[CRITIQUE] : Killer Heat
Réalisateur : Philippe Lacôte
Acteurs : Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Richard Madden, Clare Holman,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h36min.
Synopsis :
Le détective privé Nick Bali, un Américain expatrié en Grèce, engagé pour enquêter sur la mort accidentelle d'un jeune magnat du transport maritime, Leo Vardakis, sur l'île de Crète. La belle-sœur de la victime ne croit pas au rapport de police officiel. Mais qu'est-il arrivé exactement à Leo, et pourquoi ? Malgré la beauté ensoleillée de cette région méditerranéenne exotique, Nick découvre la noirceur à chaque tournant : là où la riche et puissante famille Vardakis règne comme un dieu, où les jalousies sont profondes, et où n'importe qui peut être suspect.
Critique :
Laborieux, sans une once d'inspiration ni d'envie, plombé par un rythme lancinant et une écriture caricaturale à l'extrême dont aucun des comédiens ne semble pouvoir s'en extirper, #KillerHeat rate continuellement sa cible et incarne un thriller plus navrant et fade qu'enivrant. pic.twitter.com/knuBKJY0p1
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 27, 2024
On a beau clamer à longueur de journée que le cinéma Hollywoodien, qui n'est pas un cas isolé évidemment, s'enferme grandement et sûrement dans une franchisation à outrance de la moindre production populaire, mais surtout dans un cruel - et volontaire - manque d'originalité, gageons tout de même et ce même si cela est un poil contradictoire (on s'en fout, la vie n'est-elle pas elle-même, qu'une succession de contradictions ? Vous avez quatre heures), qu'il y a, parfois, un vrai et pur plaisir cinéphile qui peut se dégager d'un solide divertissement familier et dérivé, porté par des talents - à tous les niveaux - au savoir-faire éprouvé, capables de mettre de côté nos réserves et nous faire passer un bon moment.
Alors oui, cela arrive de temps en temps mais pas vraiment avec le mal nommé Killer Heat de Philippe Lacôte, qui shoote directement dans les valseuses de cette théorie et vient gentiment foutre en l'air toute notre jolie - mais assez verbeuse - introduction, avec une gourmandise perverse qui forcerait presque l'admiration.
Patrick Redmond/Prime Video |
S'il y a une fine frontière entre le bon polar et le mauvais polar, la péloche, armée comme un bon chasseur qui chasserait la galinette cendrée au bazooka (un script basé sur la nouvelle The Jealousy Man du solide écrivain norvégien Jo Nesbø, un cadre - la Crète - paradisiaque, un trio d'acteurs - Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley et Richard Madden - au talent éprouvé,...), n'en a pourtant nullement conscience puisqu'elle se vautre dans la gadoue du second camp, avant même de mettre un pied sur l'air de chasse.
A peine mieux brossé que ton roman policier bon marché préféré, rien ne déborde jamais vraiment de la route balisée du téléfilm de luxe, la narration à tiroirs s'entêtant autant à embrasser avec frénésie les clichés faciles et les dialogues d'expositions pompeux, qu'a enchaîner les rebondissements avec une prévisibilité confondante, vissée qu'elle est sur les atermoiements d'un détective privé alcoolique et surmené fuyant son passé, appelé en Crète par une épouse en détresse pour enquêter que sur la mort suspecte du frère jumeau de son époux, membre d'une famille riche qui contrôle l'île.
Du pur gâchis, tellement peu enraciné dans un amour pour le genre qu'il ne peut s'octroyer cette impulsion si nécessaire autant à le célébrer qu'à un minimum le réviser, incarnant alors sans le vouloir une sorte de parodie du polar plan-plan sauce thriller psychologique qui se refuse à totalement s'assumer comme tel, ne tirant nullement parti de l'essence exotique et furieusement cinématographique d'une Crète absolument somptueuse, ni d'une distribution pourtant totalement vouée à sa cause.
Patrick Redmond/Prime Video |
Laborieux, sans une once d'inspiration ni d'envie, plombé par un rythme lancinant et une écriture caricaturale à l'extrême dont aucun des comédiens ne semble pouvoir s'en extirper (pas même un Joseph Gordon-Levitt dont le cynisme assumé pointe parfois le bout de son nez), Killer Heat rate continuellement sa cible et s'avère in fine plus navrant et fade qu'enivrant, une enquête qui avait tous les indices en main pour être décemment bouclée mais qui les bazarde méthodiquement tout du long.
Une vraie déception, une habitude avec le catalogue de plus en plus navrant de Prime Vidéo...
Jonathan Chevrier