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[CRITIQUE] : Le Molière imaginaire


Réalisateur : Olivier Py
Avec : Laurent Lafitte, Stacy Martin, Bertrand de Roffignac, Jean-Damien Barbin, Jeanne Balibar,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Biopic, Comédie Dramatique, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Paris, 17 février 1673.
Comme tous les soirs, Molière monte sur la scène du théâtre du Palais-Royal pour jouer Le malade imaginaire.
Ce sera sa dernière représentation.



Critique :


Comment bâtir une histoire qui, elle-même, ne semble pas vouloir être contée, en se faisant un instantané réel et irréel de toute une époque aussi bien qu'un condensé de toute une vie.

Voilà l'édifice colossal auquel s'est confronté Olivier Py pour second long-métrage (vingt-trois ans après Les Yeux Rivés), Le Molière Imaginaire (tout est dans le titre, vraiment),
 qui a pour (bonne) particularité de ne pas jouer la carte du biopic maladroit sur Jean-Baptiste Poquelin, comme bon nombres de ces aînés (pensez Molière de Laurent Tirard), mais une fiction ciblée sur les dernières heures du prodige, rattrapé par la mort sur scène lors d'une représentation du Malade Imaginaire, ou il incarnait l'hypocondre Argan, le 17 février 1673, au Palais Royal.

Copyright Memento Distribution

Une extrême précision importante pour un film qui fictionnalise sensiblement les ultimes heures de son existence, tant il ne peut pleinement épouser la véracité, puisque peu documenté.
Py se sert donc de la figure excessive et malade de l'indéchiffrable Molière, comme d'un catalyseur, comme d'un miroir réfléchissant autant d'un XVIIeme tout en hypocrisie et en ridicule, que celui de la condition même de la figure d'artiste, hanté par l'inéluctable, étouffé par un pouvoir (tout comme la religion) écrasant et un dictat de la vox populi, possédé par un amour addictif de la scène qui dévore le cœur mais élève l'esprit.

Un damné qui a conscience de sa damnation, mais lutte avec fougue pour la repousser, au sein de ce qui peut se voir autant comme la chronique funeste d'une disparition annoncée, à la fois physique (la grande faucheuse qui est appelée à frapper) et symbolique (celle d'un talent immense que le public avait déjà enterré), qu'un vrai bal des vanités et de la décadence, engoncés entre les quatre murs d'un édifice gothique du Palais-Royal ou la caméra se balade comme chez elle, à l'image d'une narration qui elle, se promène dans l'existence de son ambivalent sujet (entre la célébration et la déconstruction).

Copyright Memento Distribution

Mais là où Le Molière Imaginaire pèche, c'est dans sa manière d'embrasser à pleine bouche sa théâtralité et son onirisme, quitte à férocement décontenancé son auditoire dans sa démesure et sa volonté d'absolu - souvent à la lisière du ridicule -, territoire glissant et nuancée ou ses qualités (ses solides plans séquences, sa direction d'acteurs, sa volonté presque pédagogique, de célébrer les nombreuses zones d'ombres de l'Histoire) peinent à surmonter ses défauts (son phrasé, qui reste tout aussi soutenu sur et hors scène).

Si les bonnes intentions ne font pas toujours de bons films, celle de donner un peu plus de corps - même fantasmé - à l'inconnu qui entoure le mythe Molière, campé avec prestance par Laurent Lafitte, mérite sensiblement son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier


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