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[CRITIQUE] : Goliath


Réalisateur : Adilkhan Yerzhanov
Avec : Daniar Alshinov, Berik Aytzhanov, Dmitriy Chebotarev,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Kazakh.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Le chef criminel Poshaev mène d’une main de fer le village de Karatas, tuant tous ceux qui cherchent à s’opposer à lui. Il compte pourtant sur Arzu, qui devient le bras droit du tyran. Mais peut-il lui faire vraiment confiance ?



Critique :


Au sein de sa foisonnante sélection, la cuvée 2023 de l'Étrange Festival a définitivement moins joué la carte de la gourmandise en ne dégainant cette fois pas deux - à la différence de 2022 avec Assaut et Immunité Collective -, mais bien un seul nouveau long-métrage du génial et prolifique cinéaste kazakh Adilkhan Yerzhanov - le Vrai chouchou du festival parisien.

On prend quand-même le cadeau, tant cela reste une vraie bénédiction d'y découvrir en avant-première son cinéma, puisqu'il n'est jamais totalement acquis que ses films aient des distributions décentes (même si l'on a pas à se plaindre de ce côté) dans l'hexagone.

Goliath, déjà passé par la case Mostra l'an dernier (section Orizzonti), se fait une nouvelle incursion jouissive du côté du néo-western crépusculaire et brutal pour le bonhomme, qu'il saupoudre d'une bonne dose de drame social et de polar noir - ainsi qu'un doigt de pathos religieux et philosophique -; le tout sous fond de soumission et de vengeance, dans une nature aussi sauvage que l'homme.

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Encore et toujours flanqué dans son village fictif et rugueux de Karatas, microcosme aride d'une nation kazakh troublée par la précarité et la corruption à tous les niveaux (tout autant que par les affres du capitalisme et d'une bureaucratie au ralenti), l'intrigue suit les atrocités commise au coeur de la simili-dictature violente instaurée et imposée par le chef criminel Poshaev (Daniyar Alshinov, cette fois de l'autre côté de la barrière du crime après l'immense A Dark, Dark Man), qui tue absolument tous ceux qui cherchent à s’opposer à lui (un prince selon Machiavel, que Yerzhanov cite plusieurs fois, pour donner encore plus de sens à son histoire).
Le salut du village ne peut venir que d'Arzu,  son bras droit en quête de vengeance (il veut venger le meurtre de sa femme), mais la question reste entière : est-il meilleur que Poshaev ?

Offrant un regard sans concession sur sa société répressive, dans laquelle la violence et la brutalité ne font qu'emplifier la désespérance d'un peuple acculé, Goliath conserve la touche moderniste de son cinéaste, tout en épousant les contours plus traditionnels du western, avec une mise en scène méticuleuse et appliquée, qui vient s'appuyer sur une magnifique photographie de Aydar Sharipov.

Une sorte d'affrontement moderne entre David et Goliath (d'où le titre), au cœur d'une œuvre hybride et nuancée (voire peut-être un poil plus didactique qu'à l'accoutumée), par un cinéaste qui semble toujours s'amuser à redéfinir les contours de son propre cinéma.
Rien de nouveau - ou presque - sous le soleil Yerzhanovien donc, et cela nous va très bien comme ça.


Jonathan Chevrier


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