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[CRITIQUE] : Rebel Moon - Partie 2 : L'Entailleuse


Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Sofia Boutella, Michiel Huisman, Ed Skrein, Djimon Hounsou, Doona Bae, Staz Nair, E. Duffy,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Aventure, Fantastique, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min.

Synopsis :
Kora et son groupe de guerriers sont prêts à tout sacrifier pour se battre aux côtés du peuple de Veldt. Ils sont déterminés à défendre courageusement un village autrefois paisible, nouvelle patrie de ceux qui ont perdu les leurs dans la lutte contre le Monde-Mère. À la veille de la bataille, les guerriers se confrontent à la vérité de leur propre passé, chacun révélant les raisons de son ralliement à la cause. Alors que la force d'un royaume entier s'abat sur une rébellion émergente, des liens indestructibles se forgent, des héros sont révélés et des légendes naissent.



Critique :



Passé ses excès de machisme - plutôt divertissant - et de stylisme turbo-sépia du côté d'une Warner où son DCEU a lentement agonisé dans des salles jamais assez obscures, Zack Snyder s'en était aller voir si l'herbe était plus fraîche chez une firme au Tudum trop contente d'attirer un tel cinéaste populaire dans ses rangs.
Est né de cette union un - plus où moins - sympathique Army of the Dead et son prequel plus dispensable Army of Thieves, et donc le diptyque Rebel Moonwannabe franchise tentaculaire à la Star Wars, qui semblait tellement transpirer l'hommage (comprendre : pillage) au jadis bébé de George Lucas, que s'en était limite indécent dès les premières secondes de sa première bande annonce.

Copyright Netflix

Si sur le papier, force est d'admettre qu'il y avait quelque chose d'enthousiasmant à l'idée d'assister à la naissance d'une nouvelle épopée SF audacieuse, à une heure où la saga Star Wars, sous la coupe d'un studio aux grandes oreilles l'usant jusqu'à la moelle, ne fait qu'enchaîner les déceptions - souvent - gênantes; à l'écran, la limonade était loin, très loin d'être la même, puisque cette nouvelle odyssée rutillante et bruyante nous renvoie, comme les aventures de Rey ou même Boba Fett (shame), dans les confins les plus reculés et sombres de la galaxie, où même la joie la plus masochiste qui soit (être catapulté dans le broyeur abrutissant du Snyderverse, mais sur un petit écran), peine à exister.

Laissé seul avec lui-même (réalisateur, co-scénariste ou encore directeur de la photographie... damn), le papa de Batman V Superman croquait avec Rebel Moon - Partie 1 : Enfant du feu, son film le plus brouillon et fastidieux à ce jour, un melting-pot des restes de la SF populaire de ses 50 dernières années passé dans une moulinette heavy metal désordonnée et adolescente; une fastidieuse balade galactique et sinistre qui n'était pas le cri rebelle et original espéré, mais un murmure familier et éculé qui refoulait bien l'ail.

Et même s'il y avait un espoir, même rachitique, de voir sa suite, Partie 2 : L'Entailleuse, corriger un brin cette déconvenue, elle ne fait in fine que confirmer que la rencontre entre la patte amorphe du bonhomme et l'algorithme futile et usant de la plateforme au Toudoum, ne pouvait accoucher que d'une immondice sans nom.

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Là où la première partie pouvait se voir comme une longue et redondante série de cinématiques de jeux vidéo qui peinait à exister par elle-même, cette seconde moitié trouve le moyen d'incarner deux films malades en un, sorte de Bataille des Cinq Armées sauce space opera à l'action aussi omniprésente qu'inerte dont le premier tiers, plus calme et censé donner du liant à ses personnages (un peu d'enjeux dramatiques et émotionnels ne font jamais de mal, d'autant que Enfant du feu n'avait jamais réussi à le faire sur ses deux premières heures), s'avère certes superficiel et furieusement survolé à tous les niveaux, mais infiniment plus agréable à suivre que le tsunami numérico-bruyant qui va vite l'ensevelir.

Une scène est même symptomatique de cette maladresse ambulante, celle où tous les personnages se réunissent autour d'une table pour raconter son histoire, comme on récite un poème en primaire : elle est à la fois éclairante malgré ses innombrables scènes d'exposition/flashbacks foireux, mais elle arrive définitivement trop tard pour être significative - tout le monde s'est déjà foutu sur la gueule avant.

Mais comme dit plus haut, dès que Snyder laisse les " belles " paroles de côté (romance risible, discours inspirants pleins de vide destinés à remplacer la caractérisation absente des personnages,...), pour la bagarreuh, toutes ses maigres bonnes intentions laissent place au pire des tendances déviantes de son cinéma, d'autant que son insistance à être son propre directeur de la photographie, ne fait qu'ajouter une strate au déséquilibre total de l'entreprise, que ni le score abrutissant de Tom Holkenborg, ni les duels regressifs et défiant la gravité, ne peuvent un minimum relever.

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Une heure de magie sinistre trop longue et déglinguée pour son bien, ce final laisse surtout pointer la douloureuse vérité que le cinéaste vient tout juste de marteler en interview : cette interminable guerre constitue moins une conclusion qu'un point de départ à nouveau décevant pour un Rebel Moon - Partie 3, ou le spectateur, à défaut de pouvoir s'identifier à l'écran à Kora, s'identifie à elle une fois le générique de fin lancée.

Comme elle, nous sommes pris entre plusieurs fortes concurrentielles, les rouages abrutissants d'une industrie du streaming couplée aux caprices d'un cinéaste devenu en deux temps, trois mouvements la caricature de lui-même, et notre curiosité morbide à vouloir inlassablement perdre des heures à contempler ses apocalypses créatifs, pour les commenter avec une gourmandise perverse.
Se faire du mal, c'est mal, et encore plus avec Zack Snyder et Netflix.


Jonathan Chevrier