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[CRITIQUE] : Typhoon Club


Réalisateur : Shinji Sōmai
Avec : Yuichi MikamiYouki KudohTomokazu Miura,…
Distributeur : Survivance
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Un vent puissant se lève sur une petite ville près de Tokyo. Alors que des lycéens sont en chemin pour l’école, un typhon approche. Ignorant l’ordre d’évacuer le lycée, quelques élèves décident de se confiner dans l'établissement. Une parenthèse cruelle, délurée et dansée s'ouvre et se ferme le temps d'une nuit d'été et de tempête.



Critique :



Quasiment un an ou presque après la sortie en salles de l'inédit et magnifique Déménagement/Ohikkoshi de Shinji Sōmai (tragiquement disparu en 2001 d'un cancer du poumon, à l'âge de 53 ans), passé par la case Un Certain regard à Cannes (en 1993, la même année que son compatriote Takeshi Kitano avec Sonatine, mélodie mortelle), la firme Survivance persiste et signe dans sa célébration du cinéma de l'orfèvre nippon, injustement peu reconnu en Occident, avec Typhoon Club, dégainé en catimini dans l'hexagone en 1988, et désormais de retour dans une version toute pimpante et restaurée.

Une bénédiction pour les cinéphiles, rien de moins.

Copyright Survivance

Faussement vendu comme un cousin décemment plus solennel d'un Breakfast Club de John Hughes produit dans la même foulée, le petit bijou de Sōmai, dont la tempête du titre est à la fois littérale (alors qu'un typhon approche aux abords d'une petite ville près de Tokyo, une poignée de lycéens, en chemin pour l'école, ignore l'ordre d'évacuer l'établissement et décident de s'y confiner) et symbolique (les frustrations de l'adolescence et les craintes face à la transition vers l'âge adulte), a presque tout  de l'anti-coming of age movie, dans le sens où il s'attache de manière douloureusement réaliste et mélancolique, sans la moindre once de romantisme, à de jeunes personnages qui ne semblent jamais véritablement armés pour encaisser les sentiments qui les assaillent, ni même pour embrasser une vie d'adulte pour laquelle ils n'ont pas été assez - voire même pas du tout - préparés.

Avec une tendresse néanmoins emprunt d'une vraie âpreté, Sōmai accompagne ses jeunes âmes au plus près de leurs échanges, de leurs conflits, de leurs explorations intimes (et sexuelles) et de leurs incompréhensions figées, laissant leur maladresse (parfois violente et dérangeante) et leur fragilité embaumer la moindre parcelle du cadre, capturée par une caméra précise et virevoltante qui a consciente, tout comme eux, que le temps de l'innocence est déjà loin derrière.

Copyright Survivance

Auscultation sombre et vraie d'un Japon presque parallèle (quasiment aucun adulte à l'horizon, excepté un professeur de maths et un proviseur), dont les ténèbres et les névroses ne sont pourtant jamais loin, expurgée où presque de tous les clichés habituels du récit initiatique d'adolescents inquiets, au carrefour des incertitudes de l'âge adulte, Typhoon Club se fait une œuvre à la fois cruelle et désespérée, douloureuse et fataliste, sur une jeunesse déboussolée et déjà déçue par la vie, qui se sait condamnée à ne jamais vraiment pouvoir jouir de leur liberté.
Une sacrée (re)découverte.


Jonathan Chevrier