[CRITIQUE] : Nomad
Réalisateur : Patrick Tam
Avec : Leslie Cheung, Pat Ha, Cecilia Yip, Kent Tong,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Thriller.
Nationalité : Hongkongais.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Rejetons de la classe aisée hongkongaise, Louis et son amie Kathy vont se lier à Tomato et Pong, de condition plus modeste. Devenus inséparables, les deux couples mènent une vie oisive, rêvant de rallier des contrées lointaines à bord du Nomad, le voilier du père de Louis. Ils seront bientôt rejoints par Shinsuke, le petit ami nippon de Kathy, poursuivi pour avoir déserté l’Armée rouge japonaise…
Critique :
Quelques mois à peine après sa ressortie du magnifique Rivière de nuit de Kôzaburô Yoshimura (magnifique mélodrame doux-amer et poignant, dénué de toute sentimentalité putassière, ou le cinéaste dressait autant le portrait d'un Japon en pleine transition, que celui d'une femme indépendante qui ne demande que d'avoir un peu plus de couleurs dans son coeur), mais surtout du grandiose cycle Stanley Kwan il y a une poignée de semaines (Amours Déchus, Rouge, Center Stage et Lan Yu); Carlotta, les premiers à célébrer le cinéma asiatique dans l'hexagone et qui nous avait déjà offert tout récemment le (très) sympathique revenge movie sauce wu xia pian La Vengeance du dragon noir de Joseph Kuo, persiste et signe dans sa volonté d'embellir la (très) dense proposition cinématographique en salles actuelle.
Nouvelle preuve en date, alors que l'été commence timidement à pointer le bout de son soleil, avec le magnifique et Rohmerienne (sauf dans son dernier tiers) en diable Nomad, chronique comico-mélodramatico-sensuelle (et même avec un bon doigt d'action !) sur une jeunesse hongkongaise en pleine quête d'identité - pas uniquement culturelle - et goûtant avec gourmandise aux plaisirs de la chair, chapeauté par l'une des figures phares de la Nouvelle Vague made in Hong Kong, Patrick Tam.
De son titre, qui fait directement référence au voilier appartenant au père du héros, et devient le symbole du désir d'évasion de tous les protagonistes, l'ironie de la référence au pays de l'oncle Sam se ressent jusque dans une narration fermement vissée sur les atermoiements d'une jeunesse délaissée et sans but, errant dans une région pré-rétrocession abreuvée autant par une culture pop - majoritairement - américaine omniprésente, que par l’influence sensiblement néfaste d'un courant d'idées nippones plus liberticides, aux irruptions brutales.
Des jeunes plein d'espoir et d'amertume, tiraillés entre leur désir envers eux-mêmes, qui affranchit les barrières de classe, et celui plus romantique et utopique, de trouver un lieu, une terre, un monde qui leur est propre alors que l'avenir est à eux.
Charnel et brutal à la fois, véritable bulle euphorisante et fascinante socialement acerbe et au lyrisme enchanteur, Nomad, dominé par un quatuor Leslie Cheung/Pat Ha/Cecilia Yip/Kent Tong proprement exceptionnel, surprend par sa manière libre et solaire de jongler tel un funambule entre les genres et les tons, mais aussi entre les corps et les cœurs, de ses jeunes âmes à la mélancolie dévorante.
Une magnifique génération (é)perdue figée dans un écrin cinématographique incroyable, à la fois douloureusement réaliste et tendrement échappé d'un roman photo tout droit sortie des 80s.
Jonathan Chevrier
Avec : Leslie Cheung, Pat Ha, Cecilia Yip, Kent Tong,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Thriller.
Nationalité : Hongkongais.
Durée : 1h36min
Synopsis :
Rejetons de la classe aisée hongkongaise, Louis et son amie Kathy vont se lier à Tomato et Pong, de condition plus modeste. Devenus inséparables, les deux couples mènent une vie oisive, rêvant de rallier des contrées lointaines à bord du Nomad, le voilier du père de Louis. Ils seront bientôt rejoints par Shinsuke, le petit ami nippon de Kathy, poursuivi pour avoir déserté l’Armée rouge japonaise…
Critique :
Charnel et tendre sans être exempt de brutalité, jonglant entre les genres et les tons tout autant qu'entre les corps et les cœurs, de ses jeunes âmes à la mélancolie dévorante, #Nomad se fait une magnifique chronique mélodramatique et sensuelle sur une génération (é)perdue. pic.twitter.com/Yu10zVkgDJ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 22, 2024
Quelques mois à peine après sa ressortie du magnifique Rivière de nuit de Kôzaburô Yoshimura (magnifique mélodrame doux-amer et poignant, dénué de toute sentimentalité putassière, ou le cinéaste dressait autant le portrait d'un Japon en pleine transition, que celui d'une femme indépendante qui ne demande que d'avoir un peu plus de couleurs dans son coeur), mais surtout du grandiose cycle Stanley Kwan il y a une poignée de semaines (Amours Déchus, Rouge, Center Stage et Lan Yu); Carlotta, les premiers à célébrer le cinéma asiatique dans l'hexagone et qui nous avait déjà offert tout récemment le (très) sympathique revenge movie sauce wu xia pian La Vengeance du dragon noir de Joseph Kuo, persiste et signe dans sa volonté d'embellir la (très) dense proposition cinématographique en salles actuelle.
Copyright Carlotta Films |
Nouvelle preuve en date, alors que l'été commence timidement à pointer le bout de son soleil, avec le magnifique et Rohmerienne (sauf dans son dernier tiers) en diable Nomad, chronique comico-mélodramatico-sensuelle (et même avec un bon doigt d'action !) sur une jeunesse hongkongaise en pleine quête d'identité - pas uniquement culturelle - et goûtant avec gourmandise aux plaisirs de la chair, chapeauté par l'une des figures phares de la Nouvelle Vague made in Hong Kong, Patrick Tam.
De son titre, qui fait directement référence au voilier appartenant au père du héros, et devient le symbole du désir d'évasion de tous les protagonistes, l'ironie de la référence au pays de l'oncle Sam se ressent jusque dans une narration fermement vissée sur les atermoiements d'une jeunesse délaissée et sans but, errant dans une région pré-rétrocession abreuvée autant par une culture pop - majoritairement - américaine omniprésente, que par l’influence sensiblement néfaste d'un courant d'idées nippones plus liberticides, aux irruptions brutales.
Des jeunes plein d'espoir et d'amertume, tiraillés entre leur désir envers eux-mêmes, qui affranchit les barrières de classe, et celui plus romantique et utopique, de trouver un lieu, une terre, un monde qui leur est propre alors que l'avenir est à eux.
Copyright Carlotta Films |
Charnel et brutal à la fois, véritable bulle euphorisante et fascinante socialement acerbe et au lyrisme enchanteur, Nomad, dominé par un quatuor Leslie Cheung/Pat Ha/Cecilia Yip/Kent Tong proprement exceptionnel, surprend par sa manière libre et solaire de jongler tel un funambule entre les genres et les tons, mais aussi entre les corps et les cœurs, de ses jeunes âmes à la mélancolie dévorante.
Une magnifique génération (é)perdue figée dans un écrin cinématographique incroyable, à la fois douloureusement réaliste et tendrement échappé d'un roman photo tout droit sortie des 80s.
Jonathan Chevrier