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[CRITIQUE] : Le Fil


Réalisateur : Daniel Auteuil
Avec : Daniel Auteuil, Grégory Gadebois, Sidse Babett Knudsen, Alice Belaïdi,...
Distributeur : Zinc Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h55min 

Synopsis :
Depuis qu’il a fait innocenter un meurtrier récidiviste, Maître Jean Monier ne prend plus de dossiers criminels. La rencontre avec Nicolas Milik, père de famille accusé du meurtre de sa femme, le touche et fait vaciller ses certitudes. Convaincu de l’innocence de son client, il est prêt à tout pour lui faire gagner son procès aux assises, retrouvant ainsi le sens de sa vocation



Critique :



Une Intime conviction, La Fille au Bracelet, Les Choses humaines, Saint Omer, Toi non plus tu n'as rien vu, Anatomie d’une chute, Le procès Goldman,...

C'est sur un terrain méchamment balisé ces derniers mois/années (preuve encore ce mercredi, avec la simili-satire Le procès du chien de Laetitia Dosch), et de facto à la fois très glissant puisque plus que propice au jeu des comparaisons faciles (et auxquelles il est impossible qui l'y échappe, même avec la meilleure des volontés), que Daniel Auteuil se hasarde pour son cinquième long-métrage, Le Fil, drame judiciaire à la lisière du polar du dimanche soir et estampillé " tiré d'une histoire vraie " (qui a capté l'intention du cinéaste, alors qu'il lisait les nombreux comptes-rendus du blog l'avocat pénaliste Jean-Yves Moyart, désormais disparu), visant à scruter en profondeur l'anatomie d'un crime loin d'être parfait mais furieusement commun à l'actualité.

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Soit un homme, Nicolas Milik, aimant d'une famille de cinq enfants, est accusé d'avoir tué sa femme, et tout porte à croire qu'il en est réellement l'auteur.
Mais ce n'est point la conviction de son avocat, Maître Jean Monier, convaincu de son innocence et décidé à le défendre quand bien même il s'était promis, après avoir fait innocenter un meurtrier récidiviste, de ne plus prendre de dossiers criminels.

Et c'est autant toute son ardente défense pour prouver son innocence, que la lente réaffirmation en lui du sens de sa vocation, que le cinéaste, également rôle titre (une performance tout en nuances), met en scène donc, où l'avocat qui vit et respire le droit se fait plus le sujet des débats que l'accusé lui-même (excellent Grégory Gadebois, à la fragilité déchirante), au sein d'une séance dont la théâtralité affirmée - notamment dans les scènes d'audience -, prouve que l'ombre de Marcel Pagnol n'a pas totalement quitté le pendant réalisateur d'Auteuil, pas un mal pour rompre la rigidité d'un texte résolument dense et non linéaire, où un homme se bat pour la justice et sauver un autre qui lui, lutte pour conserver un semblant d'espoir.

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Mais c'est peut-être, finalement, plus vers Chabrol et son climat aussi intime qu'inquiétant que tire ce plutôt solide exercice de style entremêlant passé et présent, étude de caractères et drame procédural, délaissant peut-être un peu trop pour son bien tous ses personnages secondaires (dont une - toujours - merveilleuse Sidse Babett Knudsen, trop peu présente en épouse/contrepoint rationnel pour Monier), voire même manquant clairement de dynamisme/fluidité dans sa mise en scène, mais armé d'un scénario finement charpenté dans sa manière de décortiquer les notions fluctuantes d'innocence et de culpabilité, d'objectivité et de subjectivité.

Un effort humble, totalement conscient que de vrais drames peuvent se jouer dans tous les recoins d'une cours de justice.
Peut-être, sans doute même, le meilleur film de son auteur.


Jonathan Chevrier





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