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[CRITIQUE] : Knit's Island, l'île sans fin


Réalisateurs : Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L'Helgouac'h
Acteurs : -
Distributeur : Norte Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Quelque part sur internet existe un espace de 250 km² dans lequel des individus se regroupent en communauté pour simuler une fiction survivaliste. Sous les traits d’avatars, une équipe de tournage pénètre ce lieu et entre en contact avec des joueurs. Qui sont ces habitants ? Sont-ils réellement en train de jouer ?



Critique :



Vissé sur l'idée, assez universelle, de tromper une réalité frustrante qui ne semble jamais réellement répondre à nos attentes, de tromper une réalité ou tout le monde semble totalement déconnecté les uns des autres, Knit's Island, l'île sans fin du trio Ekiem Barbier, Guilhem Causse et Quentin L'Helgouac'h (qui répond totalement à leur moyen-métrage tout aussi expérimental Marlowe Drive, articulé déjà sur l'idée de faire un film non pas uniquement sur le jeu, mais à l'intérieur même d'un jeu), se fait une proposition à la fois étrange et fascinante dans sa manière de vouloir capturer la vérité du monde vidéoludique, à travers le jeu vidéo en ligne DayZ, une expérience multijoueur ou le but est de survivre dans un monde post-apocalyptique, qui a subi une mystérieuse peste qui a transformé la majeure partie de la population en zombies.

Copyright NORTE DISTRIBUTION

Si les stratégies de survie sont aussi diverses que peut l'être ce monde ouvert, c'est in fine bien plus sur les communautés qui se forment que les cinéastes fixent leur attention, durant une période bien précise - 963 heures, et pas une de plus -, alors qu'ils partent chacun à leur rencontre (ce qui n'est pas sans danger), armés des lettres PRESS écrites sur leur tenues, tout en affrontant comme chacun des joueurs, les difficultés inhérentes au jeu lui-même.

D'une manière joliment cathartique et immersive (ou la mise en scène est en adéquation avec les codes du jeu vidéo, dans une harmonie, étonnamment, jamais chaotique), mais également emprunt d'une douce mélancolie, le documentaire retranscrit l'expérience hybride qu'est de pouvoir s'évader au sein d'un univers virtuel, l'idée que jouer puisse être un outil d'évasion autant qu'un outil de lien social (encore plus évident au moment où la pandémie de Covid-19 avait frappé le monde, et que la virtualité offrait le seul répit face à l'isolement du confinement), un entre-deux entre le virtuel et une réalité qui l'influence par petites touches personnelles subtiles.

Copyright NORTE DISTRIBUTION

Tout en conversations à la fois banales et captivantes, et en séquences d'une beauté parfois saisissante, Knit's Island, l'île sans fin, avec ses faux airs de western apocalyptique et philosophique, incarne une expérience à part, pertinente et fascinante, comme on en voit très/trop peu dans les salles obscures.


Jonathan Chevrier


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