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[FUCKING SERIES] : Cobra Kai saison 6, partie 1 : The Final Countdown


(Critique - avec spoilers - de la première partie de la sixième et dernière saison)


Petit miracle sorti de nulle part où plutôt, d'une plateforme éphémère qui n'aura produit de bon qu'elle (YouTube Premium, petit ange coûteux parti trop tard), Cobra Kai a su savamment titillé la nostalgie des 80s de son auditoire tout en développant assez solidement la mythologie d'une saga Karate Kid qui, au-delà du film original et d'une première suite plutôt défendable, ne méritait pas forcément qu'on la déterre - ne parlez pas du remake, s'il vous plaît.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

Un show à la mue un peu particulière, un temps tourné vers ce que l'on peut résumer à un " The Johnny Lawrence Show " (peut-être sa meilleure période, posons tout de suite les termes car plus que tous, Johnny est le personnage pivot du show), où la version adulte/père ivre mais touchant du karatéka nemesis de Daniel LaRusso (un personnage totalement hors du temps, comme John McClane, le chômage et le karaté en plus sur le CV), avant de devenir un show plus choral suite aux rachats d'une Netflix qui lui a instinctivement collé à la tronche sa formule.

Une mutation pas si désagréable, puisque les rivalités intestines et parfois violentes entre les deux adultes profondément immatures, mais aussi entre les élèves de leurs propres dojos Cobra Kai et Miyagi-Do, ont permis à cette nouvelle monture à la fois de développer plusieurs micro-mélodrames plutôt bien amenés, de pérenniser son statut auprès d'un jeune public avec son (gros) pendant teen show, mais aussi et surtout de ramener toutes les figures phares de la saga - John " No Mercy " Kreese, Terri Silver, Chozen Toguchi et même Mike Barnes.
Une bénédiction (surtout avec l'humour génial apporté par Yuji Okumoto), tant la rivalité Lawrence/LaRusso ne pouvait pas éternellement durer, d'autant que leur dynamique buddy moviesque contre le tandem Silver/Kreese a apporté bons nombres de scènes succulentes.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

Toutes les pièces ont lentement été placés pour mener non pas à un affrontement final pour savoir qui dominerait La Vallée (la fin la plus logique qui soit), mais bien... le monde, aussi ridiculeusement démesuré que cela puisse paraître, au sein du Sekai Taikai face à John Kreese (qui voyage tranquillement à travers le globe tout en étant recherché donc...).qui se déroulera à Barcelone, où l'équilibre entre les deux styles des deux héros - Eagle Fang/Miyagi-Do - est constamment remis en jeu par leurs inéluctables frictions, notamment à propos de l'héritage de Miyagi, montré sous un jour plus sombre que jamais.

Mais cette première salve fait in fine moins place à la préparation du dit tournoi, pas chiche en excellents affrontements (Johnny/Mike Barnes, Miguel/Robby où même un petit brawl à la fac), qu'au développement et à la lente conclusion des arcs de chaque personnages (avec certes, des arcs de rédemptions un poil improbables, une Tory qui fait le yo-yo avec Cobra Kai voire même une énième opposition entre Daniel/Johnny et Hawk/Demetri à la clé), que l'on a vu grandir, souffrir et mûrir à l'écran; un choix salutaire marqué par la scission en trois parties de cette ultime saison, qui nous prépare autant au grand spectacle final (avec les motivations plurielles qu'ont chacun de gagner) qu'à des adieux attendus, même si la carte du " on brise tout pour mieux réconcilier tout le monde à la fin ", commence sensiblement à irriter par sa redondance.

Copyright Curtis Bonds Baker/Netflix

Sans renouveler une formule éprouvée même si de plus en plus usée, Cobra Kai amorce gentiment mais sûrement son ultime virage, et ses cinq premières épisodes, intelligemment tournés vers ses personnages plus que vers le Sekai Taikai, incarnent une bonne amorce à ce qui, on l'espère vu le temps qu'elle a eu (et qu'elle va prendre) pour se développer, un final en bon et du forme à une série sur le papier dispensable, mais qui est vite devenue incontournable.


Jonathan Chevrier