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[CRITIQUE] : Horizon : une saga américaine Chapitre 1


Réalisateur : Kevin Costner
Acteurs : Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Luke Wilson, Jamie Campbell Bower, Ella Hunt, Michael Rooker, Abbey Lee, Isabelle Fuhrman,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Drame, Western.
Nationalité : Américain.
Durée : 3h01min.

Synopsis :
Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession. L'expansion vers l'Ouest est semée d'embûches qu'il s'agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres et de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser...



Critique :



Quoiqu'en enverront les spectateurs de mauvais goût, et ils sont bien plus nombreux qu'on ne le pense, l'idée de voir Kevin Costner, comédien talentueux mais surtout l'un des cinéastes américains les plus importants de sa génération, se positionner à contre-courant de la proposition actuelle en renouant avec le genre qui lui sied le mieux, le western purement Fordien, pile poil deux décennies après son magnifique Open Range, était sans doute l'un des plus beaux cadeaux que pouvait nous faire une année ciné 2024 pourtant déjà riche jolies séances.

Copyright Metropolitan FilmExport

Véritable pari fou d'une vie (comme Coppola avec Megalopolis, Costner a engagé ses propres deniers pour mener à bien le projet), fresque - pour le moment - en deux chapitres de trois heures appelée, en cas d'un succès qui ne devrait en toute logique pas vraiment pointer le bout de son nez (on ne demande qu'à ce que ses chiffres au box-office nous donnent tort), à élargir ses frontières en d'autres épisodes cinématographique (on parle, pour le moment, d'hypothétiques chapitres 3 et 4 de la même durée), Horizon : une saga américaine - tout est dans le titre -, se revendiquait comme une plongée à la fois grandiloquente, épique et romantique au cœur de l'expansion de l'Ouest américain, une poignée d'années après la terrible guerre de Sécession, clouée aux basques d'âmes voulant bouffer le rêve américain par la racine, mais dont les rêves et les espoirs se heurteront à la cruauté et à la violence brutale et primaire de l'homme.

Du cousu main pour le bonhomme, même si le fantôme de The Postman n'est jamais très loin, autre production qui allait à contre-courant du temps, de la logique du moment, des attentes du spectateur moyen et même tout simplement de la raison, sans avoir les reins assez solides pour assumer son pari et ne pas finir la pellicule enterrée sous la poussière mortelle de l'Ouest.

Copyright Metropolitan FilmExport

Ce qui est, pour le moment, l'impression assez amère que laisse en bouche ce Chapitre 1, première monture de ce qui s'annonce comme une saga chorale sur plusieurs générations, in fine moins cinématographique que télévisuelle dans sa structure (impossible de ne pas penser un minimum, au cultissime Nord et Sud), un opus d'introduction qui peine justement à introduire ses nombreux enjeux - pas aidé par de grosses ellipses forcées - autant que sa flopée toute aussi impressionnante de personnages, dont la quasi-intégralité n'a pas (encore ?) assez de grain à moudre pour pleinement exister (en espérant que les personnages féminins soient moins anecdotiques/artificiels par la suite).

Mais là où le bas blesse, c'est dans la réalisation cruelle que si Costner convoque les plus belles heures de son cinéma (Danse avec les loups et Open Range), il ne semble plus véritablement capable d'en retrouver la même mesure ni même la même grandeur, d'autant plus quand il laisse son montage se laisser aller à une durée bien trop excessive pour le bien de ses ambitions épiques.
De là à dire que son Horizon ressemble moins à Open Range qu'aux explorations de l'Ouest récentes et télévisuelles lisses de Taylor Sheridan sur Paramount +, est un pas difficile que l'on se permet pourtant de franchir, tant tout y est déséquilibré et inconsistant, magnifique certes mais avant tout profondément frustrant.

Copyright Metropolitan FilmExport

Et pourtant, paradoxalement, il est impossible de ne pas aimer ce cadeau offert par Costner, qui a mis toute son âme dans son désir louable de conter pour raconter la genèse de sa propre nation (à travers le fantasme d'une ville " idéale " et fictive du Montana, Horizon, prototype affirmé des fondements de la société ricaine), toujours marqué par son classicisme à la fois familier et (très) archaïque, son amour des grands espaces autant que des dialogues solennelles, dégainés avec une assurance qui n'a d'égale que son charisme toujours aussi imposant (deux, trois regards caméra suffisent à mettre les frissons); mais aussi et surtout sa vision crue d'une Amérique dont le rêve virginale s'est bâti dans le sang et les larmes, où chaque terre conquise fut jonchée de cadavres.

Un peu trop confus dans ses nombreuses histoires qui sont censés converger entre elles, le cinéaste démarre poussivement un édifice sensiblement feuilletonnant qui devrait prendre toute sa mesure au cours des neuf heures restantes, si tenté est qu'elles voient véritablement le jour, même s'il est déjà perceptible qu'Horizon manque de ce petit quelque chose en plus, pour être le grand western qu'il prétend, rêve d'être.


Jonathan Chevrier