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[CRITIQUE] : American Fiction


Réalisateur : Cord Jefferson
Avec : Jeffrey Wright, Tracee Ellis Ross, Sterling K. Brown, John Ortiz, Issa Rae,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Comédie, Comédie Dramatique, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.

Synopsis :
Thelonious "Monk" Ellison, professeur d'anglais, écrit un roman satirique sous un pseudonyme, dans le but de dénoncer les hypocrisies de l'industrie de l'édition.



Critique :


Dernier gros outsider à la course aux statuettes dorées cuvée 2024, a atteindre l'hexagone par la petite porte d'une présence à peine ébruitée, au cœur du catalogue de Prime Vidéo (pas comme si c'était une habitude... oh wait), American Fiction, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Cord Jefferson (scénariste et consultant sur quelques-unes des meilleures séries US de la décennie, de Watchmen à Succession en passant par The Good Place et Station Eleven), débarque donc auréolé d'une belle réputation, sorte de comédie dramatique sauce film-thèse fleurant bon l'influence des hauts faits du cinéma de Spike Lee, mais aussi et surtout du méconnu Hollywood Shuffle de Robert Townsend.

Copyright Orion Pictures

Il faut dire, le film de Jefferson, tout comme le roman qu'il adapte - Erasure de Percival Everett - ne peut qu'instinctivement être lié à la satire de Townsend, tant elle partage la même corrélation entre art et culture afro-américaine, non pas nouée autour du septième art et de la jungle Hollywoodienne, mais de celle tout autant en paraître, du paysage littéraire moderne.

Ici, il croque le portrait à la fois complexe et ironique de Thelonius « Monk » Ellison, prof de littérature et auteur accompli extrêmement fermé face à ses émotions, dont le dernier essai n'arrive pas a séduire les éditeurs, trop intellectuel alors que des auteurs plus viraux, font fureur avec des histoires de traumatismes et de douleurs noires, critiquant l'Amérique blanche et aisée sans trop la mettre mal à l'aise - du trauma porn à ses yeux.
Las, Monk renverse sa situation et rédige sous pseudonyme une parodie de ce genre prisé, un pavé complaisant rempli de tous les clichés qu'il peut trouver sur les afro-américains.
Bingo, l'intelligentsia s'enthousiasme et le bonhomme fait fortune (argent qu'il a besoin pour les soins médicaux de sa mère), même s'il cherche vite un moyen de se sortir de ce désordre qu'il a créé...

Copyright Orion Pictures

Mordante, la péloche est à l'image même de son personnage titre, formidablement incarné par le mésestimé Jeffrey Wright (dans un rôle enfin à la mesure de son - immense - talent) : difficile à définir parce que merveilleusement complexe, refusant autant de se définir par sa simple condition (la satire comique pour le film, un auteur qui refuse d'être jugé par sa couleur de peau), que de continuellement cultiver ses contradictions.

En clair, elle peut à la fois se voir comme une comédie familiale cocasse, comme une satire littéraire - et par extension, Hollywoodienne -, comme un drame existentiel sauce quête identitaire, à travers étude de personnage dramatiquement dense et fouillée (ou l'excentricité de sa personnalité, tout comme celle de sa famille savamment dysfonctionnelle, est un vrai pilier narratif); mais également comme un regard sociétal authentique et cynique allant plus loin que sa simple définition (la notion très actuelle de se « vendre », à une heure où les réseaux sociaux et le statut dinfluenceur à fait grimper l'équation à un stade viral alarmant).

Copyright Orion Pictures

American Fiction se fait une expérience douce-amère et acerbe à l'irrévérence continuellement lucide, qui savate l'hypocrisie du monde littéraire (et cinématographique) pour mieux pointer la discrimination raciale tapie derrière l'exploitation éhontée et sans scrupules, des multiples stéréotypes de la culture afro-américaine.
Oui, toutes ses louanges sont amplement méritées.


Jonathan Chevrier


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