[CRITIQUE/RESSORTIE] : Husbands
Réalisateur : John Cassavetes
Avec : John Cassavetes, Peter Falk, Ben Gazzara, Jenny Runacre,…
Distributeur : Park Circus France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min
Date de sortie : 17 mars 1972
Date de ressortie : 17 janvier 2024
Synopsis :
Trois quadragénaires, heureux maris et pères, apprennent la mort de leur quatrième ami. Cette disparition va les confronter à une sorte de crise d'identité, une remise en question de leur vie entière. Ils décident de se retrouver pour une fugue de quelques jours à Londres.
Critique :
L'implacabilité de l'existence et du temps font que mirer aujourd'hui Husbands, à une résonance toute particulière puisque ce film - en partie - embaumé par le deuil, a vu tous ses interprètes principaux, visages ô combien familiers du cinéma et de la télévision americaine, eux-mêmes être rattrapés par la grande faucheuse (il y a à peine une dizaine d'années pour Ben Gazzara et Peter Falk).
Cinquième effort de John Cassavetes - le premier en couleurs -, le film se fait le récit sinueux au cœur des contradictions et des maux de la vie, une chronique prise sur le vif et à vif, nourrit par les humeurs instables, entre anxiété et doute, d'une bande d'amis quadragénaires de la classe bourgeoise supérieure new-yorkaise, qui pleurent la mort d'un des leurs tout en étant de plus en plus soucieux face à la lente dégradation de leurs corps (le lot de l'âge dit moyen), et d'un bonheur qu'il pensait jusqu'ici inoxydable, aliéné par la peur de mourir et un quotidien de plus en plus anxiogène, croulant sous le poids des responsabilités.
Des hommes frustrés et fragiles en pleine crise de la quarantaine, qui aimeraient retrouver leur jeunesse, la liberté et la soif de vivre qui la caractérise, quitte à tout envoyer valser pour y parvenir.
Soit Gus, Archie et Harry, qui imbibent et noient leurs douleurs dans l'alcool et la reconstitution par les souvenirs, d'un passé désormais révolue, lancés dans une fuite en avant lorsque le dernier, à la suite d'une violente dispute avec son épouse, quitte le pays pour se réfugier à Londres - vite suivi par les deux autres.
À l'autre bout de l'Atlantique, faussement protégés de l'absurdité de la vie domestique et de ses responsabilités, ils tentent de faire perdurer leurs festivités sans se donner de limites.
Deux reviendront au bercail, un autre restera, mais aucun des trois ne semble réellement prêt à renouer avec la dure réalité...
Réflexion désabusée et pessimiste sur la condition humaine et l'existence, bouffée par les contraintes et convenances sociales, qui privilégie l’exploration intime et émotionnelle par l'explosion naturelle et authentique des corps, à une représentation narrative totalement pensée et sculptée annihilant toute idée d'improvisation (la définition même, au fond, du cinéma vérité); Husbands confond réalité et fiction, épouse la crudité éprouvante de la vie comme pour mieux nous faire le témoin à la fois amusé et gêné, touché et troublé, des atermoiements d'hommes littéralement essoufflés et à la dérive.
Anarchique dans sa forme, éreintant - dans le bon sens - et bouleversant (même dans sa confusion consentie) dans son fond, Cassavetes filme l'urgence de (sur)vivre jusqu'à l'ivresse, fait briller les âmes même dans leurs imperfections, et signe le buddy movie ultime, brut, tout en émotion et en fureur.
Un génie, pour un film génial.
Jonathan Chevrier
Avec : John Cassavetes, Peter Falk, Ben Gazzara, Jenny Runacre,…
Distributeur : Park Circus France
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h02min
Date de sortie : 17 mars 1972
Date de ressortie : 17 janvier 2024
Synopsis :
Trois quadragénaires, heureux maris et pères, apprennent la mort de leur quatrième ami. Cette disparition va les confronter à une sorte de crise d'identité, une remise en question de leur vie entière. Ils décident de se retrouver pour une fugue de quelques jours à Londres.
Critique :
Réflexion désabusée sur la condition humaine, #Husbands mêle réalité et fiction, épouse la crudité de la vie comme pour mieux nous faire le témoin à la fois amusé et gêné, touché et troublé, des aléas de trois hommes en pleine crise de la quarantaine et littéralement à la dérive. pic.twitter.com/leday6wxGN
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 20, 2024
L'implacabilité de l'existence et du temps font que mirer aujourd'hui Husbands, à une résonance toute particulière puisque ce film - en partie - embaumé par le deuil, a vu tous ses interprètes principaux, visages ô combien familiers du cinéma et de la télévision americaine, eux-mêmes être rattrapés par la grande faucheuse (il y a à peine une dizaine d'années pour Ben Gazzara et Peter Falk).
Cinquième effort de John Cassavetes - le premier en couleurs -, le film se fait le récit sinueux au cœur des contradictions et des maux de la vie, une chronique prise sur le vif et à vif, nourrit par les humeurs instables, entre anxiété et doute, d'une bande d'amis quadragénaires de la classe bourgeoise supérieure new-yorkaise, qui pleurent la mort d'un des leurs tout en étant de plus en plus soucieux face à la lente dégradation de leurs corps (le lot de l'âge dit moyen), et d'un bonheur qu'il pensait jusqu'ici inoxydable, aliéné par la peur de mourir et un quotidien de plus en plus anxiogène, croulant sous le poids des responsabilités.
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Des hommes frustrés et fragiles en pleine crise de la quarantaine, qui aimeraient retrouver leur jeunesse, la liberté et la soif de vivre qui la caractérise, quitte à tout envoyer valser pour y parvenir.
Soit Gus, Archie et Harry, qui imbibent et noient leurs douleurs dans l'alcool et la reconstitution par les souvenirs, d'un passé désormais révolue, lancés dans une fuite en avant lorsque le dernier, à la suite d'une violente dispute avec son épouse, quitte le pays pour se réfugier à Londres - vite suivi par les deux autres.
À l'autre bout de l'Atlantique, faussement protégés de l'absurdité de la vie domestique et de ses responsabilités, ils tentent de faire perdurer leurs festivités sans se donner de limites.
Deux reviendront au bercail, un autre restera, mais aucun des trois ne semble réellement prêt à renouer avec la dure réalité...
Réflexion désabusée et pessimiste sur la condition humaine et l'existence, bouffée par les contraintes et convenances sociales, qui privilégie l’exploration intime et émotionnelle par l'explosion naturelle et authentique des corps, à une représentation narrative totalement pensée et sculptée annihilant toute idée d'improvisation (la définition même, au fond, du cinéma vérité); Husbands confond réalité et fiction, épouse la crudité éprouvante de la vie comme pour mieux nous faire le témoin à la fois amusé et gêné, touché et troublé, des atermoiements d'hommes littéralement essoufflés et à la dérive.
Copyright 1970, renewed 1998 Faces Music, Inc. All Rights Reserved. |
Anarchique dans sa forme, éreintant - dans le bon sens - et bouleversant (même dans sa confusion consentie) dans son fond, Cassavetes filme l'urgence de (sur)vivre jusqu'à l'ivresse, fait briller les âmes même dans leurs imperfections, et signe le buddy movie ultime, brut, tout en émotion et en fureur.
Un génie, pour un film génial.
Jonathan Chevrier