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[CRITIQUE] : La Machine à écrire et autres sources de tracas


Réalisateur : Nicolas Philibert
Acteurs : -
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h13min.

Synopsis :
Dernier volet du triptyque initié avec Sur l’Adamant puis Averroès & Rosa Parks, le film poursuit sa plongée au sein du pôle psychiatrique Paris centre. Ici, le cinéaste accompagne des soignants bricoleurs au domicile de quelques patients soudain démunis face à un problème domestique, un appareil en panne, etc…



Critique :



Moins d'un mois après la sortie en salles de Averroès & Rosa Parks, Nicolas Philibert, définitivement plus prolifique que jamais, persiste et signe avec la conclusion de son important et essentiel triptyque documentaire sur le pôle psychiatrique Paris-Centre, La Machine à écrire et autres sources de tracas, dont on attendait énormément, ne serait-ce que pour les séances fantastiques qu'incarnaient Sur l'Adamant - à bord d'une péniche, au pied de la gare d'Austerlitz -, et Averroès & Rosa Parks donc, flanqué au coeur de l'hôpital Esquirol, dans le Val-de-Marne.

Cette fois, c'est au cœur même du domicile de certains patients en situation de handicap psychique, accompagnés de quelques soignants/bricoleurs/aides de vie, qu'il pose sa caméra à la fois distancée et complice, dans ce qui peut se voir comme une réponse à la fois exceptionnelle et merveilleusement cohérente avec les deux autres efforts qui l'ont précédés.
À nouveau, la méthode miraculeuse du cinéaste reste la même mais le propos de son expertise diffère, réhabilite toujours autant la parole des patients tout en décalant un brin son prisme.

Copyright Les Films du Losange

Si Sur L'Adamant était un film sur l'espace, Averroès & Rosa Parks un film sur le temps, La Machine à écrire et autres sources de tracas se fait lui un film sur la matérialité non pas dans un espace public, mais dans une sphère privée, dans l'intimité d'une solitude confrontée à elle-même mais pourtant apte à être rompue, puisque ancrée dans un monde dit " normal ", puisque sensiblement détestée - en partie - qu'ils sont de la tutelle médicale (liberté de corps, mais au prix d'une médicamentation musclée).
Le rapport de la souffrance psychique s'y fait donc définitivement plus concis et direct (comme le film, qui ne dépasse pas les soixante-dix minutes et s'attache à un arc de personnages définitivement plus réduit) puisque lié à l'objet, à l'expression matérielle du désordre psychique par un désordre physique au quotidien, à l'attachement à divers objets comme un échappatoire à la maladie, à la tristesse et au vide de la solitude; comme la machine à écrire du titre, mécanique délicate qui déraille sans que l'on comprenne parfois pourquoi - puisque aucun trouble est apparent -, simple dans son fonctionnement et pourtant terriblement complexe tant tout doit être en concordance puisque au moindre décalage, la machine s'emballe - comme la mécanique humaine.

Mais jamais la vision de Philibert elle ne s'emballe, ne se perd le moindre jugement hautain et putassier, d'autant que le ton si fait plus léger, voire même optimiste sans perdre une once de la sensibilité passée, lui dont la présence est plus marquée comme dans une envie de clore sur une note encore plus humaine, sa formidable entreprise cinématographique.
Une sacrée expérience, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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