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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Le Squelette de madame Morales


Réalisateur : Rogelio A. González
Acteurs : Arturo de Cordova, Amparo Rivelles, Angelines Fernández, Pablo Pauly,...
Distributeur : Les Films du Camelia
Budget : -
Genre : Comédie, Policier, Épouvante-horreur.
Nationalité : Mexicain.
Durée : 1h32min.

Date de sortie : 2 août 2023 (MUBI)
Date de ressortie : 3 avril 2024

Synopsis :
Le mariage entre Gloria et Pablo Morales est un enfer. Un jour, Pablo annonce à ses connaissances que sa femme est partie pour Guadalajara. Cependant, dans son laboratoire de taxidermiste, Pablo garde un squelette qu’il traite comme s’il s’agissait de son épouse éveillant les soupçons d'un prêtre…



Critique :



Qu'on se le dise, à une époque où la cinéphilie se statue, selon une poignée de spectateurs particulièrement bruyants, selon une liste de films vulgairement établie qu'il faut avoir vu (pas compris, vu, n'en demandez pas trop), il n'y a décemment aucun mal à avouer ne pas connaître un/une cinéaste et sa filmographie.

Après tout, le septième art n'est-il pas un champ constant de découverte, un univers dense et passionnant qui ne demande qu'à être arpenté avec enthousiasme et curiosité, quand bien même certains ne se borne qu'à ratisser la même zone usée et infertile.

Copyright Les Films du Camelia

Pour l'auteur de ces mots, le cinéaste mexicain Rogelio A. González n'était encore qu'un nom lu à l'arrachée au travers de quelques textes, malgré une carrière foisonnante aussi bien devant que derrière la caméra (plus de 70 réalisations en a peine trente-deux ans).
On ne remerciera donc jamais assez Les Films du Camélia, toujours au rendez-vous des bons plans, pour redonner un coup de projecteur même modeste, sur ce cinéaste avec la ressortie, faisant plus ou moins écho à sa sélection dans la section Cannes Classics sur la Croisette cuvée 2023, du film Le Squelette de madame Morales.

Soit une merveille de comédie noire « buñuelienne » sur un mariage loin d'être parfait, entre un joyeux taxidermiste et une femme amère et excessivement religieuse, qui ne supporte pas la profession de son mari, et encore moins l'idée qu'il veuille une progéniture.
Quinze ans d'une torture qui définit parfaitement le " pire " du " pour le meilleur et pour le pire ", qui vont amener le bonhomme, après une énième goutte d'eau (la destruction de l'appareil photo qu'il désirait tant, qui faisait déjà suite à des accusations mensongères d'ivrognerie et d'abus), à empoisonner sa moitié, la disséquer puis de placer son squelette dans la vitrine de son magasin (" jusqu'à ce que la mort vous sépare " hein).

Copyright Les Films du Camelia

Pas de demi-mesure donc, pour cette petite comédie avant-gardiste délicieusement macabre suscitant l'empathie de manière improbable, qui masque à peine sa charge acide et cinglante autant envers une bourgeoisie hypocrite, que contre un fanatisme religieux furieusement émasculateur; Le Squelette de madame Morales ou un magnifique exemple du granguiñolesca mexicain (à qui Joe D'Amato concoctera un cousin encore plus audacieux et glauque, Blue Holocaust), rencontre folle et magique entre comédie noire et film noir - avec un gros doigt de fantastique -, portée par la force d'une mise en scène enlevée et virtuose.

Le genre de (re)découverte qui fout une banane... d'enfer.


Jonathan Chevrier


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