[CRITIQUE] : Heureux Gagnants

Réalisateurs : Maxime Govare et Romain Choay
Acteurs : Audrey Lamy, Fabrice Eboué, Anouk Grinberg, Pauline Clément, Louise Coldefy, Sami Outalbali, Victor Meutelet,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min

Synopsis :
1 chance sur 19 millions. Plus de probabilité d’être frappé par une météorite que de gagner au loto. Pour nos heureux gagnants, le rêve va rapidement se transformer en cauchemar, et leur vie va voler en éclat dans un spectaculaire feu d’artifices de comédie noire et de sensations fortes.

Critique :

Sorte de cocktail foutraque et inégal entre la satire vacharde, la comédie noire un brin cruelle et le film à sketchs trashouille, visant à taper mignon sur notre obsession de l'argent, #HeureuxGagnants fait partiellement mouche malgré le solide abattage de sa distribution. pic.twitter.com/APpnvwTL9C
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 14, 2024

Alors même si le jeu des comparaisons apparaît parfois plus putassier qu'autre chose (surtout, disons, quand il est usé avec peu de pertinence), force est d'admettre tout de même que le bien nommé Heureux Gagnants ressemble presque à s'y méprendre, aux deux premiers efforts en solitaire - Co-exister et Barbaque - d'un Fabrice Éboué qui, soyons honnête, vieillissent plutôt bien avec le temps et mériterait même une certaine réhabilitation tant elles ne sont pas assez citées en exemple.

Il faut dire, le nouveau long-métrage de Maxime Govare, chapeauté en duo avec Romain Choay, aborde tout comme ses films, et avec une certaine habileté, le terrain pourtant sinueux de la comédie vacharde et subversive - coucou Blier -, tout en peinant, inexplicablement, à donner suffisamment corps à leur volonté (louable au demeurant) de mettre les pieds dans le plat en abordant pleinement un sujet résolument captivant, dans un effort humoristique qui tire sur à peu près tout ce qui bouge - sans forcément pleinement toucher chacune de ses cibles.
Pourtant l'essentiel était là, tapis dans l'ombre d'un sens de l'observation assez féroce et d'une propension à titiller - voire même à gentiment provoquer - de manière irrévérencieuse nos complexes/travers sociétaux, dans des séquences parfois bien senties et même plutôt acerbes, qui viennent tromper d'autres sensiblement plus téléphonées.

Sorte de cocktail foutraque entre la satire vacharde, la comédie italienne socialo-cruelle et le film à sketchs (avec même des inserts d'action et d'un poil d'horreur), visant à taper mignon sur l'obsession de l'argent et du rêve chimérique du gain au loto, le film enchaîne les situations plus rocambolesques les unes que les autres avec une frénésie louable, pour mieux embrasser les contours d'un petit jeu de massacre (dés)organisé à la cohérence toute relative, quand certains dialogues voulu piquants, apparaissent plus gênants qu'autre chose.

Inégal donc, jusque dans sa mise en scène manquant d'énergie, ou son écriture - volontairement, il est vrai - caricaturale, mais d'un humour noir salutaire et fort de quelques partitions vraiment désopilantes, dont les quelques (trop) courtes minutes allouées à Fabrice Éboué, dont le segment dingue et jouissif aurait presque mérité un film à lui seul.
C'est peu certes, mais pour un moment de cinéma trashouille qui s'assume tout du long, même dans ses fragilités évidentes, ça mérite quand-même bien son pesant de pop-corn.

Jonathan Chevrier