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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #144. Virus

© MCA/Universal Pictures. All rights reserved.

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !


#144. Virus de John Bruno (1999)

La nostalgie, parfois biaisée, nous fait souvent adorer des mauvais films, au point que l'on serait presque, aveuglément, capable de les trouver si ce n'est bon, au minimum sympathique.
Mais les saveurs enivrantes du passé ont leurs limites et, fort heureusement, lucidité oblige, certains efforts que l'on considérait comme des bousins à l'époque, restent des bousins aujourd'hui - voire même peut-être plus encore.

Clairement de cette pellicule-là, estampillé seul et unique long-métrage d'un John Bruno spécialiste des effets spéciaux primé aux Oscars et au C.V long comme le bras (Poltergeist, SOS Fantômes, Vampire, vous avez dit vampire ?, Abyss, Terminator 2 : Le Jugement dernier, Batman : Le Défi, Titanic, Avatar,...), Virus est un sacré nanar de compét, qui flaire bon le crotin de cheval frais à peine éjecté du fondement, vrai film de studio louchant sans vergogne le risible - mais plus honnête - The Haunted Sea produit par tonton Corman (déjà avec Joanna Pacula), tout autant qu'il tente de reproduire la magie déglinguée du génial Un Cri dans l'océan - le génie fourre-tout de Stephen Sommers en moins - avec un doigt du malade Mimic, et du mythe de Frankenstein, sauce extraterrestro-robotisée.

© MCA/Universal Pictures. All rights reserved.

Un peu à l'image du Sphere de Barry Levinson, qui jouait les Abyss-repetita à coup de somni(s)phère (tu l'as ?) dans les profondeurs du grossier et du néant, Virus, rip-off de tous les rip-offs d'Alien affreusement premier degré, jusque dans le cabotinage lunaire d'un Donald Sutherland campy et sensiblement sous-substance, et la volonté de faire de l'éternelle Laurie Strode une proto-Ripley du pauvre (que Jamie Lee Curtis reniera h24 depuis), n'a quasiment rien pour lui.

Nada ou presque, de son intrigue prétexte à peine plus élaboré que le plus paresseux des épisodes de X-Files (un navire de commerce veut piller un immense vaisseau scientifique russe à la dérive, mais une entité extraterrestre en BEP mécanique, a exterminé tout l'équipage et cherche déjà de la chair fraîche pour ses prochains TP), articulée autour de la légende de la Mary Céleste et basée sur une série de bandes dessinées Dark Horse créée par Chuck Pfarrer (exemple parfait que ce qui marche sur papier glacé, ne fonctionne pas forcément à l'écran), à ses robots extraterrestres tueurs ayant tout de la version adulte énervée et sans piles du robot so cute de Short Circuit (créés par une énergie évasive restée en suspension dans l'espace), en passant par une dramaturgie jamais cohérente (culminant à un climax hilarant, où l'on torture mais ne tue pas - comme tous les autres - le personnage de Curtis) et des personnages unidimensionnels, à peine relevé par une distribution trop bien consciente de la Z-itude de l'ensemble.

© MCA/Universal Pictures. All rights reserved.

Reste alors, pour les plus attentifs et patients face à ce cauchemar peu engageant, quelques effets spéciaux pas dégueulasse (même aujourd'hui) et des maquillages qui envoie du pâté, qui viennent donner du peps à une horreur rarement sous tension, malgré quelques pistes de craintes sociétales bien réelles (le " bug " de l'an 2000, une IA prête à nous botter le cul,...).
C'est maigre, rachitique même, et pourtant, même vingt-quatre ans après, difficile de se détacher du souvenir de ce pur produit non-sensique et pop-corn hollywoodien, petit bijou inlouable d'armoires à VHS de vidéoclubs qui les dénombraient à la pelle.

Le charme de l'ancien dirons-nous, même avec de la moisissure plein les bords.


Jonathan Chevrier