[CRITIQUE] : Les rois de la piste

Réalisateur : Thierry Klifa
Acteurs : Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz, Laetitia Dosch, Nicolas Duvauchelle, Ben Attal,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Policier.
Nationalité : Français.
Durée : 1h56min

Synopsis :
Rachel, sorte de Ma Dalton, a élevé ses fils Sam et Jérémie, et son petit-fils, Nathan, dans le culte de l’arnaque. De plans foireux en petits larcins, cette sympathique famille de bras cassés court toujours après le gros coup. Chance ou fatalité, lors d’un cambriolage, ils volent sans en connaitre sa valeur, une toile de Tamara de Lempicka. Céleste, une détective rusée et charmeuse, et Gauthier, son fidèle acolyte, se lancent à leur poursuite...

Critique :

Jolie surprise que #LesRoisDeLaPiste, fusion entre la comédie dramatique à l'italienne et le polar gentiment loufoque et burlesque, une désopilante mais pas pour autant dénué d'émotion, bulle de fantaisie dominée par l'enthousiasme non feint de son imposante distribution pic.twitter.com/mDyEXwMUna
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 14, 2024

On avait laissé le cinéma de Thierry Klifa sur une note assez étrange, voire même un poil gênante, avec Tout nous sépare, thriller sous fond de lutte des classes entre une bourgeoisie trop sûre d'elle et masquant ses crimes, et une banlieue qui tente de la faire chanter.

Pas l'effort le plus affûté de son auteur donc, qui arpentait un terrain beaucoup trop sinueux pour lui, la faute à une narration rocambolesque et d'une rare incohérence, tellement éloignée du chemin de la crédibilité que même les performances sincères du tandem Catherine Deneuve/Diane Kruger (et non, pas Nekfeu), ne pouvaient la ramener dans les clous.

Sept ans plus tard, et non sans une campagne promotionnelle indirectement chahutée par un Mathieu Kassovitz particulièrement inspirée sur les réseaux sociaux, dans sa guéguerre avec Saïd Taghmaoui (quitte même à poster sur le trône), il nous revient avec Les Rois de la Piste, comédie dramatico-policière à l'italienne qui rappelle même gentiment le Family Business de feu Sidney Lumet, vissé sur une famille mi-arna-coeurs, mi-bras cassés sur plusieurs générations, dominée par une matriarche qui a sensiblement du sang d'Arsène Lupin dans les veines, mais des gamins (et leurs gamins) qui semblent des héritiers direct des Dalton.

Le vol improbable d'un tableau de renom - une toile de Tamara de Lempicka -, et la traque par une détective tenace qui s'en suit, va méchamment bousculer l'équilibre déjà précaire de leur union rocambolesque, dans ce qui peut se voir comme une désopilante, joyeuse et décomplexée bulle de fantaisie sous fond de tromperies à gogo et d'étude complexe d'une famille aussi déglinguée qu'attachante, aussi excessive qu'hillarante.

Un vrai petit bout de cinéma hybride, à la fois romantique, émouvant et burlesque mais aussi et surtout un vrai film d'acteurs à l'enthousiasme autant non feint que follement communicatif, d'une Fanny Ardant magnifiquement barrée à une Laetitia Dosch merveilleusement loufoque, en passant par un Mathieu Kassovitz irrésistible.
On n'attendait pas forcément Thierry Klifa sur un tel terrain barré et réjouissant, la surprise n'en est que plus belle.

Jonathan Chevrier