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[CRITIQUE] : Comme le feu


Réalisateur : Philippe Lesage
Acteurs : Arieh Worthalter, Paul Ahmarani, Noah Parker, Aurélia Arandi-Longpré, Antoine Marchand-Gagnon,...
Distributeur : Tandem / Shellac
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Canadien, Français.
Durée : 2h35min.

Synopsis :
Jeff, 17 ans, est secrètement amoureux d’Aliocha. Tous deux admirent le mystérieux Blake, un vieil ami du père de la jeune fille, qui les invite à passer quelques jours dans son chalet de chasse au cœur du grand nord canadien.

Là, en pleine nature, les deux adolescents se confrontent à un monde d’adultes puérils, prêt à s’embraser.



Critique :



Si son nom ne devrait pas dire grand chose au spectateur lambda, le cinéphile un peu plus érudit se souviendra lui un peu plus aisément de Philippe Lesage, cinéaste franco-canadien qui a su se bâtir une filmographie fictionnelle sensiblement impressionnante à travers ses deux premiers efforts, Les Démons (observation intime et clinique d'une innocence enfantine percutée autant par les zones d'ombre que par les angoisses et les peurs du monde adulte) et Genèse (chronique adolescente tout en émotion et en sensibilité, où il caresse les émois de trois adolescents enlacés entre désir de l'autre, maladresses et incertitudes).

Copyright Shellac/Tandem

Autant dire donc son troisième effort, Comme le feu, se posait là comme un potentiel vrai évènement au sein d'un été ciné résolument tourné sur les grosses productions (et pas uniquement venues du pays de l'oncle Sam), mais surtout sur des Jeux Olympiques qui vampirisent férocement les attentions.

Pour l'occasion, celui qui s'était fait un simili-spécialiste dans l'exploration et dans la réflexion sur les émotions brutes qui bousculent la jeunesse, il s'aventure cette fois sur un territoire résolument plus sinueux et balisé : la chronique intergénérationnelle sauce virée entre amis (opposition quinquas amers/jeune génération qui aspire à ses propres rêves) qui tourne au vinaigre, où il laisse tranquillement mais sûrement au cœur de son montage plutôt généreux (voire excessif, avec 2h30 bien tassée au compteur), s'amasser les tensions au coeur de la nature sauvage canadienne, pour mieux orchestrer un jeu du plus fort où une claustrophobie rampante menace d'engloutir les plus vulnérables, alors que les comportements toxiques sont rois.

Copyright Shellac/Tandem

Portrait tout en malaise d'une amitié s'étant lentement gangrennée en un chaos toxique boursouflé d'égos, d'attentes désenchantées et de ressentiments, où les agressions passives se transformeront vite en une cruauté primaire et sans filtre (avec en filigrane, une critique des valeurs masculines toxiques profondément inscrites dans le monde de la création artistique); Comme le feu, qui vit uniquement ou presque pour ses personnages (même s'ils sont, assez paradoxalement, pour la plupart taillés à la serpe), se fait un drame humain émotionnellement dense et brut, qui aurait mérité un montage plus épuré et un rythme un poil plus soutenu, pour être encore un peu plus impactant.


Jonathan Chevrier