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[CRITIQUE] : The Flash

Réalisateur : Andy Muschietti
Acteurs : Ezra Miller, Michael Keaton, Sasha Calle, Ben Affleck, Michael Shannon, Ron Livingston,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Science-fiction, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h24min.

Synopsis :
Les réalités s’affrontent dans The Flash lorsque Barry se sert de ses super-pouvoirs pour remonter le temps et modifier son passé. Mais ses efforts pour sauver sa famille ne sont pas sans conséquences sur l’avenir, et Barry se retrouve pris au piège d’une réalité où le général Zod est de retour, menaçant d’anéantir la planète, et où les super-héros ont disparu. À moins que Barry ne réussisse à tirer de sa retraite un Batman bien changé et à venir en aide à un Kryptonien incarcéré, qui n’est pas forcément celui qu’il recherche. Barry s’engage alors dans une terrible course contre la montre pour protéger le monde dans lequel il est et retrouver le futur qu’il connaît. Mais son sacrifice ultime suffira-t-il à sauver l’univers ?




Critique :


Si l'on pourra tirer les leçons que l'on veut de la différence du traitement médiatique entre les affaires de Jonathan Majors et Ezra Miller (quoiqu'on en dise, Marvel a au moins eu la décence de mettre le frein à main sur la mise en avant médiatique du premier, sur qui est bâti les Phases 5 et 6 de son univers partagé, là où le tandem Warner/DC a laissé le second se présenter à la première du film, tout en orchestrant une timide certes mais bien réelle, entreprise de réhabilitation, au point que l'idée de le conserver dans le nouveau DCU est toujours d'actualité), il y a tout de même quelque chose de doucement ironique à l'idée de voir une production centrée sur l'homme le plus rapide de tout un univers - Flash/Barry Allen -, pouvant se déplacer à une vitesse démesurée (en bousculant autant le temps que la physique), arriver avec autant de retard dans les salles obscures.

C'est tout le drame et, à la fois, ce qu'il y a de profondément fascinant derrière l'ovni The Flash d'Andy Muschietti, première moitié de l'éloge funèbre (la seconde sera Aquaman and The Lost Kingdom, en salles cet hiver) d'un Snyder-verse qui n'aura pas résisté autant aux choix douteux de Warner Bros. Discovery qu'à l'arrivée du tandem Gunn/Safran à la barre d'un énième renouveau, espéré comme le dernier.

Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Initialement prévu pour une sortie en 2016, selon les plans initié en 2014 par un Worlds of DC/DCEU finalement trop bancal et ambitieux pour son bien, la peloche arrive donc en salles presque une décennie plus tard, chant du cygne d'un univers partagé châtié qui s'apprête à redémarrer sans (où peut-être avec, on ne sait plus) lui, un effort à la fois profondément désordonné et étrange, totalement écrasé aussi bien par un cahier des charges difforme et désormais caduque, que par des réécritures/réajustements l'ayant gangrené jusqu'à la racine.
Le symbole à la fois assumé et involontaire de tous les films manqués d'un univers qui n'a jamais vraiment fonctionné mais qui recèle pourtant en lui, car tout est une question de paradoxe avec The Flash - pas uniquement temporel -, quelques (maigres) jolies choses.

Bien qu'il n'ait définitivement pas la clarté d'un Avengers Endgame (oui, complimenter son scénario est vraiment un signe de la fin des temps du genre super-héroïque), et encore moins d'un Across The Spider-Verse, dans sa juxtaposition alambiquée de plusieurs univers (il ose néanmoins plus que le fadasse Spider-Man : No Way Home), tentative maladroite d'adapter l'un des arcs les plus chouchoutés des fans du speeder (Flashpoint de Geoff Johns), le film de Muschietti peut se targuer d'avoir, à défaut d'être l'une des plus moches exposition multiverselle, une histoire qui maintient tout du long avec cohérence, le voyage émotionnel de son protagoniste, définitivement le plus attachant du Snyder-verse.

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Pas un petit exploit, compte-tenu du fait que son concurrent direct Marvel n'a été capable d'y parvenir qu'une seule fois en 9 films - Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3.
Plutôt bien rythmé même avec deux heures et demie au compteur, la narration établit très vite Barry Allen en tant que membre partiel de la Justice League, alors qu'il bosse dans le même temps en tant qu'analyste dans un laboratoire médico-légal de Central City, lancé à plein temps dans une entreprise personnel pour innocenter son paternel Henry, accusé du meurtre de sa femme, Nora.
Jusqu'ici, on navigue en mer connue, mais tout passe à la vitesse supérieure lorsque Barry réalise qu'il ne pourra pas innocenter/libérer son père, et il décide de courir suffisamment vite pour dépasser la vitesse de la lumière et voyager dans le temps, histoire de corriger les choses.

Monumentale erreur évidemment, comme l'avait averti Bruce Wayne, et le bonhomme modifie ainsi le temps et le monde dans lequel il gravitait jusqu'ici...
Pas si éloigné de ses efforts passés, eux aussi motivés par les angoisses et les traumatismes du passé (son diptyque Ça en tête), Muschietti insuffle cela dit un ton résolument cartoonesque à cette gravité latente, renforçant l'identité loufoque d'un long-métrage qui ne sait jamais vraiment sur quel pied danser, mais qui avance néanmoins avec l'assurance d'un mec bourré, titubant entre deux éclairs de lucidité improbable.

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Le reste de l'intrigue est très vite quasi-intégralement flanquée dans la nouvelle chronologie créée par Barry, où il s'associe à une version plus jeune et odieuse de lui-même issu du passé, dit univers où la décision de vouloir sauver sa mère s'est littéralement répercuté sur une réalité où les métahumains n'existent plus où presque.
Pas de bol, comme en 2013 dans Man of Steel, le général arrive et n'a personne pour l'arrêter, obligeant Barry a recréer artificiellement son origin story de super-héros avec son lui plus jeune et de faire équipe avec le seul super-héros connu dans cette chronologie : Batman, campé par un Michael Keaton qui, gros fan service oblige, fout les frissons (non, les fans du diptyque de Tim Burton ne sont pas difficile à contenter).

Et c'est exactement à partir de cette intrusion de Zod que The Flash cesse d'être un film The Flash et devient un proto-Justice League du pauvre (où même, plus simplement, à un calque d'un No Way Home qui brillait déjà par son inconsistance folle et son usage abject du fan service), un blockbuster cynique qui joue de la nostalgie flagrante qu'il titille sans trop forcer (KEATON !), aussi bien qu'il laisse son intrigue s'emballer dans un enchaînement sauvage de méta-commentaires, d'action illisible et de SFX poliment honteux - climax visuellement immonde à la clé.

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Une odyssée apocalyptico-multiverselle aux enjeux faméliques (quand ils ne sont pas expédiés à l'emporte-pièce) où l'arc émotionnel de résilience/acceptation de Barry n'est pas tant le cœur de l'histoire qu'une de ses sous-intrigues parallèles, pliée par sa volonté d'incarner à la fois le pont fissuré entre deux univers : le présent et le nouveau passé de Barry, le DCEU et le DCU.

Une volonté totalement ubuesque puisqu'il est acté que le film ne permettra pas à Michael Keaton de s'intégrer dans le paysage moderne du DCU (même en n'étant pas canon), ne devrait pas incarner la première monture d'une hypothétique trilogie (il doit récolter, en gros, au moins autant que The Batman - 770M$ au B.O. mondial - pour espérer changer la donne), et ne permettra pas au Snyder-verse de renaître de ces cendres, ne redorera pas le blason d'un héros entaché par les frasques de son interprète vedette.
Et pourtant, dans ce marasme numérico-chaotique qui lorgne vers la fan fiction (avec son canevas informatisé de visages et de personnages familiers, qui ne sont finalement que des ressemblances de prestations que l'on a chérit avec le temps), quelques bribes gratifiantes explosent face caméra, comme un Michael Keaton qui s'éclate en reprenant son mythique costume du Bat (même si les scénaristes ne semblent jamais vraiment trop quoi faire de lui), où une Sasha Calle magnifiquement animée par la rage (même si, là encore, l'écriture frustrante la laisse beaucoup trop de côté).

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C'est maigre, rachitique même, et ce n'est pas sa générosité à la limite absurde où même sa mélancolie résolument sincère qui vont faire pencher la balance d'une œuvre qui, avec plus de verve et d'imagination, aurait pu être un film de super-héros brillant comme DC en compte définitivement trop peu ses dernières années - le MCU aussi.

Pas pire qu'un Shazam ! La rage des Dieux qui sautait dans le vide du haut de l'Empire State Building dès son premier quart-d'heure, et sans doute moins loufoque et plus défendable qu'un Aquaman 2 dont la hype est au-delà du point mort, The Flash est un OFNI à la hauteur de sa production folle : une chute vers l'avant, sans parachute, qui n'assume jamais de se rapprocher lentement mais sûrement du bitume.
L'important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage, et sept ans pour retomber correctement sur sa pellicule c'est long, trop long...


Jonathan Chevrier