[CRITIQUE] : Le Monde après nous
Réalisateur : Sam Esmail
Acteurs : Julia Roberts, Ethan Hawke, Mahershala Ali, Myha'la Herrold, Kevin Bacon,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min.
Synopsis :
Une famille qui rêvait d'une pause dans une luxueuse maison de location plonge en plein chaos après une cyberattaque qui neutralise tout appareil – et l'irruption de deux inconnus.
Critique :
D'une manière plus ou prononcée avec Mr Robot (quand le show était à son meilleur, évidemment), Sam Esmail nous a habitué au pire, à nous donner de bonnes raisons, résolument cathartiques, de nous inquiéter face à un monde qui part sensiblement en sucette.
Une fatalité fermement marqué dans la psyché de tous mais contre laquelle, paradoxalement, nous ne faisons rien, engoncé dans une complaisance gênante... quelle humanité.
Mais avec Le Monde après nous, produit grassement du côté de la firme au Tudum Netflix - plus ou moins libre adaptation du roman éponyme de Rumaan Alam -, le bonhomme pousse les potards de notre angoisse apocalyptique collective et croissante au maximum, dans ce qui peut se voir comme une sorte de petite Bay-isation sauce The Twilight Zone de ses thématiques, une évolution plus spectaculaire de son cinéma à la fois profondément déchirant et enthousiasmant.
Définitivement moins lyrique que son matériau d'origine, sans doute parce qu'il contextualise un poil trop sa mise en images de la fin des temps, là où le roman se faisait bien plus ambiguë, Esmail croque autant une exploration sociologique et psychologique de la fin du monde (de manière plus complète que le récent Knock at the cabin de M. Night Shyamalan), qu'un thriller apocalyptique spectaculaire sauce huis clos sous tension, renouant à la fois avec l'idée de chaos total par le prisme de l'intime (une poignée de figures) qui irriguait déjà ses précédents efforts, mais aussi avec celle de notre anxiété réelle face à une technologique indispensable et inquiétante - mais dont on reste furieusement dépendant.
L'histoire, scindée en cinq chapitres plus ou moins rythmés, suit celle de Amanda et Clay, un couple new-yorkais aisé et assez banal (artificiel ?) qui décide sur un coup de tête de quitter la baraque familiale avec ses deux enfants, pour partir en petit week-end à Long Island.
Le hic, c'est que cette escapade bucolique commence à tourner au vinaigre et se confronte pleinement au réel, lorsque le propriétaire de la maison qu'ils ont louée, GH Scott, accompagné de sa fille, fait son retour à la maison en affirmant qu'une mystérieuse panne de courant a coupé l'électricité dans toute la ville...
Particulièrement doué pour piquer tous les travers - évidemment exacerbés - de l'humanité et du malaise contemporain, d'autant plus dans une situation extrême où plus personne n'a de contrôle - même sur sa propre existence -, Esmail sonde le rongement existentiel qui nous habite tous, cartographie tous les points de pression de notre société (la paranoïa latente et collective, la lutte des classe, la misanthropie, la sur-dépendance à la technologie et internet,...) pour mieux appuyer dessus, et ainsi nous pousser tous gentiment vers le précipice : n'y a t-il rien de plus terrible et terrifiant, que de réaliser que nous sommes vraiment livrés à nous-mêmes dans ce monde ?
Malgré un sextet de personnages complémentaires - trois adultes, trois adolescents -, spectateurs d'une situation qui lentement se dégrade et dont les interactions affûtées donnent au film sa tension indélébile, le cinéaste ne donne in fine, réellement, du grain à moudre qu'à la matriarche Amanda, sa " Mother Medusa " à l'attitude plus agressive que passive, à la colère intérieure explosive qui ne demande qu'à imploser pour mieux éclabousser le monde, incarnée par une Julia Roberts absolument extraordinaire (et dont le versant pris par sa carrière depuis quelques années, est particulièrement passionnant).
Elle est l'incarnation troublée et troublante de l'inévitable déliquescence de l'humanité, la notion évidente d'une extinction par notre retournement les uns envers les autres, graines d'un chaos déjà plantées depuis des lustres et qui, par des touches plus que perceptibles, ont déjà germées un peu partout - et de manière plus prononcée depuis la pandémie du Covid-19.
Le Monde après nous où un thriller apocalyptico-paranoïaque méchamment pessimiste et déroutant donc, mais surtout douloureusement humain.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Julia Roberts, Ethan Hawke, Mahershala Ali, Myha'la Herrold, Kevin Bacon,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min.
Synopsis :
Une famille qui rêvait d'une pause dans une luxueuse maison de location plonge en plein chaos après une cyberattaque qui neutralise tout appareil – et l'irruption de deux inconnus.
Critique :
Particulièrement doué pour piquer tous les travers de l'humanité et du malaise contemporain, #LeMondeAprèsNous se fait autant une exploration sociologique et psychologique de la fin du monde, qu'un solide thriller apocalyptico-paranoïaque, dominé par une incroyable Julia Roberts. pic.twitter.com/5KE4W7HjVJ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 8, 2023
D'une manière plus ou prononcée avec Mr Robot (quand le show était à son meilleur, évidemment), Sam Esmail nous a habitué au pire, à nous donner de bonnes raisons, résolument cathartiques, de nous inquiéter face à un monde qui part sensiblement en sucette.
Une fatalité fermement marqué dans la psyché de tous mais contre laquelle, paradoxalement, nous ne faisons rien, engoncé dans une complaisance gênante... quelle humanité.
Mais avec Le Monde après nous, produit grassement du côté de la firme au Tudum Netflix - plus ou moins libre adaptation du roman éponyme de Rumaan Alam -, le bonhomme pousse les potards de notre angoisse apocalyptique collective et croissante au maximum, dans ce qui peut se voir comme une sorte de petite Bay-isation sauce The Twilight Zone de ses thématiques, une évolution plus spectaculaire de son cinéma à la fois profondément déchirant et enthousiasmant.
Copyright Netflix |
Définitivement moins lyrique que son matériau d'origine, sans doute parce qu'il contextualise un poil trop sa mise en images de la fin des temps, là où le roman se faisait bien plus ambiguë, Esmail croque autant une exploration sociologique et psychologique de la fin du monde (de manière plus complète que le récent Knock at the cabin de M. Night Shyamalan), qu'un thriller apocalyptique spectaculaire sauce huis clos sous tension, renouant à la fois avec l'idée de chaos total par le prisme de l'intime (une poignée de figures) qui irriguait déjà ses précédents efforts, mais aussi avec celle de notre anxiété réelle face à une technologique indispensable et inquiétante - mais dont on reste furieusement dépendant.
L'histoire, scindée en cinq chapitres plus ou moins rythmés, suit celle de Amanda et Clay, un couple new-yorkais aisé et assez banal (artificiel ?) qui décide sur un coup de tête de quitter la baraque familiale avec ses deux enfants, pour partir en petit week-end à Long Island.
Le hic, c'est que cette escapade bucolique commence à tourner au vinaigre et se confronte pleinement au réel, lorsque le propriétaire de la maison qu'ils ont louée, GH Scott, accompagné de sa fille, fait son retour à la maison en affirmant qu'une mystérieuse panne de courant a coupé l'électricité dans toute la ville...
Particulièrement doué pour piquer tous les travers - évidemment exacerbés - de l'humanité et du malaise contemporain, d'autant plus dans une situation extrême où plus personne n'a de contrôle - même sur sa propre existence -, Esmail sonde le rongement existentiel qui nous habite tous, cartographie tous les points de pression de notre société (la paranoïa latente et collective, la lutte des classe, la misanthropie, la sur-dépendance à la technologie et internet,...) pour mieux appuyer dessus, et ainsi nous pousser tous gentiment vers le précipice : n'y a t-il rien de plus terrible et terrifiant, que de réaliser que nous sommes vraiment livrés à nous-mêmes dans ce monde ?
Copyright Netflix |
Malgré un sextet de personnages complémentaires - trois adultes, trois adolescents -, spectateurs d'une situation qui lentement se dégrade et dont les interactions affûtées donnent au film sa tension indélébile, le cinéaste ne donne in fine, réellement, du grain à moudre qu'à la matriarche Amanda, sa " Mother Medusa " à l'attitude plus agressive que passive, à la colère intérieure explosive qui ne demande qu'à imploser pour mieux éclabousser le monde, incarnée par une Julia Roberts absolument extraordinaire (et dont le versant pris par sa carrière depuis quelques années, est particulièrement passionnant).
Elle est l'incarnation troublée et troublante de l'inévitable déliquescence de l'humanité, la notion évidente d'une extinction par notre retournement les uns envers les autres, graines d'un chaos déjà plantées depuis des lustres et qui, par des touches plus que perceptibles, ont déjà germées un peu partout - et de manière plus prononcée depuis la pandémie du Covid-19.
Le Monde après nous où un thriller apocalyptico-paranoïaque méchamment pessimiste et déroutant donc, mais surtout douloureusement humain.
Jonathan Chevrier