[CRITIQUE] : Fingernails
Réalisateur : Christos Nikou
Avec : Jessie Buckley, Riz Ahmed, Jeremy Allen White, Luke Wilson, Annie Murphy,...
Distributeur : Apple TV Plus
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min
Synopsis :
Anna et Ryan on trouvé le véritable amour. Cela a été prouvé par une nouvelle technologie controversée. Mais il y a un problème: Anna n’en est malgré tout pas certaine. Surtout lorsqu’elle accepte un poste à l’institut de test de l’amour et rencontre Amir.
Critique :
Dans ce qui peut se voir comme un présent alternatif, où la technologie a connu des évolutions dissemblables à la notre (pas réellement de téléphones portables à l'horizon), Christos Nikou, quelques années après son excellent et déjà cynique Apples (qui était autant un mélo acide qu'une satire pertinente sur la condition humaine, où nos existences sont standardisés par des habitudes censés constituer nos individualités aux yeux du monde), fait de Fingernails une fantaisie où l'extraction d'un ongle permet de vérifier si deux personnes sont réellement amoureuses.
Plus efficace que n'importe quelle application de rencontres donc, avec trois résultats possibles : la compatibilité absolue - 100% -, inexistante - 0% -, où un résultat définitivement plus complexe mais à la viabilité restreinte - 50%, sans révéler réellement lequel des deux partenaires est réellement épris de l'autre.
C'est au cœur de l'institut de l'amour qui procède à ce miracle scientifique, que l'on suit Anna, ancienne institutrice dont le travail, secret, aux côtés de son mentor Amir, consiste à accompagner l'enseignement fait aux couples qui décident de se rendre dans cet établissement pour développer leur intimité, avant l'implacable vérité du verdict final.
Un " enseignement " qui se fait le lot d'expériences/exercices plutôt barrés, allant du choc électrique (que l'on s'inflige pour s'habituer à la douleur de l'absence de l'autre) à la reconnaissance de l'odeur de sa moitié, en passant par des sauts en parachute - pour renforcer la confiance en l'autre -, et même le visionnage intensif de comédies romantiques.
Mais alors que le tandem s'affaire à préparer les différents couples à être les uniques moitiés d'une vie, une complicité de plus en plus forte se noue entre eux, comme si les curiosités qu'incarnent les expériences amoureuses qu'ils prodiguent, avaient une influence réelle sur leur relation mais aussi et surtout, sur leurs aspirations cachées.
Ce qui, paradoxalement, va à l'encontre du diagnostic qu'à pu avoir Anna avec son petit ami, Ryan, dont la compatibilité était pourtant évaluée à 100%, et avec qui la relation semble gentiment s'étioler...
Sensiblement inscrit dans la même veine que son précédent effort, où l'auscultation de l'humanité se focalise ici sur ce qui est son plus puissant moteur - l'amour -, Fingernails se fait une douce comédie pas si romantique, sondant l'imprévisibilité du sentiment amoureux au travers d'une mécanique gentiment cynique : son contrôle par la science, au sein même d'une société aussi bien obnubilé par les lois d'une technologie omniprésente et essentielle, autant qu'il est biberonné par une image souvent subtilement biaisée - par le cinéma, la télévision, la littérature - du sentiment amoureux et de l'image du couple " parfait ".
Savoureusement sèche (cet excellent humour pince-sans-rire qu'il partage avec son compatriote, Yorgos Lanthimos) et existentielle dans son exploration exubérante d'une société à la fois nostalgiquement pittoresque, rigide et aliénante, où la réglementation de la vérité des sentiments contrôlés où même refoulés, est devenue fondamentale; le film, bien qu'il manque cruellement de contextualisation (le sexe, la monogamie, le désir d'enfants,...), n'en reste pas moins pertinent dans sa manière de pointer le besoin maladif de conformisme des gens, autant que de définir l'amour comme un esprit vivant, qui ne doit jamais pris pour acquis, ni régit par des lois qui le dépasse.
Jonathan Chevrier
Avec : Jessie Buckley, Riz Ahmed, Jeremy Allen White, Luke Wilson, Annie Murphy,...
Distributeur : Apple TV Plus
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Thriller, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h53min
Synopsis :
Anna et Ryan on trouvé le véritable amour. Cela a été prouvé par une nouvelle technologie controversée. Mais il y a un problème: Anna n’en est malgré tout pas certaine. Surtout lorsqu’elle accepte un poste à l’institut de test de l’amour et rencontre Amir.
Critique :
Sec dans son observation d'une société rigide/aliénante où la réglementation de l'amour est fondamentale, #Fingernails est pertinent dans sa façon de pointer le besoin maladif de conformisme et sa définition de l'amour comme un esprit vivant, qui ne doit pas être pris pour acquis pic.twitter.com/5GEnZ8sXum
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 3, 2023
Dans ce qui peut se voir comme un présent alternatif, où la technologie a connu des évolutions dissemblables à la notre (pas réellement de téléphones portables à l'horizon), Christos Nikou, quelques années après son excellent et déjà cynique Apples (qui était autant un mélo acide qu'une satire pertinente sur la condition humaine, où nos existences sont standardisés par des habitudes censés constituer nos individualités aux yeux du monde), fait de Fingernails une fantaisie où l'extraction d'un ongle permet de vérifier si deux personnes sont réellement amoureuses.
Plus efficace que n'importe quelle application de rencontres donc, avec trois résultats possibles : la compatibilité absolue - 100% -, inexistante - 0% -, où un résultat définitivement plus complexe mais à la viabilité restreinte - 50%, sans révéler réellement lequel des deux partenaires est réellement épris de l'autre.
Copyright Apple TV+ |
C'est au cœur de l'institut de l'amour qui procède à ce miracle scientifique, que l'on suit Anna, ancienne institutrice dont le travail, secret, aux côtés de son mentor Amir, consiste à accompagner l'enseignement fait aux couples qui décident de se rendre dans cet établissement pour développer leur intimité, avant l'implacable vérité du verdict final.
Un " enseignement " qui se fait le lot d'expériences/exercices plutôt barrés, allant du choc électrique (que l'on s'inflige pour s'habituer à la douleur de l'absence de l'autre) à la reconnaissance de l'odeur de sa moitié, en passant par des sauts en parachute - pour renforcer la confiance en l'autre -, et même le visionnage intensif de comédies romantiques.
Mais alors que le tandem s'affaire à préparer les différents couples à être les uniques moitiés d'une vie, une complicité de plus en plus forte se noue entre eux, comme si les curiosités qu'incarnent les expériences amoureuses qu'ils prodiguent, avaient une influence réelle sur leur relation mais aussi et surtout, sur leurs aspirations cachées.
Ce qui, paradoxalement, va à l'encontre du diagnostic qu'à pu avoir Anna avec son petit ami, Ryan, dont la compatibilité était pourtant évaluée à 100%, et avec qui la relation semble gentiment s'étioler...
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Sensiblement inscrit dans la même veine que son précédent effort, où l'auscultation de l'humanité se focalise ici sur ce qui est son plus puissant moteur - l'amour -, Fingernails se fait une douce comédie pas si romantique, sondant l'imprévisibilité du sentiment amoureux au travers d'une mécanique gentiment cynique : son contrôle par la science, au sein même d'une société aussi bien obnubilé par les lois d'une technologie omniprésente et essentielle, autant qu'il est biberonné par une image souvent subtilement biaisée - par le cinéma, la télévision, la littérature - du sentiment amoureux et de l'image du couple " parfait ".
Savoureusement sèche (cet excellent humour pince-sans-rire qu'il partage avec son compatriote, Yorgos Lanthimos) et existentielle dans son exploration exubérante d'une société à la fois nostalgiquement pittoresque, rigide et aliénante, où la réglementation de la vérité des sentiments contrôlés où même refoulés, est devenue fondamentale; le film, bien qu'il manque cruellement de contextualisation (le sexe, la monogamie, le désir d'enfants,...), n'en reste pas moins pertinent dans sa manière de pointer le besoin maladif de conformisme des gens, autant que de définir l'amour comme un esprit vivant, qui ne doit jamais pris pour acquis, ni régit par des lois qui le dépasse.
Jonathan Chevrier