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[FUCKING SERIES] : The Gentlemen : Ritchie's signature


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Sorti dans une période peu propice à sa découverte en salles, The Gentlemen marquait un retour de Guy Ritchie à une forme plus british après le succès critique (malgré l’absence de qualités tangibles) de son remake live d’Aladdin. Le long-métrage a ainsi divisé par son approche et son manque de folie, tout en pouvant être vu comme une forme de divertissement assez distrayant pour certaines personnes afin de mettre de côté ses défauts. Un dérivé du film dans une mini-série aurait pu alors poser question dans le traitement mais pourtant, force est d’admettre que The Gentlemen fonctionne assez bien.

Copyright Kevin Baker/Netflix

L’un des gros points forts de la série (comme dans le long-métrage d’avant) est sa galerie de personnages, assez variée pour arriver à marquer même avec peu de temps d’écran tout en parvenant à assez se développer dans la narration. Le côté un peu rustre en décalage aussi bien dans le milieu aristocratique que criminel de Theo James sied bien au protagoniste principal, surtout au vu de son évolution. Dans un même sens, Kaya Scodelario parvient à conférer assez d’épaisseur à son personnage pour éviter de tomber dans certains clichés bien trop attendus.

La narration parvient alors à respirer grâce à un bon rythme, mêlant une diversité de sous-intrigues avec leur lot de rebondissements sans trop tomber dans un aspect petit malin qui aurait pu le renfermer. Le ludisme du style de Guy Ritchie s’inscrit alors dans l’intrigue, même quand sa caméra laisse place à d’autres personnes qui suivent assez bien son style visuel pour qu’on se laisse prendre. Clairement, on se retrouve confronté à un bon dérivé parvenant à faire mûrir les meilleurs points du film original tout en se distinguant par sa manière de s’éloigner d’autres points qui laissaient plus de côté dans leur approche.

Copyright Matthew Towers/Netflix

The Gentlemen se révèle alors comme une agréable surprise qui parvient à fructifier ses meilleurs points au sein d’une narration globale assez qualitative pour qu’on s’amuse à suivre sa galerie de bras cassés. Les enjeux parviennent à s’enchaîner avec peu de temps mort tout en conférant une identité stylistique qui lui est propre et assez de surprises dans ses événements pour éviter une certaine prévisibilité. En bref, c’est tout le meilleur du long-métrage de 2020 avec plus de temps pour faire respirer ses personnages et ambitions pour en faire une série plus que divertissante.


Liam Debruel



Copyright Christopher Rafael/Netflix

Depuis qu'il a - un temps - abandonné les super-productions plus où moins défendables du côté des grands studios, Guy Ritchie semble aussi bien gonfler frénétiquement son rendement - au minimum un film par an -, qu'être revenu un brin aux sources de son cinéma, pour preuve sa propension à renouer avec son comédien chouchou Jason Statham (avec qui il n'avait plus tourné - à raison - depuis le four Revolver en 2007), où celle à concocter des œuvres presque brevetées par sa formule comico-violente et extravagante.

Coup sur coup, il est passé de l'auto-référentiel plutôt séduisant The Gentlemen au nerveux et méchant Un Homme en Colère (excellent remake du Convoyeur de Nicolas Boukhrief), avant de bifurquer vers l'espionnage volubile et Ocean-esque Operation Fortune : Ruse de guerre (également dispo sur Prime Vidéo), puis le drame de guerre furieusement ancré dans la dure politique du réel - The Covenant.

Copyright Christopher Rafael/Netflix

Que le bonhomme étende son domaine d'expertise dans le giron de la télévision, en adaptant l'un de ses films dits " signature ", The Gentlemen, n'a, du coup, rien d'étonnant, d'autant qu'il avait déjà tenté l'expérience, de loin, avec la transposition plutôt sympathique de son Snatch via le tandem Sony Pictures/feu Crackle.
Pas la même opération du côté de Netflix finalement, qui opère certes un dégraissage drastique côté casting (même si on retrouve Theo James, Kaya Scodelario, Giancarlo Esposito, Vinnie Jones et Ray Winstone), mais ne joue pas la carte de déclinaison reprenant peu ou prou le pitch original, puisque The Gentlemen sauce 2.0 se fait une " adaptation " dans le même univers, avec des personnages différents mais un ton - heureusement - similaire (aussi et surtout parce que Guy Ritchie s'est cette fois pleinement impliqué dans son développement, avec Matthew Read).

Là ou Snatch version télévisée se perdait dans une sorte d'hommage ennuyeux et sans panache, au traitement maladroit et à la mise en scène paresseuse, saupoudré d'un développement de personnages jamais pertinent dans son calque des héros d'origine; ce pendant Netflixien apparaît nettement plus solide et moins opportuniste, vissé sur l'idée étonnante qu'il puisse bel et bien exister non pas dans l'ombre, mais intelligemment dans le même univers que son aîné.

Copyright Christopher Rafael/Netflix

Moins restreinte (parce que plus longue, évidemment) et définitivement plus intime, la série, qui se revendique comme une vraie continuité jusque dans les choix/tics stylistiques caractéristiques du cinéaste (zooms exagérés, coupes nerveuses,...), a le bon ton, au-delà d'aligné les personnages hauts en couleur et aux archétypes familiers (une qualité comme un sacré défaut), d'user d'une dynamique familial captivante, comme d'un solide pivot pour explorer les dessous criminels cachés au coeur de la campagne anglaise
Un parti pris payant, qui rend vivante et captivante les atermoiements de la famille aristocratique Horniman, et plus directement du second rejeton calme et posé Eddie - à la différence de son frère aîné, l'odieux et véritable boulet Freddy -, qui hérite du vaste domaine de son père mais aussi et surtout de son empire du cannabis et des soucis qui vont avec, avant de véritablement prendre goût à la vie criminelle et au statut de baron autodidacte.

Alors certes, une nouvelle fois, l'écriture des personnages est tout aussi sommaire que sur grand écran (qu'on se le dise, le film était, lui aussi, victime de la méthode du « style qui vaut plus que du fond » qui caractérise la patte Ritchie sur 90% de ses efforts), et c'est uniquement par la performance habitée de sa distribution que le charme opère définitivement le mieux.

Copyright Christopher Rafael/Netflix

Et encore plus en ce qui concerne la prestation de Kaya Scodelario, qui supplante la plume habituellement maladroite de Ritchie pour les protagonistes feminins pour mieux distiller, avec parcimonie, les fêlures et les bizarreries d'une anti-héroïne qu'elle rend aussi puissante que passionnante.
Elle est le coeur même de la série, et son attraction principale, et son alchimie avec Theo James est électrisante (au moins autant que leur union est perfide.

Peut-être un petit peu trop étirée pour son bien, ce qui rend l'aperçu global de cette première salve d'épisode au final assez décousu, parsemé qu'elle est de séquences plus fourre-tout qu'autre chose, difficile pourtant de totalement bouder son plaisir devant cette adaptation télévisée, pas révolutionnaire pour un sou mais qui sait compenser son manque d'originalité par une bonne grosse dose de fun.
Ce qui le différencie de bon nombre de divertissements jetables de la firme au Tudum...


Jonathan Chevrier


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