[CRITIQUE] : Chroniques de Téhéran
Réalisateurs : Ali Asgari et Alireza Khatami
Avec : Bahman Ark, Arghavan Shabani, Servin Zabetiyan, Sadaf Asgari,…
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h17min
Synopsis :
Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien. Neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran.
Critique :
On avait laissé le pendant cinéaste de Ali Asgari avec un premier long-métrage coup de poing, Juste une nuit, odyssée sisyphéenne dans un Téhéran loin d'être accueillant, un beau et édifiant portrait de femme determinée et indépendante qui embrasse totalement la cause d'une émancipation et d'un éveil social encore chimérique, symbole d'une jeunesse solidaire qui commence à remettre en question l'ancien système mais demeure, par nécessité ou par lâcheté, emprisonné dans ses engrenages.
Toujours à Téhéran mais en binôme cette fois, il nous revient aux côtés de Alireza Khatami (déjà au scénario de Juste une nuit) avec un second effort résolument plus tourné vers la comédie : Chroniques de Téhéran (dont le titre original, Ayeh haye zamini, convoque directement les Vers terrestres de Forough Farrokhzad, poète persan tragiquement décédé à l'âge de 33 ans dans un accident de voiture), mise en images un brin kafkaïenne de la crise étatique iranienne, véritable film à sketchs savamment irrévérencieux visant à fustiger la léthargie d'une bureaucratie locale qui pourrit littéralement la vie - déjà compliquée - de sa population.
Une pluie de vignettes tragique et un poil surréaliste, allant d'un entretien d'embauche sous fond de harcèlement, à d'un réalisateur luttant pour faire valider son scénario pour le mettre en scène, en passant par une jeune fille accusée d'avoir perdu son voile; qui ne font que pointer de manière cinglante et impitoyable l'absurdité et le grotesque d'une société engoncée dans ses propres contradictions, totalement consciente d'être incapable de répondre aux besoins et aux attentes de ses citoyens.
Moins implacable est cela dit son aspect technique férocement rudimentaire, tant toutes ses séquences sont capturées par la même méthode formule redondante plan fixe/point de vue unique et exclusif aux citoyens/victimes, qui surligne un peu trop lourdement l'aspect impersonnel/inhumain de la bureaucratie (qui ne sont eux-mêmes, que des pions interchangeables du système, et donc tout autant des victimes).
Une binarité rhétorique qui vient, paradoxalement, affaiblir un propos politique et social jusqu'ici sans fausse note.
Jonathan Chevrier
Avec : Bahman Ark, Arghavan Shabani, Servin Zabetiyan, Sadaf Asgari,…
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Iranien.
Durée : 1h17min
Synopsis :
Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention. Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche. Un jeune homme vient retirer son permis de conduire. Un homme au chômage répond à une annonce. Un réalisateur demande une autorisation de tournage. Une femme cherche à retrouver son chien. Neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran.
Critique :
Si son aspect technique est férocement rudimentaire, difficile de ne pas souligner la pertinence de #ChroniquesDeTéhéran, véritable film à sketchs savamment irrévérencieux visant à fustiger la léthargie d'une bureaucratie locale qui pourrit littéralement la vie de sa population. pic.twitter.com/ORDOQuyxm9
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 13, 2024
On avait laissé le pendant cinéaste de Ali Asgari avec un premier long-métrage coup de poing, Juste une nuit, odyssée sisyphéenne dans un Téhéran loin d'être accueillant, un beau et édifiant portrait de femme determinée et indépendante qui embrasse totalement la cause d'une émancipation et d'un éveil social encore chimérique, symbole d'une jeunesse solidaire qui commence à remettre en question l'ancien système mais demeure, par nécessité ou par lâcheté, emprisonné dans ses engrenages.
Copyright TAAT FILMS |
Toujours à Téhéran mais en binôme cette fois, il nous revient aux côtés de Alireza Khatami (déjà au scénario de Juste une nuit) avec un second effort résolument plus tourné vers la comédie : Chroniques de Téhéran (dont le titre original, Ayeh haye zamini, convoque directement les Vers terrestres de Forough Farrokhzad, poète persan tragiquement décédé à l'âge de 33 ans dans un accident de voiture), mise en images un brin kafkaïenne de la crise étatique iranienne, véritable film à sketchs savamment irrévérencieux visant à fustiger la léthargie d'une bureaucratie locale qui pourrit littéralement la vie - déjà compliquée - de sa population.
Une pluie de vignettes tragique et un poil surréaliste, allant d'un entretien d'embauche sous fond de harcèlement, à d'un réalisateur luttant pour faire valider son scénario pour le mettre en scène, en passant par une jeune fille accusée d'avoir perdu son voile; qui ne font que pointer de manière cinglante et impitoyable l'absurdité et le grotesque d'une société engoncée dans ses propres contradictions, totalement consciente d'être incapable de répondre aux besoins et aux attentes de ses citoyens.
Copyright TAAT FILMS |
Moins implacable est cela dit son aspect technique férocement rudimentaire, tant toutes ses séquences sont capturées par la même méthode formule redondante plan fixe/point de vue unique et exclusif aux citoyens/victimes, qui surligne un peu trop lourdement l'aspect impersonnel/inhumain de la bureaucratie (qui ne sont eux-mêmes, que des pions interchangeables du système, et donc tout autant des victimes).
Une binarité rhétorique qui vient, paradoxalement, affaiblir un propos politique et social jusqu'ici sans fausse note.
Jonathan Chevrier