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[CRITIQUE] : L'improbable voyage d'Harold Fry


Réalisatrice : Hettie MacDonald
Avec : Jim Broadbent, Penelope Wilton, Linda Bassett,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h48min

Synopsis :
« Je vais marcher, et tu vivras. » Tout juste retraité, Harold Fry mène une vie maussade aux côtés de sa femme Maureen. Lorsqu’il apprend que sa vieille amie Queenie est mourante, il sort de chez lui bouleversé pour lui poster une lettre... mais il décide de continuer à marcher pour se rendre à son chevet. Sa lettre en poche, il se lance alors dans un improbable périple de plus de 700km à travers l’Angleterre, avec l'intime conviction que son voyage maintiendra Queenie en vie. Au fil de rencontres inattendues et libératrices, Harold pourra-t-il se redonner une chance ?

D’après le livre éponyme "La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi..." écrit par Rachel Joyce (XO Editions).



Critique :

Bien qu'il est campé, avec une certaine assurance, une jolie petite galerie de crevures mémorables, impossible pourtant de ne pas ressentir un profond attachement envers Jim Broadbent, sans doute conditionné que nous sommes par son rôle de papounet touchant de Renee Zellweger dans le cultissime Le Journal de Bridget Jones - un sentiment que l'on partage même peut-être encore plus, avec le génial Bill Nighy.

Chacune de ses apparitions devient donc un (bon) prétexte pour se déplacer dans une salle obscure, et son nouvel effort en date ne dérogera absolument pas à cette règle : L'improbable voyage d'Harold Fry de Hettie MacDonald (et adapté du roman La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry arriva le mardi... de Rachel Joyce), mélodrame poliment modeste et britannique jusqu'au bout de la pellicule, constamment à la lisière du feel good movie pseudo-inspirant, dont il relève les quelques (grosses) errances narratives par la force d'une interprétation sans fausse note.

Copyright Wild Bunch Distribution

Partant d'une prémisse résolument touchante (un vieil homme excentrique et socialement maladroit à la retraite, Howard, décide de faire 700km à pied pour aller au chevet de sa meilleure amie, Queenie, atteinte d'un cancer, persuadé que son acte de foi fera en sorte qu'elle y survive), tout en articulant son mood feel good au travers du pouvoir de guérison que peut incarner l'espoir (et le conditionnement psychologique qu'il impose également), le film déroule sans trop se fouler la cheville son intrigue road moviesque qui ne pète décemment pas dans la soie de l'originalité, agrémentant même sa route de quelques flash-backs faisant bifurquer le récit vers l'introspection d'une vie faite de tragédies mais duquel découle un présent malheureux (un mariage fait de regrets, de colère et de rancœur) - que ce soit pour Harold comme pour sa femme, Maureen, qui arpente le même voyage introspectif mais de chez eux.

Et c'est la que réside à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse du long-métrage : une formidable et touchante étude des émotions enfouies/refoulées et de l'emprise paralysante du chagrin, un récit inspirant et humain que l'écriture maladroite vient saccager tant elle cherche continuellement à surligner quelle a vocation à être inspirante et pétri d'humanité.

Copyright Wild Bunch Distribution

De balade pittoresque sur un homme plein de chagrin qui apprend à embrasser la générosité d'une vie qu'il ne vivait plus réellement, en se reconnectant au monde dans une sorte d'acte improbable de rédemption, à une histoire sur-écrite et férocement sirupeuse sensiblement irréaliste, au happy-end prévisible à des kilomètres.
Trop tire-larmes pour son bien et pas aidé non plus par des tons contradictoires, L'improbable voyage d'Harold Fry n'en reste pas moins profondément agréable à mirer grâce au formidable tandem Jim Broadbent/Penelope Wilton, qui pourrait nous vendre n'importe quelle odyssée anglaise sur leurs seules présences expertes.


Jonathan Chevrier