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[CRITIQUE] : The Kitchen


Réalisateurs : Daniel Kaluuya et Kibwe Tavares
Avec : Kano, Hope Ikpoku JnrHenry LawfullDani Moseley,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Aventure, Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h47min

Synopsis :
Dans un contexte d'injustice croissante et d'embourgeoisement, un jeune garçon trouve sa place dans le dernier endroit encore disponible pour les habitants les plus défavorisés de Londres.



Critique :


Il y a toujours quelque chose de grisant dans le fait de découvrir les premiers pas en tant que cinéaste, d'une comédienne ou d'un comédien que l'on affectionne, de voir si ce passage derrière la caméra sera nourrit - ou non - par cette dite carrière devant, si elle amènera un condensé de toutes ses influences diverses ou, plus alléchant encore, elle permettra la découverte d'un versant totalement inédit de ses personnalités.

Copyright Netflix

Quand bien même il n'a ici que le statut de co-réalisateur - avec Kibwe Tavares -, cette transition opérée par Daniel Kaluuya, de loin l'un des comédiens britanniques les plus doués de sa génération, avait tout pour attirer le regard de tout cinéphile un minimum averti, d'autant qu'il brigue également avec The Kitchen, la casquette de co-scénariste - aux côtés de Joe Murtagh.

Fable futuriste et dystopique flanquée dans un Londres socialement plus divisé que jamais et bien décidé à se délester de tous ses logements sociaux, le film, vissé sur les artefacts délabrés du vieux monde et ceux qui s'y accrochent fermement mais surtout comme ils le peuvent - le quartier étonnamment lumineux The Kitchen, d'où le titre -, articule sa puissance et sa colère au travers de la plus grande et insidieuse violence communautaire du monde moderne : la gentrification, tant ce qui était considéré jadis comme un changement positif au sein d'un quartier ou d'une ville, est désormais exposé comme une sorte d'invasion.

Copyright Netflix

Et c'est ce sentiment d'envahissement, cette présentation de la gentrification comme un acte d'hostilité ouverte, qui sert de colone vertébrale à un recit finalement pas si éloigné des moins fantastiques mais tout aussi évocateur, Residue de Merawi Gerima et The Last Black Man in San Francisco de Joe Talbot, avec de belles idées de mise en scène en prime.

Plus honnête et moins sensationnaliste qu'un Neill Blomkamp, The Kitchen oscille tout du long entre le drame familial un poil banal - à l'émotion absente - et la bande alarmiste et socio-réaliste bouillante, porté un refus douloureux et obstiné contre processus d'effacement et d'oubli instrumentalisé de la société contemporaine, allant plus loin que la gentrification elle-même et qui a un effet dévastateur sur les communautés.


Jonathan Chevrier


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