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[CRITIQUE] : The Sweet East


Réalisateur : Sean Price Williams
Avec : Talia Ryder, Simon Rex, Earl Cave, Jacob Elordi, Ayo Edebiri,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min

Synopsis :
Lilian, jeune lycéenne, fugue durant un voyage sco­laire. Au fil de ses ren­contres, elle découvre un monde insoup­çon­né. Les frac­tures men­tales, sociales et poli­tiques des États-Unis, fil­mées comme un conte de fée ou une varia­tion d’Alice au pays des merveilles.


Critique :


Tout cinéphile avec un poil de curiosité, à déjà entendu circuler ou lu le nom de Sean Price Williams, directeur de la photographie chouchou d'Alex Ross Perry (Her Smell) mais aussi et surtout des frangins Safdie (notamment sur Good Times), et à qui il faudra ajouter désormais la ligne " réalisateur " à son CV, puisque le bonhomme vient de signer son premier long-métrage, The Sweet East, tout récemment adoubé par la Croisette cannoise - section Quinzaine des cinéastes.

Gentiment logé entre la comédie d'aventure subversive, le teen movie initiatico-anarchique et le road movie hallucinatoire, dans ce qui peut se voir comme une sorte de relecture foutraque d'Alice aux pays des merveilles versus Sur la route de Kerouac, catapultée sur un terrier de tous les possibles mais sans merveilles - la fucking East Coast man -, où son Alice des temps modernes, Lilian, se frotte sans peur à des personnages étranges et dangereux venus tout droit des entrailles de l'Americana, comme pour mieux découvrir qui elle est réellement.

Copyright Marathon Street

Embrassant avec gourmandise le chaos de son histoire autant que celui, initiatique, d'une protagoniste qui se cherche, Price Williams nous ramène aux évasions adolescentes déglingués et poétiques des 90s (le cinéma de Linklater en tête), qui n'avait pas peur de perturber les codes établis, de mélanges les genres voire même d'être à contre-courant d'une mise en scène conventionnelle (la bonne idée de tourner en 16mm, renforce le côté enchanteur de son odyssée).

Tel un sale gosse irrévérencieux, le cinéaste déjoue continuellement les attentes aussi bien narrativement (il n'a définitivement pas peur de voguer vers de purs instants de malaise) qu'esthétiquement, scindant son épopée à l'énergie débordante, en différents chapitres/épisodes qui se font de véritables étapes dans le voyage à la découverte d'elle-même de Lilian fantastique Talia Ryder), mais également des méandres d'une société patriarcale profondément machiste, toxique et violente, ou l'extrémisme et le fanatisme - politique comme religieux - semble partout.
Un portrait concocté avec un mélange ravageur de cynisme et d'ironie, qui rend sa séance aussi jouissive que joliment marquante.
Futur culte en puissance ? Peut-être bien...


Jonathan Chevrier


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