[CRITIQUE] : À son image
Réalisateur : Thierry de Peretti
Avec : Clara-Maria Laredo, Marc'Antonu Mozziconacci, Louis Starace, Barbara Sbraggia,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Fragments de la vie d’Antonia, jeune photographe de Corse-Matin à Ajaccio. Son engagement, ses amis, ses amours se mélangent aux grands événements de l’histoire politique de l'île, des années 1980 à l'aube du XXIe siècle. C’est la fresque d’une génération.
Critique :
On avait laissé le cinéma de Thierry de Peretti sur une sacré pépite, Enquête sur un scandale d'État, thriller d'investigation minutieux et passionnant sur le dynamitage en règle d'une mécanique institutionnelle infernale (dont il prenait suffisamment de distance pour laisser son spectateur tirer ses propres conclusions), dénué de tout manichéisme dans sa manière de scruter la complexité du réel pour mieux la dépouiller.
De dépouillement, il en est à nouveau avec son nouvel effort, À son image, adaptation plus ou moins inspirée du roman éponyme de Jérôme Ferrari et qui peut se voir, sous de nombreux points, comme un reflet au féminin de son Une vie violente, qui avait déjà pour cadre sa Corse natale et son effervescence politique et nationaliste - en plus affirmé, cela dit.
Contée rétrospectivement - le film s'ouvre ni plus ni moins que sur une tragédie - et à la troisième personne (ce qui, ironiquement, lui offre un pendant littéraire beaucoup trop affirmé pour son bien), l'histoire, tout en souvenirs épisodiques et tentaculaires, s'attache à celle d'Antonia, jeune photojournaliste intimement liée aux activités indépendantistes de l'île de Beauté, témoin de certains des événements politiques les plus marquants des années 80 (ses images se voudront comme le témoignage d'une violence croissante à mesure que le mouvement, et ses amis, se radicalisent), à l'instar d'un narrateur dont on découvrira in fine qu'il en est l'un des compagnons les plus proches.
C'est sur ce personnage, sur ses préoccupations intimes comme de sa passion pour une photographie qui ne la lâchera jamais, auquel il cherche maladroitement à combiner toutes les incertitudes politiques d'une Corse alors en pleine lutte pour son indépendance, que le cinéaste tente de bâtir sa réflexion sur l'image - pas uniquement photographique - comme d'une capture incomplète de la réalité, parce que distancée (comme son héroïne, et comme la manière qu'à le cinéaste à la fois d'aborder le roman de Ferrari, et de le mettre en scène); une réflexion évoluant au gré non pas du regard d'une jeune femme en constante interrogation, déterminée qu'elle est pourtant d'offrir un témoignage puissant et réel autant des paradoxes contradictoires du militantisme que des horreurs du monde, mais bien d'une voix-off autre, distancée et au présent qui supplante l'image, qui se fait plus verbeuse et philosophique que viscérale et... cinématographique.
Car même armée de ses meilleures intentions, À son image, drame fictionel et historique qui se rêve paradigmatique, apparaît finalement sur ses presque deux heures férocement étirées, plus effiloché que réellement dur et prenant, tant tout manque cruellement de substance politique et psychologique puisque tout y est survolé, la vision du film étant paradoxalement étouffée à la fois par sa structure et par la distance étrange que s'impose de Peretti (à la différence de Une vie violente), à l'œil moins analytique que par le passé dans son exploration idéologique, politique et dramaturgique, qu'il vend comme une affirmation didactique et superficielle plus que comme une illustration affirmée et appuyée par l'image.
Une vraie déception donc, malgré son émouvante et désarçonnante mélancolie et l'idée, fascinante mais trop fragile dans son expression, d'une jeune femme enfermée par l'histoire qu'elle documente mais que le film lui, fuit un peu trop.
Jonathan Chevrier
Avec : Clara-Maria Laredo, Marc'Antonu Mozziconacci, Louis Starace, Barbara Sbraggia,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
Fragments de la vie d’Antonia, jeune photographe de Corse-Matin à Ajaccio. Son engagement, ses amis, ses amours se mélangent aux grands événements de l’histoire politique de l'île, des années 1980 à l'aube du XXIe siècle. C’est la fresque d’une génération.
Critique :
#ÀSonImage, mélo qui se rêve paradigmatique, apparaît in fine plus effiloché que prenant, lui qui manque cruellement de substance politique et psychologique, étouffé qu'il est par sa structure et la distance étrange que s'impose de Peretti, malgré une désarçonnante mélancolie pic.twitter.com/n7GYLyzQiE
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 3, 2024
On avait laissé le cinéma de Thierry de Peretti sur une sacré pépite, Enquête sur un scandale d'État, thriller d'investigation minutieux et passionnant sur le dynamitage en règle d'une mécanique institutionnelle infernale (dont il prenait suffisamment de distance pour laisser son spectateur tirer ses propres conclusions), dénué de tout manichéisme dans sa manière de scruter la complexité du réel pour mieux la dépouiller.
De dépouillement, il en est à nouveau avec son nouvel effort, À son image, adaptation plus ou moins inspirée du roman éponyme de Jérôme Ferrari et qui peut se voir, sous de nombreux points, comme un reflet au féminin de son Une vie violente, qui avait déjà pour cadre sa Corse natale et son effervescence politique et nationaliste - en plus affirmé, cela dit.
Copyright Pyramide Distribution |
Contée rétrospectivement - le film s'ouvre ni plus ni moins que sur une tragédie - et à la troisième personne (ce qui, ironiquement, lui offre un pendant littéraire beaucoup trop affirmé pour son bien), l'histoire, tout en souvenirs épisodiques et tentaculaires, s'attache à celle d'Antonia, jeune photojournaliste intimement liée aux activités indépendantistes de l'île de Beauté, témoin de certains des événements politiques les plus marquants des années 80 (ses images se voudront comme le témoignage d'une violence croissante à mesure que le mouvement, et ses amis, se radicalisent), à l'instar d'un narrateur dont on découvrira in fine qu'il en est l'un des compagnons les plus proches.
C'est sur ce personnage, sur ses préoccupations intimes comme de sa passion pour une photographie qui ne la lâchera jamais, auquel il cherche maladroitement à combiner toutes les incertitudes politiques d'une Corse alors en pleine lutte pour son indépendance, que le cinéaste tente de bâtir sa réflexion sur l'image - pas uniquement photographique - comme d'une capture incomplète de la réalité, parce que distancée (comme son héroïne, et comme la manière qu'à le cinéaste à la fois d'aborder le roman de Ferrari, et de le mettre en scène); une réflexion évoluant au gré non pas du regard d'une jeune femme en constante interrogation, déterminée qu'elle est pourtant d'offrir un témoignage puissant et réel autant des paradoxes contradictoires du militantisme que des horreurs du monde, mais bien d'une voix-off autre, distancée et au présent qui supplante l'image, qui se fait plus verbeuse et philosophique que viscérale et... cinématographique.
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Car même armée de ses meilleures intentions, À son image, drame fictionel et historique qui se rêve paradigmatique, apparaît finalement sur ses presque deux heures férocement étirées, plus effiloché que réellement dur et prenant, tant tout manque cruellement de substance politique et psychologique puisque tout y est survolé, la vision du film étant paradoxalement étouffée à la fois par sa structure et par la distance étrange que s'impose de Peretti (à la différence de Une vie violente), à l'œil moins analytique que par le passé dans son exploration idéologique, politique et dramaturgique, qu'il vend comme une affirmation didactique et superficielle plus que comme une illustration affirmée et appuyée par l'image.
Une vraie déception donc, malgré son émouvante et désarçonnante mélancolie et l'idée, fascinante mais trop fragile dans son expression, d'une jeune femme enfermée par l'histoire qu'elle documente mais que le film lui, fuit un peu trop.
Jonathan Chevrier