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[CRITIQUE] : Vicenta B


Réalisateur : Carlos Lechuga
Avec : Linnett Hernandez ValdesAimeé Despaigne, Mireya Chapman,…
Budget : -
Distributeur : Bobine Films
Genre : Drame.
Nationalité : Cubain, Colombien.
Durée : 1h17min

Synopsis :
La Havane, de nos jours. Dans la capitale cubaine, les rues se vident en raison de l’émigration massive des jeunes diplômés. Le fils de Vicenta Bravo, une « santera » ayant le don de prédire l’avenir, n’échappe pas à la règle et décide de partir vers de nouveaux horizons en allant s’installer à l’étranger. Un départ qui bouleverse considérablement Vicenta qui constate que le départ de son fils entraîne étrangement la perte de son don de voyance…



Critique :


Au sein d'une distribution annuelle de plus en plus dense, ce qui est à la fois une bénédiction (on ne compte plus les belles découvertes au fil de mercredis) et une source de frustration incroyable (car il est humainement impossible de tout voir, sauf cas exceptionnels), il n'est désormais plus rare de voir l'émergence d'œuvres issuzs d'industries en pleine essor, squatter des salles obscures au milieu de grosses productions rutilantes américaines, où de comédies populaires bien de chez nous.

Un éclectisme qui est aussi bien une chance qu'une force, et que l'on se doit se préserver en ouvrant, justement, nos horizons au moins autant que les petits distributeurs courageux, tentant des paris souvent à la lisière du casse-gueule - pour rester poli.
Nouvelle preuve en date cette semaine avec, entre autres, Vicenta B, estampillé troisième long-métrage du cinéaste cubain Carlos Lechuga (après Melaza, sorti en salles par chez nous, et le plus bouillant Santa y Andrés)

Copyright Cacha FIlms

Un magnifique morceau de drame intimiste vissé sur la crise existentielle et religieuse d'une mère cubaine, Vincenta, affligée par l'absence de son fils parti étudier aux États-Unis, et la culpabilité face à la tragédie qui frappe une jeune femme qu'elle n'a pas su aider.
Tout du long, le cinéaste capture avec pudeur et mélancolie, les troubles intimes qui l'assaillent, elle qui est une " santera " (qui a le don de voyance, elle est cartomancienne) qui a trouvé sa place loin du tumulte et de l'effervescence de La Havane, et qui a dédié son existence à aider les âmes en quête de réconfort spirituel, alors qu'elle est tout aussi vulnérable à la solitude qu'elles.

À travers ses atermoiements, Lechuga dresse le portrait sociologique et religieux d'un Cuba sensiblement complexe, où chaque parcelle du quotidien emprisonné dans l'indifférence de son héroïne digne et résiliente, se fait écho aux traumas d'une nation transculturelle, marquée par la précarité (économique, sanitaire,...), la violence et une profonde crise idéologique et spirituelle, intimement liée à l'émigration d'une importante partie de la jeunesse cubaine, et à la fragilité de ceux (plus âgés) qui restent.
Une errance dépouillée et lancinante, presque Bergmanienne, portée par une captivante Linnett Hernandez Valdes.


Jonathan Chevrier


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