[FUCKING SERIES] : Terminator : Zero : Un nouvel espoir
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
La franchise Terminator a beau s’être développée à de nombreuses reprises, aucune de ses prolongations n’a su convaincre réellement les fans au-delà des deux premiers volets. Pourtant, chacune de ces itérations profite d’idées qui auraient pu offrir des tournures intéressantes au vu des thématiques de la licence. Malgré cela, il reste constamment une sensation d’inutilité dans le traitement de ces suites, et ce en dépit de l’appréciation que l’on peut avoir pour ces tentatives plus (Renaissance) ou moins (Genysis) réussies. La nouvelle mouture sous forme d’animé avait donc un intérêt par ce format télévisuel plus resserré que Les chroniques de Sarah Connor et s’orientant vers une autre géographie.
En se plaçant au Japon, Terminator : Zero évite une comparaison trop directe, tout en profitant d’une certaine maîtrise de l’animation de la part de Masashi Kudo. En plus de lui conférer une nouvelle esthétique, il s’y développe un double récit parallèle qui a le mérite d’exister en filigrane de la destruction provoquée par Skynet. Les pistes proposées sont rapidement intéressantes : la confrontation avec une autre intelligence artificielle pouvant s’opposer à la principale menace de la franchise, le regard sur l’apocalypse robotique dans un temps quasi-réel, le trajet émotionnel d’un protagoniste qui se découvre autrement,...
Il n’est donc pas difficile d’admettre que tout cela se suit avec un certain plaisir, le rythme des épisodes (8 d’une durée en-dessous de 30 minutes) parvenant à bien scinder son action mais surtout le développement de ses protagonistes. L’ouverture, se reposant sur une quasi-absence de dialogue, instaure déjà la brutalité graphique qui sera à l’œuvre durant la narration, entrant même en opposition avec les longs instants dialogués d’un protagoniste avec sa création. Si certains schémas narratifs restent classiques et qu’on peut regretter certaines tournures, il n’en reste pas moins un résultat hautement sympathique et distrayant.
Excroissance animée avec du potentiel, Terminator : Zero réussit le mieux dans ce qu’il construit en parallèle de la licence tout en s’octroyant une galerie de personnages intéressants. Certains des chemins qu’il prend sont attendus mais cela en fait un bon ajout à une licence sans doute trop enfermée dans l’aura de James Cameron. Ceci est assez ironique vu les questions sur la création que se pose un de ses personnages mais il s’en crée un divertissement plutôt pertinent, adulte dans son approche sans tomber dans du « edgy » adolescent et surtout donnant envie de pleinement se replonger dans les films sans réellement jouer la carte de l’imitation timorée.
Liam Debruel
Mort de sa moins belle mort possible passé deux simili-legacyquel, Terminator Genisys et Dark Fate, qui réussissaient la prouesse incroyable de venir souiller une mythologie jusqu'ici pas trop atteinte par les extensions (adoubées par un James " j'avais besoin d'argent pour Avatar 2, 3, 4 et 5 " Cameron qui n'en avait plus rien à foutre de son bébé) à un diptyque original parfait, la franchise Terminator semblait vraisemblablement enterrée dans un cercueil en colza scellé à la pisse ce qui, dans un sens, était le meilleur pour elle au sein d'une Hollywood la putain qui n'a de cesse de gangbangiser jusqu'à la moelle, toute production un peu populaire au sein de l'imaginaire collectif.
Mais puisque laisser mourir ses héros n'existent pas de l'autre côté de l'Atlantique, tout du moins pas tant qu'ils rapportent du pognon, et en attendant un reboot presque inéluctable puisque déjà annoncé par Cameron lui-même il y a quelques semaines (pas besoin de trop chercher midi à quatorze heures, pour comprendre que ce septième film aura une formule similaire dans sa conception, aux récents Prey et Alien : Romulus), disons bonjour à Terminator : Zero, pas tant un titre lucide sur son contenu (ne nous laissons pas enivrer par la chaleur du pessimisme facile), qu'une annonce claire sur les attentions de cette suite/extension animée (la première de l'histoire de la franchise) chapeautée par Mattson Tomlin, dans un partenariat pas si exceptionnel entre la firme au Toudoum, Netflix, et Production I.G : on repart - à nouveau - de zéro, juste après les événements de Terminator 2 : Le Jugement dernier, à l'instar de l'excellente série Les Chroniques de Sarah Connor, et on tente de rafraîchir les tapisseries comme on le peut.
Et, mine de rien, ça fait mouche tant il assume pleinement le meilleur (seul?) parti pris intéressant de Dark Fate : on ne se concentre ni sur John Connor, le chef de la résistance humaine contre Skynet dans le futur, ni sur sa mère, Sarah Connor, la soldate autodidacte militante qui a élevé tant bien que mal son rejeton, pour qu'il accomplisse sa destinée.
C'est tout bête mais cela fait un bien fou, à l'image du diptyque Le Réveil de la Force/Les Nouveaux Jedis qui venait imposer une galerie de nouveaux personnages au sein d'une franchise intensément nouée autour des actions et des choix d'une famille spécifique - les Skywalker -, mais aussi et surtout au cœur d'un seul et même cadre : les États-Unis - voire un chouïa au Mexique.
Cette idée d'ailleurs, tissée en quelques lignes dans les deux premiers films (on sait que la Russie sera la première à riposter aux attaques nucleaires), prend tout son sens ici en posant son intrigue au Japon, et en tournant autour des atermoiements d'un cousin pas si éloigné de Miles Dyson, Malcolm Lee, un scientifique japonais qui développe une intelligence artificielle ayant le pouvoir de rivaliser avec Skynet - Kokoro -, et de la combattante du futur Eiko, qui les protège alors qu'un Terminator est renvoyé du futur avec l'intention de l'assassiner lui et sa famille.
Simple, efficace, la narration reprend donc le même gimmick que les deux premiers Terminator (une famille prise pour cible par les machines), les mêmes émotions dévastatrices (des êtres déchirés et pourtant réunis par la tragédie d'une apocalypse imminente, catalyseur de leur réconciliation émotionnelle), tout en universalisant un peu plus son horreur sous-jacente (la peur autour d'un holocauste nucléaire, et d'une technologie qui se retourne contre l'homme) et en actant que malgré les actions de Sarah et John, le jugement dernier est inéluctable.
Et l'horreur y est ici totale (et plus palpable, à une heure où L'I.A. se fait de plus en plus omniprésente et, potentiellement, dangereuse), embrassant l'aura du premier film pour pousser encore un peu plus loin ses contours de slasher science-fictionnel, où le T-800 incarne encore plus directement un simili-Jason Vorhees increvable, face à une final girl qui cette fois, voyage dans le temps pour l'arrêter, au sein même d'un monde où la mort est partout, mais surtout incroyablement glaciale et sanglante (les os se brisent, les membres se déchirent et les peaux brûlent/fondent TOUT AU LONG des huit épisodes de cette première saison).
Plus sournoisement, Tomlin distille une thématique jamais réellement brossée jusqu'à présent (juste survolée, et encore, dans Dark Fate), à travers la figure de l'I.A. Kokoro : et si Skynet était dans le vrai dans son extinction de la race humaine ?
Et si Skynet avait cette fois raison de ne pas donner la priorité à l'humanité, mais bien à une planète que l'homme lui-même détruit aveuglément ?
À décimer un homme qui, de toute manière, trouve le moyen de transformer en arme la moindre de ses réalisations ?
Si les dilemmes philosophiques et ce que signifie être humain et/où avoir une famille ont toujours fait partie de la franchise, ils prennent ici un sens encore plus profond, encore plus métaphysique, rapprochant le show d'une autre production de Production I.G : Ghost in The Shell, qui synthétisait à la perfection l'obsession pour la robotique et l'holocauste nucléaire, des préoccupations loin d'être étrangères à la société nippone.
Que la série intègre les spécificités de la culture japonaise de manière si prégnante et organique, offre dès lors un champ des possibles des plus grisants à l'écran, le cauchemar apocalyptique de la saga ne pouvant trouver qu'un parallèle puissant au traumatisme d'Hiroshima et de Nagasaki.
Mais les joyeusetés ne s'arrêtent pas là, puisque Tomlin n'hésite pas non plus à s'aventurer vers le territoire sinueux du surnaturel - et même du multivers -, revigorant d'une manière inédite un lore qui n'avait jamais su autant poussé ses possibilités sur le territoire du live-action, trop peut-être il est vrai tant tout apparaît parfois un peu trop confus, même dans ses rebondissements à effets boule de neige où ses transitions temporels toutefois inventives.
C'est sans doute peu pour les non-initiés, mais les fans de Terminator auront rarement été aussi contentés et excités devant une extension racée et intelligente de la franchise, à tel point que l'on a réellement envie de savoir où elle va se diriger par la suite, même si cette première salve d'épisodes se suffit presque à elle-même.
C'est rare avec Netflix, mais on ne cracherait vraiment pas sur l'idée d'une seconde saison, loin de là même...
Jonathan Chevrier
La franchise Terminator a beau s’être développée à de nombreuses reprises, aucune de ses prolongations n’a su convaincre réellement les fans au-delà des deux premiers volets. Pourtant, chacune de ces itérations profite d’idées qui auraient pu offrir des tournures intéressantes au vu des thématiques de la licence. Malgré cela, il reste constamment une sensation d’inutilité dans le traitement de ces suites, et ce en dépit de l’appréciation que l’on peut avoir pour ces tentatives plus (Renaissance) ou moins (Genysis) réussies. La nouvelle mouture sous forme d’animé avait donc un intérêt par ce format télévisuel plus resserré que Les chroniques de Sarah Connor et s’orientant vers une autre géographie.
Copyright Netflix |
En se plaçant au Japon, Terminator : Zero évite une comparaison trop directe, tout en profitant d’une certaine maîtrise de l’animation de la part de Masashi Kudo. En plus de lui conférer une nouvelle esthétique, il s’y développe un double récit parallèle qui a le mérite d’exister en filigrane de la destruction provoquée par Skynet. Les pistes proposées sont rapidement intéressantes : la confrontation avec une autre intelligence artificielle pouvant s’opposer à la principale menace de la franchise, le regard sur l’apocalypse robotique dans un temps quasi-réel, le trajet émotionnel d’un protagoniste qui se découvre autrement,...
Il n’est donc pas difficile d’admettre que tout cela se suit avec un certain plaisir, le rythme des épisodes (8 d’une durée en-dessous de 30 minutes) parvenant à bien scinder son action mais surtout le développement de ses protagonistes. L’ouverture, se reposant sur une quasi-absence de dialogue, instaure déjà la brutalité graphique qui sera à l’œuvre durant la narration, entrant même en opposition avec les longs instants dialogués d’un protagoniste avec sa création. Si certains schémas narratifs restent classiques et qu’on peut regretter certaines tournures, il n’en reste pas moins un résultat hautement sympathique et distrayant.
Copyright Netflix |
Excroissance animée avec du potentiel, Terminator : Zero réussit le mieux dans ce qu’il construit en parallèle de la licence tout en s’octroyant une galerie de personnages intéressants. Certains des chemins qu’il prend sont attendus mais cela en fait un bon ajout à une licence sans doute trop enfermée dans l’aura de James Cameron. Ceci est assez ironique vu les questions sur la création que se pose un de ses personnages mais il s’en crée un divertissement plutôt pertinent, adulte dans son approche sans tomber dans du « edgy » adolescent et surtout donnant envie de pleinement se replonger dans les films sans réellement jouer la carte de l’imitation timorée.
Liam Debruel
Copyright Netflix |
Mort de sa moins belle mort possible passé deux simili-legacyquel, Terminator Genisys et Dark Fate, qui réussissaient la prouesse incroyable de venir souiller une mythologie jusqu'ici pas trop atteinte par les extensions (adoubées par un James " j'avais besoin d'argent pour Avatar 2, 3, 4 et 5 " Cameron qui n'en avait plus rien à foutre de son bébé) à un diptyque original parfait, la franchise Terminator semblait vraisemblablement enterrée dans un cercueil en colza scellé à la pisse ce qui, dans un sens, était le meilleur pour elle au sein d'une Hollywood la putain qui n'a de cesse de gangbangiser jusqu'à la moelle, toute production un peu populaire au sein de l'imaginaire collectif.
Copyright Netflix |
Mais puisque laisser mourir ses héros n'existent pas de l'autre côté de l'Atlantique, tout du moins pas tant qu'ils rapportent du pognon, et en attendant un reboot presque inéluctable puisque déjà annoncé par Cameron lui-même il y a quelques semaines (pas besoin de trop chercher midi à quatorze heures, pour comprendre que ce septième film aura une formule similaire dans sa conception, aux récents Prey et Alien : Romulus), disons bonjour à Terminator : Zero, pas tant un titre lucide sur son contenu (ne nous laissons pas enivrer par la chaleur du pessimisme facile), qu'une annonce claire sur les attentions de cette suite/extension animée (la première de l'histoire de la franchise) chapeautée par Mattson Tomlin, dans un partenariat pas si exceptionnel entre la firme au Toudoum, Netflix, et Production I.G : on repart - à nouveau - de zéro, juste après les événements de Terminator 2 : Le Jugement dernier, à l'instar de l'excellente série Les Chroniques de Sarah Connor, et on tente de rafraîchir les tapisseries comme on le peut.
Et, mine de rien, ça fait mouche tant il assume pleinement le meilleur (seul?) parti pris intéressant de Dark Fate : on ne se concentre ni sur John Connor, le chef de la résistance humaine contre Skynet dans le futur, ni sur sa mère, Sarah Connor, la soldate autodidacte militante qui a élevé tant bien que mal son rejeton, pour qu'il accomplisse sa destinée.
C'est tout bête mais cela fait un bien fou, à l'image du diptyque Le Réveil de la Force/Les Nouveaux Jedis qui venait imposer une galerie de nouveaux personnages au sein d'une franchise intensément nouée autour des actions et des choix d'une famille spécifique - les Skywalker -, mais aussi et surtout au cœur d'un seul et même cadre : les États-Unis - voire un chouïa au Mexique.
Copyright Netflix |
Cette idée d'ailleurs, tissée en quelques lignes dans les deux premiers films (on sait que la Russie sera la première à riposter aux attaques nucleaires), prend tout son sens ici en posant son intrigue au Japon, et en tournant autour des atermoiements d'un cousin pas si éloigné de Miles Dyson, Malcolm Lee, un scientifique japonais qui développe une intelligence artificielle ayant le pouvoir de rivaliser avec Skynet - Kokoro -, et de la combattante du futur Eiko, qui les protège alors qu'un Terminator est renvoyé du futur avec l'intention de l'assassiner lui et sa famille.
Simple, efficace, la narration reprend donc le même gimmick que les deux premiers Terminator (une famille prise pour cible par les machines), les mêmes émotions dévastatrices (des êtres déchirés et pourtant réunis par la tragédie d'une apocalypse imminente, catalyseur de leur réconciliation émotionnelle), tout en universalisant un peu plus son horreur sous-jacente (la peur autour d'un holocauste nucléaire, et d'une technologie qui se retourne contre l'homme) et en actant que malgré les actions de Sarah et John, le jugement dernier est inéluctable.
Et l'horreur y est ici totale (et plus palpable, à une heure où L'I.A. se fait de plus en plus omniprésente et, potentiellement, dangereuse), embrassant l'aura du premier film pour pousser encore un peu plus loin ses contours de slasher science-fictionnel, où le T-800 incarne encore plus directement un simili-Jason Vorhees increvable, face à une final girl qui cette fois, voyage dans le temps pour l'arrêter, au sein même d'un monde où la mort est partout, mais surtout incroyablement glaciale et sanglante (les os se brisent, les membres se déchirent et les peaux brûlent/fondent TOUT AU LONG des huit épisodes de cette première saison).
Copyright Netflix |
Plus sournoisement, Tomlin distille une thématique jamais réellement brossée jusqu'à présent (juste survolée, et encore, dans Dark Fate), à travers la figure de l'I.A. Kokoro : et si Skynet était dans le vrai dans son extinction de la race humaine ?
Et si Skynet avait cette fois raison de ne pas donner la priorité à l'humanité, mais bien à une planète que l'homme lui-même détruit aveuglément ?
À décimer un homme qui, de toute manière, trouve le moyen de transformer en arme la moindre de ses réalisations ?
Si les dilemmes philosophiques et ce que signifie être humain et/où avoir une famille ont toujours fait partie de la franchise, ils prennent ici un sens encore plus profond, encore plus métaphysique, rapprochant le show d'une autre production de Production I.G : Ghost in The Shell, qui synthétisait à la perfection l'obsession pour la robotique et l'holocauste nucléaire, des préoccupations loin d'être étrangères à la société nippone.
Que la série intègre les spécificités de la culture japonaise de manière si prégnante et organique, offre dès lors un champ des possibles des plus grisants à l'écran, le cauchemar apocalyptique de la saga ne pouvant trouver qu'un parallèle puissant au traumatisme d'Hiroshima et de Nagasaki.
Mais les joyeusetés ne s'arrêtent pas là, puisque Tomlin n'hésite pas non plus à s'aventurer vers le territoire sinueux du surnaturel - et même du multivers -, revigorant d'une manière inédite un lore qui n'avait jamais su autant poussé ses possibilités sur le territoire du live-action, trop peut-être il est vrai tant tout apparaît parfois un peu trop confus, même dans ses rebondissements à effets boule de neige où ses transitions temporels toutefois inventives.
Copyright Netflix |
C'est sans doute peu pour les non-initiés, mais les fans de Terminator auront rarement été aussi contentés et excités devant une extension racée et intelligente de la franchise, à tel point que l'on a réellement envie de savoir où elle va se diriger par la suite, même si cette première salve d'épisodes se suffit presque à elle-même.
C'est rare avec Netflix, mais on ne cracherait vraiment pas sur l'idée d'une seconde saison, loin de là même...
Jonathan Chevrier