[CRITIQUE] : Le Théorème de Marguerite
Réalisatrice : Anna Novion
Acteurs : Ella Rumpf, Julien Frison, Maurice Cheng, Jean-Pierre Darroussin, Sonia Bonny, Clotilde Courau,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Suisse.
Durée : 1h52min
Synopsis :
L'avenir de Marguerite, brillante élève en Mathématiques à l'ENS, semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer.
Critique :
Sans forcément être un érudit de la magie impénétrable des mathématiques (l'auteur de ses mots, pas scientifique pour un sou, à quand-même googler plusieurs fois le sujet, pour être sûr de ne pas trop se planter), il n'est pas impossible d'avoir entendu/lu, au gré d'un article où d'une conversation, le terme de " conjecture de Goldbach ", peut-être l’une des théories mathématiques non résolues les plus célèbres, qui stipule que tout entier pair supérieur à 3 (à partir de 4 donc) peut s'écrire comme la somme de deux nombres premiers.
Facile à assimiler/aborder si l'on s'en tient à des équations simples (exemple : 16 = 11 + 5, mais aussi 13 + 3), moins lorsque l'on fait face à une quantité plus conséquente, voire infinie, de nombres.
C'est cet edifice indéchiffrable qui sert de pivot au bien nommé Le Théorème de Marguerite d'Anna Novion (Les Grandes Personnes), wannabe coming of age movie mêlant mathématiques et sentiments lui-même vissé sur une personnalité complexe mais captivante, au cœur d'une équation cinématographique qui a, un temps, le bon ton de déjouer les clichés les plus binaires, pour in fine rendre une copie furieusement élémentaire.
Soit Marguerite, une jeune et brillante chercheuse/mathématicienne (elle est la seule fille de sa promo, et elle navigue tant bien que mal en solitaire, dans cet océan infesté de requins) dont la quête chimérique est donc de titiller l'œuvre de Christian Goldbach, un temps aidé par son superviseur Laurent Werner, avant que celui-ci ne lui colle dans les pattes un autre étudiant, Lucas, pour l'aider - sans même masquer sa confiance de plus en plus défaillante envers elle - à préparer une conférence très importante à Lausanne.
Dite conférence devant un parterre de chercheurs, qui va in fine vite tourner au pâté : ses algorithmes sont démontés, et elle est virée de l'ENS.
Elle décide alors de repartir de zéro pour mieux rebondir et s'ouvrir à un monde pour lequel, jusqu'ici, elle semblait " hors norme "...
Et contre toute attente, ce récit initiatique et introspectif d'un esprit unique et empathique fonctionne sans trop d'encombres, s'éloignant gentiment mais sûrement du spectre maladif et glacial d'un A Beautiful Mind, pour voguer vers quelque chose de plus naturel et d'enthousiamant dans l'acceptation difficile de l'illogique et de l'irrationnel, dans sa reconstruction/sociabilisation - presque - sans filtre, joliment guidée par la prestation juste de Ella Rumpf, qui rend touchante la détermination sans borne de son personnage, à se faire un nom dans un milieu d'hommes.
Mais, à l'aube de son dernier virage, la formule s'étiole et la thèse de Novion se grippe, comme si son monde de tous les possibles se voyait ramener vers une équation plus programmatique (la résolution obsessionnelle de sa thèse, articulée autour d'une relation mentor/élève à l'écriture maladroite, où l'aîné, un mathématicien frustré, se substitue évidemment à une figure paternelle absente) voire contradictoire (cette romance qui vient priver l'autonomie et la logique pure, que Marguerite cultive et revendique pourtant tout du long), jusqu'à une résolution sonnant un poil trop faux pour son bien.
Un vrai couac qui ne rend pas pour autant son expérience désagréable, bien au contraire, tant elle comporte définitivement plus de bons points (notamment la présence solaire de Sonia Bonny, pétillante en colocataire danseuse de Marguerite) que de mauvais, une œuvre passionnée sur la flamme de la passion, où Anna Novion réalise presque l'impensable pour les littéraires que nous sommes : rendre les mathématiques vraiment intéressantes à l'écran.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Ella Rumpf, Julien Frison, Maurice Cheng, Jean-Pierre Darroussin, Sonia Bonny, Clotilde Courau,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Suisse.
Durée : 1h52min
Synopsis :
L'avenir de Marguerite, brillante élève en Mathématiques à l'ENS, semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer.
Critique :
Joli coming of age movie que #LeTheoremedeMarguerite, vissé sur la reconstruction/sociabilisation d'un esprit unique (excellente Ella Rumpf), quand bien même sa formule s'étiole en fin d'équation. Reste un pari solidement réussi : rendre les mathématiques intéressantes à l'écran. pic.twitter.com/YArTrEDqck
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 31, 2023
Sans forcément être un érudit de la magie impénétrable des mathématiques (l'auteur de ses mots, pas scientifique pour un sou, à quand-même googler plusieurs fois le sujet, pour être sûr de ne pas trop se planter), il n'est pas impossible d'avoir entendu/lu, au gré d'un article où d'une conversation, le terme de " conjecture de Goldbach ", peut-être l’une des théories mathématiques non résolues les plus célèbres, qui stipule que tout entier pair supérieur à 3 (à partir de 4 donc) peut s'écrire comme la somme de deux nombres premiers.
Facile à assimiler/aborder si l'on s'en tient à des équations simples (exemple : 16 = 11 + 5, mais aussi 13 + 3), moins lorsque l'on fait face à une quantité plus conséquente, voire infinie, de nombres.
Copyright TS productions/Michael Crotto |
C'est cet edifice indéchiffrable qui sert de pivot au bien nommé Le Théorème de Marguerite d'Anna Novion (Les Grandes Personnes), wannabe coming of age movie mêlant mathématiques et sentiments lui-même vissé sur une personnalité complexe mais captivante, au cœur d'une équation cinématographique qui a, un temps, le bon ton de déjouer les clichés les plus binaires, pour in fine rendre une copie furieusement élémentaire.
Soit Marguerite, une jeune et brillante chercheuse/mathématicienne (elle est la seule fille de sa promo, et elle navigue tant bien que mal en solitaire, dans cet océan infesté de requins) dont la quête chimérique est donc de titiller l'œuvre de Christian Goldbach, un temps aidé par son superviseur Laurent Werner, avant que celui-ci ne lui colle dans les pattes un autre étudiant, Lucas, pour l'aider - sans même masquer sa confiance de plus en plus défaillante envers elle - à préparer une conférence très importante à Lausanne.
Dite conférence devant un parterre de chercheurs, qui va in fine vite tourner au pâté : ses algorithmes sont démontés, et elle est virée de l'ENS.
Elle décide alors de repartir de zéro pour mieux rebondir et s'ouvrir à un monde pour lequel, jusqu'ici, elle semblait " hors norme "...
Copyright TS productions/Michael Crotto |
Et contre toute attente, ce récit initiatique et introspectif d'un esprit unique et empathique fonctionne sans trop d'encombres, s'éloignant gentiment mais sûrement du spectre maladif et glacial d'un A Beautiful Mind, pour voguer vers quelque chose de plus naturel et d'enthousiamant dans l'acceptation difficile de l'illogique et de l'irrationnel, dans sa reconstruction/sociabilisation - presque - sans filtre, joliment guidée par la prestation juste de Ella Rumpf, qui rend touchante la détermination sans borne de son personnage, à se faire un nom dans un milieu d'hommes.
Mais, à l'aube de son dernier virage, la formule s'étiole et la thèse de Novion se grippe, comme si son monde de tous les possibles se voyait ramener vers une équation plus programmatique (la résolution obsessionnelle de sa thèse, articulée autour d'une relation mentor/élève à l'écriture maladroite, où l'aîné, un mathématicien frustré, se substitue évidemment à une figure paternelle absente) voire contradictoire (cette romance qui vient priver l'autonomie et la logique pure, que Marguerite cultive et revendique pourtant tout du long), jusqu'à une résolution sonnant un poil trop faux pour son bien.
Copyright TS productions/Michael Crotto |
Un vrai couac qui ne rend pas pour autant son expérience désagréable, bien au contraire, tant elle comporte définitivement plus de bons points (notamment la présence solaire de Sonia Bonny, pétillante en colocataire danseuse de Marguerite) que de mauvais, une œuvre passionnée sur la flamme de la passion, où Anna Novion réalise presque l'impensable pour les littéraires que nous sommes : rendre les mathématiques vraiment intéressantes à l'écran.
Jonathan Chevrier