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[CRITIQUE] : Excursion

Réalisatrice : Una Gunjak
Acteurs : Asja Zara LagumdžijaNađa SpahoMaja IzetbegovicMediha Musliovic,...
Distributeur : JHR Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Bosniaque, Croate, Norvégien, Slovaque.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
À Sarajevo, Iman, une adolescente en quête de reconnaissance, affirme lors d’un “action ou vérité” entre collégiens avoir fait l’amour pour la première fois. Prisonnière de son propre mensonge, elle invente une grossesse et devient le centre d’une controverse qui échappe à tout contrôle.




Critique :



À une heure du tout connecté, ou les réseaux sociaux et leur dépendance accrue sont rois (et pas uniquement sur la frange la plus jeune de la population), il faut vraiment (très) peu de chose pour qu'une jeune existence déraille et viré viré cauchemar, pour que la frontière entre la mauvaise blague - toujours cruelle, même si elle ne mène pas au pire - et le harcèlement se confondent, pour que la perte de confiance conduise à une perte d'envie de tout, même de vivre.

Copyright JHR Films

Cette fine frontière est au cœur du premier long-métrage, dénué de tout misérabilisme putassier, de la wannabe cinéaste Una Gunjak, Excursion, où une simple rumeur adolescente sert de ce point d'ancrage familier pour voguer vers quelque chose de plus socialement et politiquement affirmé, très proche du cinéma roumain voisin, moins générationnel - et réservé à strictement à l'adolescence - puisque pluriel dans son prisme.

Pas si éloigné du récent L'affaire Abel Trem du cinéaste hongrois Gábor Reisz, tout autant que du réalisme viscéral du cinéma des frères Dardenne, la narration part d'un postulat finalement très proche du teen movie américain et de son atmosphère boursouflée d'hormones (un petit mensonge impulsif lancé par une adolescente sur elle-même, qui prétend avoir eu des rapports intimes avec son petit ami, la plaçant dès lors dans une position étrange entre victime et bourreau de sa propre condition), vire tranquillement mais sûrement vers le drame choral, ou plusieurs histoires et personnages se mélangent dans un canevas visant à sonder les dures contrastes de la société bosniaque contemporaine au néolibéralisme décomplexé, toujours autant marquée autant par les traumatismes de la guerre que par l'étroitesse d'esprit du patriarcat.

Copyright JHR Films

Misogynie profondément enracinée, racisme, harcèlement scolaire, institution éducative aux abois ou encore division de classes, la cinéaste est on ne peut plus lucide dans sa radiographie crue des maux qui gangrènent sa nation - tout autant que sur sa violence sourde qui menace continuellement d'exploser -, au moins tout autant que dans son portrait psychologiquement fouillé d'une adolescence oppressée aux portes - et pourtant encore loin - de la maturité.

Un excellent premier effort donc, pas dénué d'aspérités ni d'un petit esprit un poil schématique donc (que ne vient jamais trompé son dynamisme salutaire), mais qui vaut décemment le coup d'œil.


Jonathan Chevrier


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