avec sa trilogie Spider-Man du côté du MCU.

À tel point que le bonhomme s'est senti pousser si ce n'est des ailes, au moins l'illusion d'une plume décente, et en louchant ostensiblement sur Pulp Fiction et l'une de ses figures phares, Winston Wolfe (t'as la réf du titre, pas merci), il s'est lancé dans l'idée de croquer les coulisses de la nuit magique vécue par deux nettoyeurs professionnels, deux loups solitaires (la subtilité...) aux techniques dissemblables obligés de faire équipe pour se débarrasser d'un cadavre pas tout à fait mort (spoilers qui n'en est pas un, puisque plombé par la bande annonce), flanqué dans la chambre d'hôtel d'une élue - une procureure de district adjointe divorcée et candidate à sa propre réélection -, avant que la mission ne bifurque vers un vol avec plusieurs kilos d'héroïne sur le dos, et un trafic de drogue mal huilée.

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Malheureusement, tout idée d'originalité disparaît avant même le virage du premier quart d'heure, la narration et ses enjeux mal dégrossis enfermant son auditoire dans une sorte de simili-walk of shame de deux sexagénaires rivaux beaucoup trop vieux pour ses conneries (littéralement, tant ils n'ont de cesse de grimacer, de bâiller et de pester à l'idée de rentrer trop tard à la maison), qui enchaînent les running gags gênants et se bousculent/chamaillent comme un vieux couple marié; deux stars de cinéma surpayées qui se contentent de faire semblant, en gesticulant avec un minimum de vie au cœur d'un film sans la moindre imagination.

Et à ce petit jeu de la pâle resucée de leur dynamique sur la trilogie Ocean's, si Pitt est vite agaçant dans sa posture arrogante, Clooney s'en sort sensiblement mieux en exprimant par l'humour, la frustration de son personnage (où n'est-ce que le symbole de la sienne d'être partie intégrante de cette catastrophe ?), quand bien même aucun des deux, tout commr la bande-son techno lofi de Theodore Spiro, ne peut vaincre la léthargie d'un rythme affreusement lent, fruit d'une mise en scène paresseuse et sans la moindre inspiration.

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Essayant - en vain - de reproduire le ton et la confiance détachée qui émanent d'un film de Steven Soderbergh, tout en ne donnant que peu de grain à moudre à une distribution qui semble parfois réduite à de l'improvisation maladroite, jusqu'à un final méchamment abrupte, Wolfs a tout de la pure proposition de plateforme, oubliable et insatisfaisante, même venant d'une Apple TV qui nous a toujours plus où moins préserver de ce genre de frustration.

Et dire qu'une suite serait déjà dans les tuyaux...


Jonathan Chevrier


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