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[CRITIQUE] : La Tresse


Réalisatrice : Laetitia Colombani
Avec : Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer, Sajda Pathan, …
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français, Italien, Canadien, Belge
Durée : 1h59min

Synopsis :
D'après le best-seller aux 5 millions de lecteurs

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l'école.
Italie. Giulia travaille dans l'atelier de son père. Lorsqu'il est victime d'un accident, elle découvre que l'entreprise familiale est ruinée.
Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu'elle est malade.
Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu'elles ont de plus intime et de plus singulier.


Critique :



Actrice, réalisatrice, Laetitia Colombani s’empare également de la plume d’écrivain en 2017, avec son premier roman, La Tresse, un succès mondial depuis décliné en album pour enfant et en pièce de théâtre. Il manquait le cinéma dans ce brillant palmarès de prix et d’adaptation. C’est maintenant chose faite. Suivant les traces d’Amanda Sthers, une autre réalisatrice et autrice française, Laetitia Colombani adapte elle-même son roman dans un film éponyme.

Trois vies entremêlées telle une tresse, c’est ainsi que se construit le long-métrage, découpé distinctement en trois. Trois femmes. Trois pays. Trois destins. Elles ne se connaissent pas, ne se côtoieront jamais et pourtant, leur existence aura une incidence sur les autres. La légende du fil rouge, un fil invisible rassemblant deux êtres prédestinés à finir ensemble, prend une autre forme ici. L’histoire semble nous dire que nos choix ont un impact sur les personnes qui nous entourent, même celles qu’on ne connaît pas.

Copyright SND


La Tresse s’ouvre sur le quotidien difficile de Smita en Inde, une Intouchable (c’est-à-dire une paria dans le système des castes, vouée à une vie de discrimination et de travail à lourde pénibilité). Elle vit avec son mari et sa fille dans un petit village où elle nettoie la merde des autres (littéralement) pour obtenir de quoi se nourrir. Le système des castes étant héréditaire, sa fille Lalita est vouée à suivre le même schéma. Les pots-de-vin pour qu’elle suive un cursus à l’école n’y changeront rien. Alors que nous suivons avec intérêt les tribulations de Smita, le cadre change abruptement et nous emmène dans le sud de Il’talie où Giulia, qui aime son père Pietro et la littérature, mène une vie tranquille. Jusqu’au jour où Pietro tombe dans le coma après un accident de voiture. Les problèmes s’accumulent, entre leur société, une entreprise de fabrication de perruques, en faillite et la maison hypothéquée, Giulia, ses deux sœurs et sa mère sont prises au piège par le destin. Au même moment au Canada, à Montréal plus précisément, Sarah, divorcée et mère de trois enfants est aussi une avocate ambitieuse, sur le point de devenir associée dans son cabinet. Hélas, là aussi le destin s’en mêle quand celle-ci, à l’instar de sa mère décédée quelques années plus tôt, apprend qu'elle est atteinte d’un cancer du sein.

Difficile de ne pas faire plus différentes que Smita, Giulia et Sarah. Leur vie, leur maux, leur caractère, leur façon de gérer leur situation respective. Difficile également de voir la tresse (si on ne compte pas la scène où Smita coiffe Lalita d’une tresse) promise dans la structure du récit, tant les trois histoires ne s’entremêlent jamais. Le rythme redondant (séquence en Inde, puis séquence en Italie et enfin, séquence au Canada, et ainsi de suite) peine à faire ressortir la symbolique et la puissance de ces femmes qui osent et qui se battent. Là où les mots suffisaient à bâtir un imaginaire loin d’être cliché, Laetitia Colombani n’est pas arrivée à le traduire en image. Le choix de la colorimétrie, orange pour l’Inde, bleutée pour l’Italie, grise pour le Canada, empêche l’unicité de l’ensemble. Les segments ont leur propre code et deviennent, au fur et à mesure, des esquisses de différents films plus qu’une seule œuvre à part entière. Nous sommes un peu circonspects face à la communication autour du film, allant mettre des avis de spectateur⋅ices directement dans la bande-annonce, à l’image de l’affiche où l’on nous somme d’être ému⋅es. Car l’émotion ne peut être présente dans un film où tout est contenu. La musique, à la limite du sirupeux, n’aide pas à ressentir la profondeur des histoires, bien au contraire. L’ensemble possède un goût d’inachevé, le récit, balisé au possible, n’atteignant pas un climax tragique, à la hauteur de ce que lui imposait sa narration.

Copyright SND

La Tresse n’est pas à la hauteur de son matériau de base et de sa puissance. Laetitia Colombani s’échine à nous montrer le concret alors que son film lui réclame du symbole, le destin étant une chose trop aléatoire et indistincte pour être formé par un montage aussi scrupuleux.


Laura Enjolvy


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