[CRITIQUE] : Scandaleusement vôtre
Réalisatrice : Thea Sharrock
Acteurs : Olivia Colman, Jessie Buckley, Anjana Vasan, Timothy Spall,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Thriller.
Nationalité : Britannique, Français.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Littlehampton, 1920. Lorsque Edith Swan commence à recevoir des lettres anonymes truffées d'injures, Rose Gooding, sa voisine irlandaise à l’esprit libre et au langage fleuri, est rapidement accusée des crimes. Toute la petite ville, concernée par cette affaire, s’en mêle. L'officière de police Gladys Moss, rapidement suivie par les femmes de la ville, mène alors sa propre enquête : elles soupçonnent que quelque chose cloche et que Rose pourrait ne pas être la véritable coupable, victime des mœurs abusives de son époque...
Critique :
Acteurs : Olivia Colman, Jessie Buckley, Anjana Vasan, Timothy Spall,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Thriller.
Nationalité : Britannique, Français.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Littlehampton, 1920. Lorsque Edith Swan commence à recevoir des lettres anonymes truffées d'injures, Rose Gooding, sa voisine irlandaise à l’esprit libre et au langage fleuri, est rapidement accusée des crimes. Toute la petite ville, concernée par cette affaire, s’en mêle. L'officière de police Gladys Moss, rapidement suivie par les femmes de la ville, mène alors sa propre enquête : elles soupçonnent que quelque chose cloche et que Rose pourrait ne pas être la véritable coupable, victime des mœurs abusives de son époque...
Critique :
Si son mystère tourne très vite à vide, et que sa critique à la fois distinguée et féroce du patriarcat, manque un peu (beaucoup) de subtilité, difficile de bouder son plaisir devant #ScandaleusementVotre, comédie ludique et mordante portée par un solide trio Colman/Buckley/Vasan pic.twitter.com/ThiltNdPYC
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 12, 2024
Si l'on juge un homme à ses manières (ne jugez pas nos références, elles sont saines), force est d'admettre que juger une société à sa façon de s'exprimer, est un excellent indicateur pour jauger de l'évolution et/ou de la régression des nouvelles générations.
Il est assez drôle - où tragique, c'est selon - de se dire qu'il n'y a pas si longtemps, à une époque où la sur-présence des réseaux sociaux et d'internet ne gangrénaient pas encore les quotidiens, l'idée de prononcer ou d'écrire un juron, allait au-delà d'un comportement de nature nature radicalement inappropriée : c'était un délit qui pouvait ruiner toute une réputation, et vous reléguer au rang de paria.
Pas la même limonade aujourd'hui donc, ou le vocabulaire fleurie couplée à un nivellement vers le bas de la connaissance orthographique, se démocratise avec une banalité et une désensibilisation alarmante.
Mais revenons à ce dit temps pas si ancien ou la dureté du langage humain était un pouvoir aussi puissant que redouté, avec le nouveau long-métrage de Thea Sharrock, Scandaleusement vôtre, merveille de comédie piquante - avec un doigt de whodunit - qui fait sensiblement mouche, même dans son mariage dramatico-historique sur le papier assez pachydermique.
Que nenni donc, et c'est tant mieux.
Inspiré d'un fait divers qui a réellement choqué la petite ville balnéaire de Littlehampton dans les années 20, la narration se fixe sur trois figures bien distinctes : Edith Swan, une catholique dévouée vivant encore avec ses parents et qui commence à recevoir des lettres anonymes aussi hostiles qu'immondes; Rose Gooding, une jeune veuve libre et indépendante qui est la voisine d'Edith, que celle-ci juge un temps coupable des dites lettres; et enfin Gladys Moss, une enquêtrice chargée de trouver le coupable, et qui est confrontée à un sexisme systémique et décomplexée sur son lieu de travail.
Trois visages façonnées par les exigences inconstantes de la société de l'époque, comme autant d'outil mis à la disposition de la cinéaste pour jongler entre les genres dans chaos tonal joliment emballant, continuellement frappé par un rythme soutenu et un humour vicieusement absurde et vulgaire, terrain de jeu fantastique pour des titans tels que Olivia Colman, Jessie Buckley et Timothy Spall (merveilleusement repoussant), pour s'éclater comme des malades dans cette mise en bouteille plus fine qu'elle n'en a l'air, d'une Angleterre d'après-guerre bien-pensante et sous le joug d'un patriarcat répressif et écrasant.
Une histoire de progrès ou jurer n'est pas tant un moyen de se défouler que de s'affirmer.
Si son mystère tourne très vite à vide, et sa critique à la fois distingué et féroce du patriarcat, manque un peu (beaucoup) de subtilité, difficile de bouder son plaisir devant cette proposition ludique et mordante qui, il est vrai, avec un poil plus de finesse, aurait pu être un formidable et désopilant récit de f*cking insurrection féminine.
Tout n'est pas parfait donc, mais c'est quand même vachement chouette.
Jonathan Chevrier
Il est assez drôle - où tragique, c'est selon - de se dire qu'il n'y a pas si longtemps, à une époque où la sur-présence des réseaux sociaux et d'internet ne gangrénaient pas encore les quotidiens, l'idée de prononcer ou d'écrire un juron, allait au-delà d'un comportement de nature nature radicalement inappropriée : c'était un délit qui pouvait ruiner toute une réputation, et vous reléguer au rang de paria.
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Pas la même limonade aujourd'hui donc, ou le vocabulaire fleurie couplée à un nivellement vers le bas de la connaissance orthographique, se démocratise avec une banalité et une désensibilisation alarmante.
Mais revenons à ce dit temps pas si ancien ou la dureté du langage humain était un pouvoir aussi puissant que redouté, avec le nouveau long-métrage de Thea Sharrock, Scandaleusement vôtre, merveille de comédie piquante - avec un doigt de whodunit - qui fait sensiblement mouche, même dans son mariage dramatico-historique sur le papier assez pachydermique.
Que nenni donc, et c'est tant mieux.
Inspiré d'un fait divers qui a réellement choqué la petite ville balnéaire de Littlehampton dans les années 20, la narration se fixe sur trois figures bien distinctes : Edith Swan, une catholique dévouée vivant encore avec ses parents et qui commence à recevoir des lettres anonymes aussi hostiles qu'immondes; Rose Gooding, une jeune veuve libre et indépendante qui est la voisine d'Edith, que celle-ci juge un temps coupable des dites lettres; et enfin Gladys Moss, une enquêtrice chargée de trouver le coupable, et qui est confrontée à un sexisme systémique et décomplexée sur son lieu de travail.
Trois visages façonnées par les exigences inconstantes de la société de l'époque, comme autant d'outil mis à la disposition de la cinéaste pour jongler entre les genres dans chaos tonal joliment emballant, continuellement frappé par un rythme soutenu et un humour vicieusement absurde et vulgaire, terrain de jeu fantastique pour des titans tels que Olivia Colman, Jessie Buckley et Timothy Spall (merveilleusement repoussant), pour s'éclater comme des malades dans cette mise en bouteille plus fine qu'elle n'en a l'air, d'une Angleterre d'après-guerre bien-pensante et sous le joug d'un patriarcat répressif et écrasant.
Une histoire de progrès ou jurer n'est pas tant un moyen de se défouler que de s'affirmer.
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Si son mystère tourne très vite à vide, et sa critique à la fois distingué et féroce du patriarcat, manque un peu (beaucoup) de subtilité, difficile de bouder son plaisir devant cette proposition ludique et mordante qui, il est vrai, avec un poil plus de finesse, aurait pu être un formidable et désopilant récit de f*cking insurrection féminine.
Tout n'est pas parfait donc, mais c'est quand même vachement chouette.
Jonathan Chevrier