[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #184. The Hidden
© 1987 - New Line Cinema/Heron Communications |
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#184. Hidden de Jake Sholder (1987)
C'est sans doute l'esprit gentiment nostalgique de l'auteur de ses mots, peut-être un peu trop biberonné aux VHS déviantes durant son enfance (les magnétoscopes étaient les meilleures nounous du monde), qui vient à déclamer cette vérité absolument pas générale, mais c'est quand-même dommage qu'à l'instar d'un feu Stuart Gordon, Jack Sholder ne fasse pas plus partis des conversations cinéphiles.
Non pas que le bonhomme est une filmographie à faire pâlir de jalousie un John Carpenter voire un Wes Craven, mais dans le magma imposant et indistinct de péloches pas toujours digeste produites entre les années 80 et 90, de cinéastes à la fois adoubés puis digérés et expulsés aussi vite d'un système Hollywoodien qui dévore plus qu'il ne célèbre, le bonhomme fait partie de ses personnalités aux destinées loin d'être conventionnelles, capables de développer leurs propres réflexions tout en ayant un pied dans le système, mais avant tout et surtout en ne perdant jamais de vue la nécessité de divertir, coûte que coûte, son auditoire.
Qu'on ne parle pas plus du cinéaste n'est pas un échec en soit, mais plus une vraie occasion manquée d'autant que, paradoxalement, plusieurs de ses œuvres restent férocement ancrées dans la mémoire des mômes biberonnés au cinéma de l'époque : de Dément/Alone in the dark à La Revanche de Freddy, en passant par le pas si insignifiant que cela Flic et Rebelle (chouette réunion Kiefer Sutherland/Lou Diamond Phillips entre deux Young Guns), le jouissif Wishmaster 2 et le bijou Hidden, sans (aucun) doute son meilleur film.
Extension définitivement moins personnel et cathartique de la possession et de la transmission du mal déjà abordé dans son aventure Kruegerienne, le film se fait tout autant un actionner débridé et deglingué sauce buddy movie qu'un polar néo-noir Friedkinien (l'introduction tonitruante avec un braquage de banque aussi musclé que sanglant) où même, plus frontalement, pur thriller anxiogène, paranoïaque et profondément malsain, qui maintient habilement son auditoire dans l'ignorance quant aux aspects surnaturels et science-fictionnels de son histoire presque prétexte : un alien, loin du petit homme vert sympathoche et au long cou de Spielberg, qui passe de corps en corps, bien décidé de goûter aux joies de l'American Dream au coeur des 80s Reaganiennes, tout en étant pourchassé par un Kyle MacLachlan ayant déjà opéré ici sa mue vers le rôle de sa vie (l'agent Dale Cooper).
Mené tambour battant autant par la propension de Sholder à rythmer de manière vertigineuse les péripéties de son extraterrestre en fuite (passant d'un corps mourant à l'autre d'une manière incroyablement dégueulasse et marquante), qu'à jongler avec un naturelle confiant entre les codes du (des) genre(s), le film, atteignant sans bavure les quatre-vingt-dix minutes de bobine, ne se refuse ni élan spectaculaire, ni consistance narrative : quoi de mieux pour une satire sur l'Amérique des années 80, qu'un alien qui pousse les américains vers la folie, l'aliénation et l'autodestruction ?
Hidden, frère de sang du Invasion Los Angeles de John Carpenter, sorti quelques mois plus tard ? La question ne se pose même pas...
Souvent copié (coucou le chouette Shocker, l'horrible Jason va en enfer), mais jamais égalé, à une heure de sécheresse créative et où toute idée de série B fun semble clouée sur l'autel de la nostalgie faisandée, revoir Hidden convoque le souvenir d'une époque pas si lointaine où les cinéastes ambitieux (Carpenter, Dante,...) avaient encore la liberté de composer leur propre tempo cinématographique, d'aller à contre-courant des attentes, de jongler avec les genres pour créer leurs propres histoires, même maladroites.
Une autre époque, d'autres (belles) histoires...
Jonathan Chevrier
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#184. Hidden de Jake Sholder (1987)
C'est sans doute l'esprit gentiment nostalgique de l'auteur de ses mots, peut-être un peu trop biberonné aux VHS déviantes durant son enfance (les magnétoscopes étaient les meilleures nounous du monde), qui vient à déclamer cette vérité absolument pas générale, mais c'est quand-même dommage qu'à l'instar d'un feu Stuart Gordon, Jack Sholder ne fasse pas plus partis des conversations cinéphiles.
Non pas que le bonhomme est une filmographie à faire pâlir de jalousie un John Carpenter voire un Wes Craven, mais dans le magma imposant et indistinct de péloches pas toujours digeste produites entre les années 80 et 90, de cinéastes à la fois adoubés puis digérés et expulsés aussi vite d'un système Hollywoodien qui dévore plus qu'il ne célèbre, le bonhomme fait partie de ses personnalités aux destinées loin d'être conventionnelles, capables de développer leurs propres réflexions tout en ayant un pied dans le système, mais avant tout et surtout en ne perdant jamais de vue la nécessité de divertir, coûte que coûte, son auditoire.
© 1987 - New Line Cinema/Heron Communications |
Qu'on ne parle pas plus du cinéaste n'est pas un échec en soit, mais plus une vraie occasion manquée d'autant que, paradoxalement, plusieurs de ses œuvres restent férocement ancrées dans la mémoire des mômes biberonnés au cinéma de l'époque : de Dément/Alone in the dark à La Revanche de Freddy, en passant par le pas si insignifiant que cela Flic et Rebelle (chouette réunion Kiefer Sutherland/Lou Diamond Phillips entre deux Young Guns), le jouissif Wishmaster 2 et le bijou Hidden, sans (aucun) doute son meilleur film.
Extension définitivement moins personnel et cathartique de la possession et de la transmission du mal déjà abordé dans son aventure Kruegerienne, le film se fait tout autant un actionner débridé et deglingué sauce buddy movie qu'un polar néo-noir Friedkinien (l'introduction tonitruante avec un braquage de banque aussi musclé que sanglant) où même, plus frontalement, pur thriller anxiogène, paranoïaque et profondément malsain, qui maintient habilement son auditoire dans l'ignorance quant aux aspects surnaturels et science-fictionnels de son histoire presque prétexte : un alien, loin du petit homme vert sympathoche et au long cou de Spielberg, qui passe de corps en corps, bien décidé de goûter aux joies de l'American Dream au coeur des 80s Reaganiennes, tout en étant pourchassé par un Kyle MacLachlan ayant déjà opéré ici sa mue vers le rôle de sa vie (l'agent Dale Cooper).
Mené tambour battant autant par la propension de Sholder à rythmer de manière vertigineuse les péripéties de son extraterrestre en fuite (passant d'un corps mourant à l'autre d'une manière incroyablement dégueulasse et marquante), qu'à jongler avec un naturelle confiant entre les codes du (des) genre(s), le film, atteignant sans bavure les quatre-vingt-dix minutes de bobine, ne se refuse ni élan spectaculaire, ni consistance narrative : quoi de mieux pour une satire sur l'Amérique des années 80, qu'un alien qui pousse les américains vers la folie, l'aliénation et l'autodestruction ?
Hidden, frère de sang du Invasion Los Angeles de John Carpenter, sorti quelques mois plus tard ? La question ne se pose même pas...
© 1987 - New Line Cinema/Heron Communications |
Souvent copié (coucou le chouette Shocker, l'horrible Jason va en enfer), mais jamais égalé, à une heure de sécheresse créative et où toute idée de série B fun semble clouée sur l'autel de la nostalgie faisandée, revoir Hidden convoque le souvenir d'une époque pas si lointaine où les cinéastes ambitieux (Carpenter, Dante,...) avaient encore la liberté de composer leur propre tempo cinématographique, d'aller à contre-courant des attentes, de jongler avec les genres pour créer leurs propres histoires, même maladroites.
Une autre époque, d'autres (belles) histoires...
Jonathan Chevrier