[CRITIQUE] : Salem
Réalisateur : Jean-Bernard Marlin
Acteurs : Dalil Abdourahim, Oumar Moindjie, Wallen El Gharbaoui, Mohamed Soumare,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Djibril est un jeune comorien des Sauterelles, un quartier difficile de Marseille. Il est amoureux de Camilla, une gitane du quartier rival des Grillons. Lorsqu’elle lui apprend qu’elle est enceinte, Djibril lui demande d’avorter pour ne pas déclencher une guerre des clans. Mais l’assassinat d’un ami de Djibril, sous ses yeux, va embraser les deux cités. Traumatisé, Djibril sombre peu à peu dans la folie. Il est persuadé qu'une malédiction s'est abattue sur le quartier et décide de garder à tout prix son enfant : pour lui, seule sa fille pourra les sauver du chaos.
Critique :
Toute personne est inscrite dans une forme de narration. Celle-ci peut être fictionnelle, sociale, mythique, économique mais nous sommes tous et toutes pris par des ressorts qui nous dépassent, du héros le plus puissant à l’individu se croyant le plus insignifiant. Cet art de l’histoire globale et intime du monde a toujours nourri la fascination des artistes en tous genres mais la proposition de Jean-Bernard Marlin dispose d’une singularité qui, à défaut de cliver largement son audience, a le mérite d’exister dans sa multiplicité tonale, aussi casse-gueule sur le papier qu’elle est fascinante à l’écran.
Ainsi, Salem lie l’amour entre deux jeunes de cités concurrentes à une mythologie urbaine où les conflits se développent à l’échelle d’une microsociété, en marge de notre réalité commune. Là, les individus doivent subsister dans une forme multiple de violence qui se meut à des enjeux sociaux assourdissants. Si Djibril se croit affranchi de la prison dans laquelle il a été enfermé pendant plusieurs années, il en ressort pourtant toujours enchaîné à des conflits qui le dépassent et où sa fille pourrait être la clé de la résolution. La foi se développe dans une esthétique naturaliste qui exacerbe d’autant plus les échappées vers un possible irréel.
Dans l’interview qu’il nous a accordée, Jean-Bernard Marlin nous parle de son lien avec le fantastique et la façon dont la définition conçue par Todorov a su se coupler avec ses interrogations de cinéaste. Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur de Shéhérazade mêle alors les genres, les tons, les approches, quitte à désarçonner constamment. La volonté d’un naturel dans la gestion de ses acteurs non professionnels ne peut que diviser, tout autant que la lumière écrasante du film, comme une manière d’accentuer le poids qui repose sur les protagonistes. Mais tout cela intrigue, capte, et ce même dans ce qui pourrait s’apparenter à un déséquilibre tonal. La volonté d’ampleur se déploie dès lors avec des ramifications relationnelles qui continuent encore de titiller après la séance.
S’il peut paraître casse-gueule sur le papier dans sa façon de mêler diverses intentions à priori inconciliables, Salem n’en demeure pas moins une approche cinématographique fascinante dans sa façon de faire rebondir ses thématiques et ses intentions de manière assumée, quitte à diviser largement son audience. Ici, cette ambition qui ploie par moments sur le récit nous trotte encore dans la tête, étirant son rythme pour mieux dépeindre sa toile de personnages en gravitation dans ce microcosme féroce que cherche à capter dans toute sa largeur son réalisateur.
Liam Debruel
Acteurs : Dalil Abdourahim, Oumar Moindjie, Wallen El Gharbaoui, Mohamed Soumare,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Djibril est un jeune comorien des Sauterelles, un quartier difficile de Marseille. Il est amoureux de Camilla, une gitane du quartier rival des Grillons. Lorsqu’elle lui apprend qu’elle est enceinte, Djibril lui demande d’avorter pour ne pas déclencher une guerre des clans. Mais l’assassinat d’un ami de Djibril, sous ses yeux, va embraser les deux cités. Traumatisé, Djibril sombre peu à peu dans la folie. Il est persuadé qu'une malédiction s'est abattue sur le quartier et décide de garder à tout prix son enfant : pour lui, seule sa fille pourra les sauver du chaos.
Critique :
S’il peut paraître casse-gueule sur le papier, #Salem n’en demeure pas moins un long-métrage fascinant, avec son histoire liant l’amour entre deux jeunes de cités concurrentes, à une mythologie urbaine où les conflits se développent à l’échelle d’une microsociété. (@LiamDebruel) pic.twitter.com/NKxIIm2gYg
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 26, 2024
Toute personne est inscrite dans une forme de narration. Celle-ci peut être fictionnelle, sociale, mythique, économique mais nous sommes tous et toutes pris par des ressorts qui nous dépassent, du héros le plus puissant à l’individu se croyant le plus insignifiant. Cet art de l’histoire globale et intime du monde a toujours nourri la fascination des artistes en tous genres mais la proposition de Jean-Bernard Marlin dispose d’une singularité qui, à défaut de cliver largement son audience, a le mérite d’exister dans sa multiplicité tonale, aussi casse-gueule sur le papier qu’elle est fascinante à l’écran.
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Ainsi, Salem lie l’amour entre deux jeunes de cités concurrentes à une mythologie urbaine où les conflits se développent à l’échelle d’une microsociété, en marge de notre réalité commune. Là, les individus doivent subsister dans une forme multiple de violence qui se meut à des enjeux sociaux assourdissants. Si Djibril se croit affranchi de la prison dans laquelle il a été enfermé pendant plusieurs années, il en ressort pourtant toujours enchaîné à des conflits qui le dépassent et où sa fille pourrait être la clé de la résolution. La foi se développe dans une esthétique naturaliste qui exacerbe d’autant plus les échappées vers un possible irréel.
Dans l’interview qu’il nous a accordée, Jean-Bernard Marlin nous parle de son lien avec le fantastique et la façon dont la définition conçue par Todorov a su se coupler avec ses interrogations de cinéaste. Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur de Shéhérazade mêle alors les genres, les tons, les approches, quitte à désarçonner constamment. La volonté d’un naturel dans la gestion de ses acteurs non professionnels ne peut que diviser, tout autant que la lumière écrasante du film, comme une manière d’accentuer le poids qui repose sur les protagonistes. Mais tout cela intrigue, capte, et ce même dans ce qui pourrait s’apparenter à un déséquilibre tonal. La volonté d’ampleur se déploie dès lors avec des ramifications relationnelles qui continuent encore de titiller après la séance.
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S’il peut paraître casse-gueule sur le papier dans sa façon de mêler diverses intentions à priori inconciliables, Salem n’en demeure pas moins une approche cinématographique fascinante dans sa façon de faire rebondir ses thématiques et ses intentions de manière assumée, quitte à diviser largement son audience. Ici, cette ambition qui ploie par moments sur le récit nous trotte encore dans la tête, étirant son rythme pour mieux dépeindre sa toile de personnages en gravitation dans ce microcosme féroce que cherche à capter dans toute sa largeur son réalisateur.
Liam Debruel