[CRITIQUE] : Tatami
Réalisatrice•teur : Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv
Avec : Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Jaime Ray Newman, Nadine Marshall,…
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Géorgien, Américain.
Durée : 1h43min
Synopsis :
La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l'intention de ramener sa première médaille d'or à l'Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l'implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve.
Critique :
Au vu de l’actualité française récente et notamment certains débats sur les réseaux sociaux, il redevient important de rappeler en permanence la nature politique de toute chose, même ce qui constitue des divertissements comme le cinéma ou encore le sport. Ces deux activités ont en commun une possibilité de ferveur personnelle tout en appelant à la nature singulière et commune de ces voix, résonnance entre l’individu et le groupe. Il n’est donc pas étonnant que le septième art ait cherché à exprimer la puissance physique du sport, d’autant plus quand il s’agit d’interroger le fond politique derrière la forme exaltante, à l’image de ce Tatami.Quand la performance physique renvoie aux pressions intimes du pouvoir, il s’en crée une œuvre frappante au rythme intense. #Tatami est ainsi particulièrement important dans son enjeu moral tout en profitant d'un dynamisme du film de sport joliment captivant. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/caSkjJxNSc
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 16, 2024
Copyright Metropolitan FilmExport |
Les réalisateurs Zar Amir Ebrahimi (également actrice) et Guy Nattiv suivent en effet l’histoire d’une judokate iranienne et de son entraîneuse poussées à abandonner le championnat du monde de judo pour éviter toute confrontation avec la sportive israélienne. Leur mise en scène va à l’avenant de l’enfermement connu par les protagonistes, jouant essentiellement sur leur isolement dans le bâtiment où se déroule la compétition et où se confrontent leurs propres convictions personnelles. Ainsi, à l’exception de quelques flash-back et du point de vue d’un proche, la narration nous étouffe dans ses questions politiques avec un attrait permanent.
Ce renfermement physique se couple à une mise en scène particulièrement dynamique du sport, jouant la gradation des matchs pour mieux accentuer sa pression, aussi bien sportive que politique. Le choix du cadre appuie d’autant plus notre biais de spectateur qu’il interroge sur la liberté laissée aux sportives, dans un contexte de fond qui brûle d’autant plus actuellement. La tension qui se développe s’avère alors des plus effective, tout en profitant d’un traitement particulièrement judicieux du noir et blanc. Ce choix de photographie, en plus d’offrir des images léchées au plus près des combats, cadre les lieux comme potentielles prisons, à l’image d’une poursuite dans les rues aux ombres constantes.
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Tatami est ainsi particulièrement important dans son enjeu moral, tout en profitant d'un dynamisme du film de sport particulièrement captivant. Quand la performance physique renvoie aux pressions intimes du pouvoir, il s’en crée une œuvre frappante au rythme intense. On peut alors renvoyer une énième fois à l’ancrage politique de tout chose, sportive ou artistique, et profiter de la qualité d’un film aussi réussi que celui de Zar Amir Ebrahimi et Guy Nattiv.
Liam Debruel